Algérie

Bouberrek



Depuis hier, c'est l'arrivée sans fanfares de Bouberrek, ce démon de la nuit qui paralyse les os et torture l'esprit. Le Ramadhan de cette année a un allié de taille, le torride soleil d'été et de début d'automne qui rend insupportable le moindre effort physique ou intellectuel. Seuls ceux qui ont la capacité d'aller vers le sens profond de ce mois sacré supporteront le calvaire. Mais combien d'Algériens ont cette vertu, par foi ou par discipline culturelle ' Au vu du pillage en règle des marchés de biens de consommation, ces derniers jours, on se rend compte que les Algériens ne sont pas de grands adeptes de l'ascétisme. Ils n'aiment pas les concessions aux plaisirs du corps, plus précisément de l'appareil digestif. Banalisé à longueur d'année, celui-ci prend une tout autre dimension durant la période de jeûne. Le ventre est l'objet de toutes les attentions, quitte à l'exposer à divers maux, souvent graves et qu'il vide les portefeuilles en un temps record. La devise est le Ramadhan par le ventre et pour le ventre. Et tout l'environnement s'y met : l'Etat qui puise dans ses stocks, distribue des couffins et ouvre des restaurants, les importateurs de biens alimentaires qui mettent les bouchées doubles, les médias qui rivalisent en idées culinaires.Tétanisée par Bouberrek, organisée autour de la bouffe, la société s'oublie, met entre parenthèses le travail, le labeur, le rendement. C'est à peine si on daigne leur consacrer une petite poignée d'heures. La politique suit le mouvement et donne (le mauvais) exemple. De nouveau, la tradition du thé et des gâteaux à la présidence, ces « auditions » de ministres sur lesquelles rien ne filtre si ce n'est un assommant communiqué lu durant une demi-heure au JT de 20h. Le degré zéro de la communication après la confection désastreuse de la loi de finances complémentaire et la programmation chaotique du week-end semi-universel. De quoi sera fait le lendemain : la rentrée sociale, le pouvoir d'achat, le chômage, les harraga, le terrorisme ' Nul ne sait. Toujours assommé par la présidentielle d'avril et son score nord-coréen, le pouvoir scrute avec satisfaction l'évolution des prix du pétrole. Au fait qui a parlé de crise économique dans le pays '


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