Algérie

Boualem Djouhri, un imam' progressiste !



Dans son premier livre, consacré au combat identitaire, l'imam Djouhri avait mis en exergue l'apport des grands poètes kabyles dans le processus de réhabilitation et de promotion de la culture amazighe, citant, au passage, Si Mohand ou M'hand, Slimane Azem, Idir et Lounis Aït Menguellet.Très attaché à son identité amazighe, Boualem Djouhri, docteur en théologie et directeur des affaires religieuses de la wilaya de Béjaïa, vient de se distinguer par son geste émouvant qui consiste à rendre hommage au défunt chanteur kabyle Idir, en fredonnant sa chanson, intitulée Amimi, à travers une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux.
Si la majorité des internautes ayant commenté cette vidéo, ont fortement salué l'initiative de cet imam béjaoui, certaines mauvaises langues n'ont pas hésité à verser dans l'insulte et l'invective, allant jusqu'à demander son limogeage de son poste de directeur des affaires religieuses, en l'accusant d'avoir "interprété une chanson d'un artiste athée". Bien qu'il soit choqué par de tels propos jugés diffamatoires, cet éminent théologien, connu pour ses discours sur la tolérance religieuse et la paix, ne semble guère prêt à renoncer à ses convictions. "Je suis sous le choc.
Je ne m'attendais pas à cette polémique sur les réseaux sociaux. Car, je n'ai fait qu'exprimer ma tristesse et ma consternation suite à la disparition de notre grand artiste, Idir (que Dieu ait son âme). C'est notre idole depuis notre jeune âge. Il avait bercé notre génération et accompagné notre vie familiale des années durant", nous a déclaré, hier, M. Djouhri. Avant d'ajouter : "Je très fier de mon Algérianité, de ma religion, mais aussi de mes origines berbères.
Personne ne peut me dénier mes droits identitaires." Très porté sur la poésie et la culture amazighe dès son jeune âge, ce docteur en sciences islamiques compte plusieurs ouvrages à son actif. En plus de ses recherches dans le domaine théologique, il consacre une partie de son temps à lecture et à l'écriture sur l'histoire des Berbères. Et afin de contribuer à la promotion de sa langue et à la sauvegarde du patrimoine culturel d'expression amazighe, cet enseignant universitaire s'est investi dans l'écriture et la production littéraire.
Ainsi, en 1999, il a signé son premier livre intitulé Pour la défense de la cause amazighe, qui devait être publié en 1996. Tikli n'ucbih n'ennabi (le parcours du prophète Mohamed) est le titre de son deuxième ouvrage, édité en 2012. Il se décline en un poème de plus de deux mille vers en kabyle, dédié au parcours du messager du Dieu, Mohamed (QSSSL). Sept ans plus tard, soit en 2019, M. Djouhri publie un recueil de contes berbères (Timucuha) en deux tomes.
Dans son premier livre, consacré au combat identitaire, l'imam Djouhri avait mis en exergue l'apport des grands poètes kabyles dans le processus de réhabilitation et de promotion de la culture amazighe, citant, au passage, Si Mohand ou M'hand, Slimane Azem, Idir et Lounis Aït Menguellet. Ce sont des noms qui ont marqué sa jeunesse et influencé son esprit, lui qui était un fervent militant de la cause amazighe. Prônant un Islam tolérant et ouvert sur l'universalité, le Dr Djouhri considère que l'art et la culture font partie des choses sacrées dans la vie humaine.
Pour lui, la création artistique, tels que la poésie, la musique, le dessin?, ne peut être qu'une source d'épanouissement pour l'être humain. Se référant aux versets coraniques, il persiste et signe que "l'Islam n'a maudit que les poètes mécréants et vulgaires". Selon lui, le Créateur ne saurait être contre la beauté, l'art et le bien-être de l'humain. Lors de notre entretien, M. Djouhri a tenu à nous faire part de la vénération qu'il voue au poète Lounis Aït Menguellet, qu'il qualifie de "sage".
"En interrogeant une fois Lounis Aït Menguellet, sur l'art et la religion, ce dernier m'a fait savoir que Dieu ne peut être contre ce qu'il a créé lui-même. J'ai beaucoup admiré sa réponse qui n'a fait que renforcer davantage mes convictions et mes idées", nous confie-t-il.
Notons que parallèlement à ses fonctions de directeur exécutif, le Dr Djouhri anime des émissions et des tables rondes sur les plateaux télévisés, notamment sur Canal Algérie (en français), TV4 et Radio Soummam (en tamazight), autour de différents thèmes liés à la vie religieuse et à la confession musulmane. Après avoir officié comme imam dans sa ville natale de Béjaïa, il a été promu directeur des affaires religieuses de la wilaya de Boumerdès, avant d'être muté dans la cité des Hammadites.
Réputé pour ses prêches en faveur de la tolérance religieuse et la paix, M. Djouhri avait participé au colloque organisé en janvier 2018 au Canada, à l'occasion de la commémoration de l'attentat meurtrier, perpétré le 27 janvier 2017 contre la Grande Mosquée de Québec. Intervenant devant un parterre de spécialistes en théologie, l'imam béjaoui s'est distingué par sa brillante prestation sur la thématique "Vivre ensemble avec nos différences".
Il terminera son intervention par cet extrait du Coran : "Être tolérant envers l'autre. Rendre le mal par le bien, même dans les moments les plus difficiles."


K. O.


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