La ville de Bou Saâda vient de s'enrichir d'une nouvelle association dénommée Sidi Thamer, pour la protection et la valorisation de la médina de Bou Saâda.Attristée par la disparition progressive de la vieille cité, une femme universitaire et écrivaine, native de la ville ? elle a préféré garder l'anonymat ? a rêvé avec d'autres habitants attachés à son histoire de lui rendre un peu de son lustre d'antan. Vice-présidente de l'association, elle nous a fait part de son souhait d'?uvrer à la préservation de la mémoire de cette ville chère à Etienne Dinet et à des dizaines de peintres et écrivains.Dénommée la cité du bonheur du temps où un personnage haut en couleur qui se faisant appeler le duc de Bou Saâda vendait au Negresco la rose de Damas et la violette cultivées dans la ville. «Je ne suis pas née au ksar, mais enfant, il m'arrivait d'y aller. J'en revenais fascinée. Dans mes souvenirs subsistent les senteurs des abricotiers et grenadiers en fleurs, l'élégance des centaines de palmiers bordant l'oued, ces maisons en toub blotties les unes contre les autres. Dans mon imagination d'enfant, j'y voyais une vie pleine de convivialité et de solidarité. D'où l'envie de restaurer les quelques maisons qui demeurent encore debout», nous confie notre illustre invitée.Le choix du nom de l'association n'est pas fortuit. Sidi Thamer est l'un des saints fondateurs de la ville avec Sidi Sleiman Ben Rabéa et Sidi Dhim. Le mausolée qui porte son nom, construit en toub il y a cinq siècles, est toujours debout. «L'agrément nous sera délivré incessamment. Ce sera l'occasion pour raconter aux jeunes de la ville l'histoire de leurs ancêtres. Eux qui voient les vieux quartiers comme des lieux de pauvreté et d'arriération», explique-t-elle. Les anciennes constructions de Bou Saâda donnent une leçon d'architecture du bien-loger et du bien-vivre ensemble.Même l'architecte Fernand Pouillon s'est inspiré de cet art de bâtir qui allie esthétique et fonctionnalité. Notre interlocutrice dit avoir déjà acquis un moulin à grains dont elle a offert une partie à l'association pour en faire son siège. «L'autre partie sera aménagée éventuellement en une galerie d'arts et un musée des arts populaires. Je cherche un professionnel pour remettre le moulin en marche et réparer la roue à eau. L'objectif est de revenir à l'état originel des lieux».Le moulin en question est le seul sur les six qui est resté debout. «Mon père était propriétaire de l'un d'eux et je garde encore le souvenir des chameaux qui déchargeaient chez lui des sacs de blé juste après les moissons et de l'odeur de la semoule. À la fin des années 1950, les moulins ont cessé leur activité avec l'apparition de la farine industrielle et du pain du boulanger», se souvient-elle avec nostalgie.Le deuxième objectif est de sensibiliser la population aux objectifs du développement durable et de la protection du patrimoine. Cela nécessitera la mobilisation des acheteurs potentiels, privés ou publics, à acquérir les maisons mises en vente afin de les restaurer. L'association peut aider à transformer certaines d'entre elles en cafés ou restaurants traditionnels, d'autres en maisons de jeunes ou espaces pour les expositions sur les architectures de terre et l'histoire de la ville, en centre de formation à l'artisanat, etc. Ceci permettra de créer de l'emploi dans une ville touchée très fortement par le chômage.Le principal obstacle reste bien sûr le financement du fonctionnement et de l'équipement de l'association. Les autorités locales, le ministère de la Culture sont sollicités, bien évidemment. L'Union européenne a, dans un premier temps, accepté un financement de l'association, mais s'est rétractée récemment. L'association pense aussi faire appel aux mécènes et autres sponsors amoureux de la ville pour apporter leur contribution à la réussite de l'aventure et participer ainsi à cette belle ?uvre.
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Posté Le : 13/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Souad Khodja
Source : www.elwatan.com