Algérie

Bou Ismaïl. Quartier populaire de Balili : La bonne action des citoyens



La réputation du quartier populaire de Balili (Bou Ismail) n'était pas bonne, en raison de l'absence de prise en charge des familles, de surcroît de la jeunesse, dans des domaines qui devaient épanouir les populations du quartier qui vivent dans les difficultés sociales. Des dizaines de bâtiments ont vu le jour. Certains «bâtons» avaient été construits à la lisière d'une énorme décharge publique.
Les odeurs nauséabondes dégagées par cette décharge publique illicite sont à l'origine des maladies chez des habitants de ce quartier, notamment les enfants. Les bâtiments du quartier Balili sont situés en amont de la localité côtière de Bou Ismail. Inutile d'évoquer le riche passé cette ville qui se trouve à mi-chemin entre Alger et Cherchell.
La prolifération des «blocs de béton habitables» et l'installation désordonnée des industries polluantes dans les années 1990, dans la précipitation, ont défiguré l'urbanisme de l'ex-Castiglione. Depuis 2004, les habitants d'une partie des bâtiments s'attellent à métamorphoser l'environnement de cette cité. Une sûreté urbaine est visible à une dizaine de mètres de ces bâtiments. Pour se rendre à Bou Ismail depuis Khemisti ville, nous empruntons une route bitumée, réalisée au milieu de cette décharge publique sauvage. Celle-ci n'est plus opérationnelle à présent.
Un noyau de citoyens, locataires dans trois bâtiments, a décidé de se prendre en charge. Les élus et fonctionnaires locaux ne se sentent pas concernés par la prise en charge des vitales préoccupations de leurs administrés. Une opération de nettoyage et de remise à niveau des lieux avait été engagée, selon un programme initié par Abderrezak et ses complices. Il fallait patienter, être animé d'une grande volonté pour entamer les travaux dans cette partie du quartier Balili. Les initiateurs de cette idée de dépollution étaient déterminés à aller jusqu'au bout de leur «rêve». Les familles ne pouvaient plus supporter la présence des délinquants au milieu de cet espace pollué, d'autant que durant la nuit, l'obscurité était une aubaine pour agresseurs. Un paradis des maux sociaux qui s'est transformé en un refuge pour de dangereux dés?uvrés.
La situation est devenue insupportable pour les dizaines de familles. Peu nombreux certes, le groupe d'habitants avait loué un engin pour débarrasser les espaces des gravats, des ordures, des amas de terre, des emballages de bouteilles, de la broussaille. La contribution financière progressive et la volonté de ce noyau de citoyens devenue grandissante au fil des mois ont porté leurs fruits. L'objectif de ces parents consistait à transformer une ancienne décharge en un jardin pour accueillir leurs enfants.
La cité baptisée au nom de Metmati Mohamed a un autre visage, où il fait bon vivre. Naturellement, les travaux sont engagés en fonction des moyens financiers et le temps consacré par les citoyens. Les familles des trois bâtiments soutiennent les initiatives de leurs hommes volontaires. Lors de notre détour dans ce quartier, nous avons surpris le comédien Djamel Baghdadi (inspecteur Tahar) et son voisin Abdelkader Medjdoub (apprenti à l'occasion), sous un soleil de plomb, en train de peindre les trottoirs de leur cité. Il fallait immortaliser cet instant.

Nous avons sollicité notre APC pour nous envoyer un engin dans notre quartier, déclare un membre du groupe, nous attendons toujours », nous dit-il. Après la réalisation de la clôture, il y a eu la plantation des arbres, l'aménagement de l'espace, le nettoyage, la peinture des trottoirs, des tâches qui demeurent au menu de l'emploi du temps de ces volontaires durant la saison estivale.
Avant la rentrée scolaire, ils ont prévu le nettoyage, la peinture à l'extérieur de l'école primaire. «Nous voulons que nos enfants constateront cette propreté de leur école avant qu'ils ne pénètrent à l'intérieur, déclare Abderrezak, ils nous ont vu travailler dans le quartier durant l'été, c'est une éducation civique que nous voulons inculquer à nos enfants, ils apprennent à nettoyer, arroser les arbres et à se rencontrer dans un endroit propre, c'est simple n'est-ce-pas», conclut notre interlocuteur.
La discipline est respectée au sein de ces chefs de famille. Rencontré sur les lieux, un directeur d'école à la retraite nous indique : «Je connais très bien ce quartier qui était infréquentable et inaccessible. Il était sobre, dangereux. La mise à niveau de cet espace et le fait que les habitants participent à ces actions de volontariat, en prenant en charge l'éclairage de leur quartier, cela a crée de la convivialité d'une part, d'autre part, les habitants des autres bâtiments se sont mis au travail, en imitant ces volontaires et enfin, la propreté des espaces aura permis aux familles de se promener le long des axes routiers autour des bâtiments en toute tranquillité.
Elles se rencontrent et échangent leurs idées, notamment le soir, dans la fraîcheur. Voyez-vous, ces petites actions menées par quelques citoyens viennent de transformer totalement le visage de ce quartier, autrefois un refuge de dangereux délinquants», conclut Si Mustapha. Avant de quitter le quartier de Balili, l'artiste et le patron du trio Besma, Djamel Baghdadi, avoue qu'il échappe à l'oisiveté, en travaillant dans son quartier avec «son apprenti»
Abdelkader, en ces moments de crise sanitaire. «Je suis au chômage, je compte me rendre dans la wilaya de Tizi Ouzou pour présenter durant trois jours des spectacles aux enfants, car ils ont vécu des moments tristes, tragiques durant ce mois d'août, c'est une manière pour moi d'apporter mon soutien et ma solidarité avec les familles de cette wilaya ravagée par l'incendie, nous dit-il, je veux bien visiter un hôpital pour apporter un peu de joie aux enfants hospitalisés, en leur offrant à titre symbolique, des bonbons et des jouets ajoute-t-il. Je me prépare pour la rentrée scolaire, si les responsables me donneront leur accord, je sillonnerai les wilayas d'Alger, Blida et bien sûr Tipasa, en présentant des spectacles», conclut notre «Inspecteur».
Des moments agréables passés avec ce groupe de citoyens, réunis par les actions de volontariat au profit de la collectivité. Un bon exemple.



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