Le château d'El-Mokrani, au centre-ville de Bordj Bou-Arréridj, a été rouvert hier aux visiteurs à l'occasion de la célébration du mois du patrimoine après une opération de restauration qui aura duré près de dix (10) ans.
L'opération, qui a mobilisé 90 millions de dinars, a été exécutée dans «le respect du mode architectural caractéristique de ce monument», a assuré le directeur de la culture, Miloud Benhaniche. Important monument du patrimoine archéologique national, ce château représente un site touristique par excellence et un espace culturel appelé à accueillir notamment des expositions diverses, a estimé ce responsable. Edifié sur un rocher de quinze mètres de haut, le château surplombe toute la région, offrant une vue magnifique sur tous les villages environnants. A travers les âges, il a servi de poste de surveillance pour défendre les portes de la ville et, surtout, l'unique source d'eau appelée à l'époque Aïn Bordj ou Aïn Siraje. Cette source n'existe cependant plus depuis les années 1960, à l'époque où le site était entouré de jardins et de champs de cultures maraîchères. Même s'il est baptisé au nom du héros de la résistance de 1871, le château n'a pas été édifié par El-Hadj El-Mokrani. Il est signalé dans plusieurs livres consacrés à Bordj-Bou-Arréridj. Francine Dessaigne, une historienne française, relève qu'en octobre 1839, «le duc d'Orléans, avec l'armée du général Valée, décide de bivouaquer au lieudit Aïn Bou Arroudj, protégé par un Fort». Pendant la présence ottomane, le château assurait la sécurité des caravanes commerciales sujettes à de nombreuses attaques. Utilisé par l'armée française comme caserne militaire durant plus d'un siècle, il a été cédé par l'ANP en 1967 à la commune de Bordj Bou-Arréridj. Depuis 1993, il est mis à la disposition de l'Agence nationale d'archéologie qui devait le transformer en musée à la mémoire de l'une des plus belles épopées de la résistance du peuple algérien et en bibliothèque pour toute la wilaya. Ce Fort a subi d'importantes dégradations sous le poids du temps et de la nature ayant nécessité des travaux de réhabilitation, a-t-on relevé. Laissé à l'abandon, le château d'El- Mokrani est devenu le jalon des rats et des pigeons et aucune administration n'a voulu le restaurer ou même veiller sur lui. El-Hadj Mohamed El-Mokrani, fils de Ahmed El Mokrani, est né en 1818 à El- Kelaâ des Ath Abbas. Il a succédé à son père, mort en 1853, en tant que Bachagha, et en démissionna le 16 mars 1871, pour proclamer la guerre sainte contre l'occupant français. Il forma une armée de 3 000 soldats et, le 16 mars 1871, son frère Boumezrag lança une attaque sur le camp des étrangers (armée française), en campement chez les Ouled Boukhris. Le 8 avril 1871, cheikh Aheddad de Seddouk proclame le djihad aux côtés d'El- Mokrani. Le 4 mai 1871, à la tête d'une armée de plus de 10 000 hommes, cheikh El- Mokrani mène la bataille de Oued Souflate, près de Aïn Bessam (Bouira). Le lendemain, soit le 5 mai 1871, El- Mokrani meurt, tué d'une balle, qui lui transperça le front, alors qu'il faisait sa prière. Transporté vers El-Kelaâ, il rend l'âme en cours de route. Il repose à la mosquée Sidi Ahmed Amokrane d'El-Kelaâ.
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Posté Le : 30/11/2018
Posté par : patrimoinealgerie
Source : APS Publié dans Info Soir le 20 - 04 - 2016