Algérie

Bosnie, Le laborieux chemin vers la réconciliation



En tout cas, un territoire qui n'a absolument rien à  voir avec celui que l'on connaît depuis 1995 avec ses frontières antérieures. Entre les deux dates, cette jeune république issue du morcellement de l'ancienne Fédération yougoslave, a connu une guerre civile. Le monde n'aura pas seulement relevé les atrocités commises durant ces années de feu, mais découvert ce que des concepts comme épuration ethnique signifiaient. Ou encore ce qu'ils pouvaient révéler d'enfoui chez l'homme. Et dire que cela s'est passé en plein XXe siècle en Europe qui célébrait justement la fin des guerres sur son territoire. Enfin, c'est ce qu'elle croyait. L'Acte célébrant la naissance de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 1991 à  Berlin, a dû àªtre abrégé pour permettre aux diplomaties européenne et américaine d'aller voir ce qui se passait dans les Balkans où la Slovénie, la Croatie et la Bosnie venaient de proclamer leur indépendance. Sans heurt pour la première, mais dans le feu et le sang surtout pour la troisième. Un déferlement de haine et de surenchère nationaliste. Il a fallu toute la puissance de la diplomatie américaine pour faire taire les armes. Mais les accords de Dayton conclus en décembre 1995 n'ont pu reconstituer la mosaïque bosniaque. Depuis cette date, les trois communautés (serbe, musulmane et croate) vivent séparément et parfois même en opposition au sein de deux entités distinctes, comme le révèlent les différentes élections qui ont la particularité de reproduire le statu quo, même si les forces modérées ont gagné du terrain chez les musulmans. Insuffisant, car les Serbes ont, quant à  eux, confirmé leur préférence pour leur dirigeant Milorad Dodik, hostile à  tout renforcement de l'Etat central bosnien. Bakir Izetbegovic fils du premier président de Bosnie, qui a plaidé pendant la campagne électorale en faveur du dialogue avec les Serbes de Bosnie, en tête des suffrages, pour devenir le membre musulman de la présidence collégiale du pays. Il a été largement préféré à  Haris Silajdzic, qui dominait la vie politique de la communauté musulmane de Bosnie depuis le conflit, et connu pour ses positions très fermes à  l'égard des Serbes de Bosnie, contestant fortement l'autonomie de leur entité, la Republika  Srpska. Autre signe de la progression des positions modérées chez les musulmans, le Parti social démocrate (SDP), la seule grande formation se voulant multi-ethnique dans le pays, est arrivée en tête pour le Parlement central de Bosnie dans la plupart des circonscriptions de la Fédération croato-musulmane. Mais chez les Serbes de Bosnie, le message des électeurs est tout autre Cette position de défiance se retrouve à  travers l'ensemble des institutions centrales, jusque et y compris la présidence collégiale de Bosnie.  Bakir Izetbegovic «a promis une politique modérée, ce qui pourrait apaiser la situation au sein de la présidence collégiale» de Bosnie, du moins le souhaite-t-il puisque cela paraît au moins difficile sinon impossible à  réaliser. Pourtant, relève un analyste, «une radicalisation de la situation n'arrange personne». Une guerre froide, en quelque sorte.                     


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