Devenu premier ministre britannique, le 12 décembre, grâce à des électeurs de milieux populaires pro-Brexit, Boris Johnson avait tout intérêt à renoncer au Forum de Davos, symbole des élites mondiales, analyse notre journaliste Jean-Michel Bezat.
S'afficher au Forum économique mondial de Davos (Suisse) est profitable ou déconseillé, tout dépend dans quel contexte s'inscrit votre voyage dans la station des Grisons. A peine nommé premier ministre après sa victoire aux élections britanniques du 12 décembre, Boris Johnson a compris le risque politique de s'y produire avec le gratin de la finance internationale. Il a décliné l'invitation de son grand ordonnateur, Klaus Schwab, et interdit à ses ministres de participer à sa 50e édition, qui se tiendra du 21 au 24 janvier 2020.
" Les électeurs ont changé ce gouvernement et notre parti pour le mieux. Nous devons maintenant les rembourser de leur confiance en travaillant d'arrache-pied pour changer notre pays pour le mieux ", a-t-il dit, mardi, à ses ministres, estimant qu'une partie de ceux qui ont voté pour les Tories, comme les ouvriers des Midlands ou du Nord de l'Angleterre, n'ont fait que lui " prêter " leur voix. L'attention portée au service national de santé, auquel il a promis les bienfaits du Brexit, est plus importante que " le champagne avec les milliardaires ", a-t-il tranché.
En vue de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, prévue le 31 janvier 2020, il lui était difficile d'intervenir à Davos. Aux yeux des peuples, le Forum reste un symbole de l'endogamie des élites politiques et économiques mondiales. Le président français, Emmanuel Macron, l'avait lui-même séché en pleine crise des " gilets jaunes ". M. Schwab doit être fort marri de servir de repoussoir, lui qui s'échine à montrer que ce sommet alpestre n'a qu'un but : " bâtir un monde meilleur ".
Contrainte des " 100 jours "
N'est-il pas, depuis des lustres, l'avocat de la réduction des écarts de richesses, de l'égalité hommes-femmes, de la lutte contre le réchauffement climatique, de la responsabilité sociale des entreprises ' Le Forum n'est-il pas une tribune mondiale où l'on peut défendre de justes causes, comme l'initiative lancée par Jacques Chirac, en 2005, en faveur d'une taxe sur les transactions financières destinée à éradiquer le sida ' Il fut un temps où M. Johnson en avait une autre vision. " Vous n'avez qu'à lancer une boule de neige dans un cocktail à Davos et vous touchez quelqu'un d'un fonds souverain prêt à financer une infrastructure ", lâchait-il dans le Daily Telegraph en 2013. Il était alors maire de Londres et cherchait à développer la capitale britannique. L'homme, qui n'a pas changé d'opinion, est désormais face à la contrainte des " 100 jours ", durant lesquels il doit relancer une économie à la peine. Davos attendra.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 23/12/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Maghreb
Source : www.lemaghrebdz.com