Algérie

Borhane Ali-Tatar



Borhane Ali-Tatar
A 10 ans, l'élève de Annaba est lauréat d'un concours international de dictée au Canada. Les 80 écoliers participants viennent d'Algérie, du Canada, des Etats-Unis, du Maroc et du Sénégal.Aéroport Houari Boumédiène. La nuit du mardi 23 au mercredi 24 mai. Il est 00h15. Amine Borhane Ali-Tatar vient d'arriver dans l'avion en provenance de Francfort, avant-dernière escale d'un long voyage nocturne entre Montréal et Alger qui se prolongera par route jusqu'à Annaba, sa ville natale. Il ne revenait pas les mains vides.Dans ses valises, une médaille d'argent remportée haut la main lors d'une compétition internationale de dictée organisée par la fondation canadienne Paul Gérin-Lajoie (PGL, voir encadré). Du haut de ses 10 ans, Borhane, c'est ainsi que son père Moncef nous corrige le prénom, a décroché cette distinction dans la catégorie «français langue seconde». A son arrivée à Alger, drapeau algérien à la main, il n'y avait que papa et maman pour l'accueillir.A l'aéroport, l'attention était plutôt portée sur une jeune équipe de football qui venait elle aussi d'arriver accompagnée du nouveau président de la Fédération algérienne de football, Kheireddine Zetchi ! L'élève de 5e année primaire de l'école publique Salah Bezri, du quartier Beauséjour de Annaba, ne s'est pas retrouvé à Montréal par hasard.Enfant précoce, «Borhane comptait jusqu'à 20 avant l'âge de deux ans !», nous révèle au téléphone son père, conseiller en sport et entraîneur de tennis, à partir d'Alger où il attendait, avec son épouse Salima, cadre dans une banque, l'arrivée de leur fils. Elève brillant, il a toujours été dans le trio de tête de sa classe. Ce qui lui a permis de se qualifier pour l'épreuve finale de la dictée internationale et représenter l'Algérie. «C'est la troisième participation de l'Algérie à ce concours», nous informe Karima Sayah, directrice de l'école Al Awael de Annaba qui organise les épreuves de sélection en Algérie.Lynda Kacimi, directrice pédagogique du projet PGL en Algérie et enseignante de français, nous explique que Borhane a été sélectionné parmi «900 participants de la wilaya de Annaba, y compris ses 10 communes et 5 écoles du Sud algérien (Oued Souf et Ouargla)». «La finale nationale s'est déroulée à l'hôtel Sabri au mois d'avril dernier. Le texte nous a été communiqué par la fondation. La correction s'est déroulée dans la transparence (des représentants de l'éducation et des inspecteurs) et dans l'anonymat», poursuit celle qui a accompagné le jeune représentant de l'Algérie à Montréal.De la mythologie grecque à Harry PotterL'intérêt de Borhane pour la lecture s'est manifesté dès son jeune âge. «Il pouvait reconnaître des mots dans les livres et sur le journal», se remémore son père qui a posté sur les réseaux sociaux quelques vidéos du jeune lauréat, où on le voit, encore bébé, compter jusqu'à 20 et reconnaître les formes géométriques. Avec ses deux grand-mères et son grand-père paternel, d'anciens enseignants de français, on peut dire que dans le cas de Borhane, le fruit n'est pas tombé loin de l'arbre !«Maintenant, la lecture est devenue un gros budget. Il les dévore en deux trois jours maximum», nous explique son père qui réside avec sa petite famille, qui compte aussi un autre garçon de 6 ans, dans le quartier les Allemands de la Coquette. Des livres payés rubis sur l'ongle en l'absence d'un réseau performant de bibliothèque à Annaba et partout en Algérie. «A quatre ans, il connaissait la mythologie grecque grâce aux livres», affirme son père.Récemment, il s'est attaqué à la série Harry Potter. «Il dévore un tome en deux trois jours maximum. Dès qu'il en termine un, il demande l'autre. Et s'il n'est pas disponible, il recommence le même livre plusieurs fois», informe le père. Le iPad, cadeau d'encouragement du consulat d'Algérie à Montréal, qui a pris en charge une partie du séjour, servira certainement à autre chose qu'à la lecture sur tablette.Borhane aime l'odeur du papier ! Le père explique qu'il n'y a aucune pression sur son fils, il le laisse évoluer à son rythme. Et pour décompresser, il joue au tennis. Son passe-temps favori reste les discussions avec son grand-père sur la grammaire et les jeux de charade. Le séjour d'une semaine à Montréal a permis au jeune Borhane de visiter la grande bibliothèque de la ville. Une expérience qui l'a marqué, selon son père.Ce dernier ainsi que sa femme sont restés en contact continu avec leur fils. Ils ont ameuté tous leurs contacts à Montréal pour qu'ils rendent son séjour le plus agréable possible. On ne laisse pas partir son enfant sans vivre une montagne russe d'émotions ! Sur facebook, ils ont publié un message à tous leurs amis à Montréal, principalement d'anciens tennismen algériens, leur demandant d'assister à la dictée pour encourager leur fils : «Vous n'avez pas le choix, et comme tout Algérien qui se respecte, vous devez vous munir du drapeau.Et si vous voyez que ça ne se passe pas bien pour le représentant d'Algérie, il ne faut pas déroger à la règle : un bon envahissement de terrain est demandé !» lit-on dans leur message. Le jour de son arrivée en Algérie, Borhane devait affronter une autre épreuve. A 8h30, il devait être à Annaba pour passer son examen de 5e année primaire ! En l'absence de vol sur Annaba, le père et la mère ont dû se relayer au volant de leur voiture toute la nuit.«Nous avons ramené avec nous des coussins et un drap pour qu'il puisse dormir», nous dit le père. Arrivé à 7h30, douche, petit-déjeuner et à l'attaque ! A 8h30 il est déjà en plein examen (arabe, français et mathématiques). Des études de texte sur Les petites herbes (arabe) et Le menuisier (français). Les parents avaient plus peur de la dictée que de l'examen de 5e année. Borhane, apparemment n'a eu peur ni de l'une ni de l'autre !


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