Les Vieux Ténésiens, ont eu connaissance de l’histoire, qu’on raconte à propos des reines, ou ce qui subsiste du château construit au début de la fondation de cette coté. Du reste, il n’y a plus que les habitants qui en parlent.
Ces ruines insignifiantes, leur situation, l’emplacement qu’elles occupent leur proportion par rapport aux habitations des environs interpellent tout nouvel arrivant. Ainsi que les passants. A la fin du dix neuvième (19 ème) siècle, et le début du vingtième (20 ème), beaucoup d’étrangers, archéologues, historiens et chercheurs se sont intéressés à ces ruines du château et des murs fortifiés, remparts de la cité médiévale.
Leur attention s’est portée sur la vielle mosquée ; la porte du nord (Bab El Bahar) sans cacher leur admiration, on devinait que leur intérêt était motivé par la connaissance de l’histoire liée à la ville antique « Carthennae » et le Vieux Tenes, ce que beaucoup d’habitants méconnaissent.
Concernant toujours, l’époque de la fondation de « Carthennae » et le Vieux Tenes, d’après les écrits anciens, il s’avère que le nom de Tenes témoigne de la plus haute antiquité de son origine.
Il s’est conservé sans altération, à travers la longue chaîne des siècles ; depuis l’époque des Phéniciens et la présence des Carthaginois en Afrique jusqu’à nos jours. Le mot « Carthennae » que désignait cette cité à l’époque romaine n’est en effet que la transcription du vocable phénicien (Karta = ville) précédant le nom du lieu (Thennae) que l’on retrouve dans d’autres lieux fréquentés par les Phéniciens (Tunisie).
D’autre part, l’historien et le voyageur « Shaw » rapporte la légende qui concerne la lointaine origine de cette région :
« Au temps de Moise (Sidna Moussa) raconte-t-on ; les gens de Tenes étaient des sorciers renommés. « Le Pharaon » d’Egypte en aurait fait venir quelques uns parmi les plus habiles pour les opposer à un thaumaturge israélite (Sidna Moussa) qui battait les magiciens du bord du Nil ».
A l’époque de la seconde guerre punique, les Romains, maîtres de l’Italie ; dont le but était de chasser les Carthaginois et mettre un terme à leur suprématie en Mer Méditerranée, maîtres des îles (Sardaigne, Sicile et d’autres territoires) y compris une bonne partie de l’Italie du Sud.
Pendant ce temps-là, en Afrique du Nord, en plus de Carthage fondée depuis plusieurs siècles, en Tunisie, par les Phéniciens enfuis du Moyen Orient, le pays était dominé par deux puissants royaumes numides. Le premier « Massinissa » qui régnait à Cirta (Constantine) ami des Romains, le second « Syphax » allié des carthaginois, dont la capitale était Siga (Rachgoun dans la province d’Oran) allié des habitants de Ténès et le Dahra.
Syphax succomba avec Carthage, Massinissa recueillit son héritage avec l’accord de Rome.
Après la troisième guerre punique qui amena la destruction de Carthage, les armées romaines victorieuses, s’installèrent sur le sol d’Afrique (Tunisie).
Le Dahra et sa capitale Ténès furent abandonnés au roi « Bocchus » qui avait aidé les Romains à écraser « Jugurtha » roi numide. « Juba » successeur de Jugurtha fut battu et périt dans une guerre civile contre les Romains.
Ceux-ci, après la victoire, licencièrent ces armées immenses ; les soldats bénéficièrent des terres prises aux habitants vaincus.
« Pline », écrivain et historien romain nous apprend que la ville de « Carthennae » reçoit ainsi un détachement de soldats colons tirés de la deuxième légion romaine. C’est de ce moment, environ trente (30) ans avant l’ère chrétienne, que date son annexion comme ville et colonie romaine.
Les Maures (Berbères) habitant les monts du Dahra ne se tinrent pas pour vaincus, et à plusieurs reprises, durant la présence romaine, ils s’attaquèrent à la ville de Carthennae et à ses installations périphériques.
Ces incursions belliqueuses des habitants du Dahra furent attestées par les inscriptions sur le plus important monument, aux pieds d’une statue de bronze, en hommage au sauveur de la ville de Carthennae, qui a du courir un bien grand danger.
Ténès (Carthennae) dut par la suite, durant la présence romaine, repousser bien d’autres attaques et faire face à bien des révoltes jusqu’à la décadence de l’Empire Romain. L’isolement de Carthennae assura le triomphe des Maures la ruine de la colonie et sa reprise par les Maures. C’est vers l’époque (373) de l’ère chrétienne que le général romain « Théodose » fut envoyé en renfort de Rome pour reconquérir les territoires repris par les Maures et qu’il fut battu en traversant le Dahra.
Après son passage à Carthennae, il connut les plus mauvais moments de sa carrière militaire ; et de ce fait, d’après les citations de Pline, une des premières colonies arrachées par les Maures à la domination romaine
Après, arrive l’invasion de l’Afrique du Nord par les Vandales, avec à leur tête « Genséric » qui mit fin à la domination romaine. La présence vandale dura environ un siècle, et ils furent à leur tour dépossédés par les Byzantins, de l’empire romain du Moyen Orient, qui se fixèrent surtout en Tunisie.
« Tenes, une ville entourée de remparts, à deux mille de la mer. A l’intérieur de la place existe une colline escarpée dont le sommet est couronné par un petit château. Cet édifice est dans une position si forte que les agents du gouvernement (mourabitounes) se le sont appropriés comme résidence.
Ensuite, il dit : »Ténès renferme une mosquée (Djamée) et plusieurs bazars. La rivière appelée en ce moment « Tenatin » qui entoure la ville du coté Nord et de l’Est, vient des montagnes situées à une journée de distance vers le sud et se décharge dans la mer. On trouve à Ténès quelques bains ; cette ville s’appelle Ténès la neuve. Les habitants montrent sur le bord de la mer un plateau ou se trouve un château qu’ils disent être l’ancienne Ténès (au milieu des ruines de Carthenae) et qui selon eux fut habitée avant la construction de la ville actuelle. Celle-ci fut bâtie vers l’an 262 de l’Hégire (875 – 876 de l’ère chrétienne) par les marins de l’Andalousie au nombre desquels se trouvaient Elkerkeni, Abou Aicha, El Saccar et Soheib. El fut peuplée par deux colonies andalousiennes dont l’une venue d’El Bira (Elvira) et l’autre de Tadmir (Murcie). Les seigneurs de Ténès sont d’origine noble (Chorfa), leur ancêtre Brahim ayant eu pour père Mohamed, fils de Soleiman, fils de Abdallah, fils de Hassan fils de Ali (gendre du Prophète salla Allah aleihi oua sallam). Les marins dont nous venons de parler avaient l’habitude en quittant l’Espagne(en ce temps-là elle était sous le khalifat Omeyade de la famille Abderrahmane) pour aller passer l’hiver dans le port de Ténès.
A titre de renseignement : « Les annales de la ville de Fez font état d’une grande disette et une longue sécheresse qui désolèrent les pays de l’Andalousie et de l’Adoua de 253 à 265 de l’Hégire (867 - 878 JC).
En 260 (873) la disette générale dans tout le Maghreb, en Andalousie, en Afrique, en Egypte et dans le Hedjaz.
Dans l’Andalousie et le Maghreb il y eu en plus une forte peste qui fit ainsi que la famine un très grand nombre de victimes »
Les Berbères des environs étant venus se joindre à eux, ils les invitèrent à s’établir dans le château et à y tenir un marché, leur promettant de les soutenir de les favoriser et d’observer à leur égard les obligations de l’amitié et du bon voisinage.
Les Andalous acceptèrent la proposition et dressèrent leurs tentes dans l’enceinte de la forteresse (château Kalaa).
Bientôt, ils virent arriver chez eux beaucoup de monde et, dans le nombre tous leurs anciens amis de l’Andalousie.
A l’entrée du printemps, ils tombèrent tous malades et les andalous, jugeant la localité malsaine, remontèrent dans leurs navires sous le prétexte d’aller chercher des vivres pour le reste de la population.
Les habitants qui restèrent à Ténès virent leur nombre augmenter, leurs richesses s’accroitre et quelques temps après, ils accueillirent chez eux quatre cents familles de Souk Ibrahim (des environs de Chleff) habituées à vivre sous la tente, ils partagèrent avec elles leurs logements et leurs biens.
Tous s’entraidèrent alors dans les travaux de construction. Ils élevèrent à Ténès le château (son extension sans doute) que l’on y remarque encore et les remparts sur le pourtour de la cité.
Il ajoute, portant à notre connaissance l’existence de deux portes de la ville s’ouvrant sur la mer (Bab El Bahar) actuel et l’autre composée de Bab Ibn Nasseh et de Bab El Khoukha « la porte au guichet » (service de la réception des droits d’entrée et des impôts) qui sont orientées vers l’Est ou bien vers l’Orient (Bab El Kebla).
Quand on sort par la porte au guichet, on trouve Ain Abd Essalam, source abondante qui fournit de l’eau douce (il se pourrait que se soit l’emplacement de Ain Skhouna, située de l’autre coté de la rivière et qui n’était pas encore édifiée).
En outre, El Bekri ajoute des détails concernant diverses mesures utilisées en ce temps-là « pour la capacité on utilise Sahfa qui contient quarante huit cadous, le cadous étant l’équivalent de trois « madl » de la dimension autorisée par le Prophète (SAAS). Le « ratle » ou « livre » de viande représente soixante sept « Aoukia » et le « ratle »utilisé pour toutes les autres denrées équivalait à vingt deux Aoukia.
Leur « Kirat » (carat) pèse un tiers de « Dirham adl » « Drachme » légale poids de Cordoue. La monnaie frappée du coin (en relief) pour les poinçonnages divers,
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Posté Le : 15/04/2015
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : CONTRIBUTION DE Mr SEFTA Aek VIEUX TENES 2007 Avec l'aide de Deramchi Zine El Abidine El Hadj Mustapha pour la frappe et mise en ligne du texte
Source : www.tenes.org