Algérie

Bordj El-Bahri, Bordj El-Kiffan, Belouizdad et Ben Aknoun la veille du vote Les jeunes des quartiers populaires sceptiques



Bordj El-Bahri, Bordj El-Kiffan, Belouizdad et Ben Aknoun la veille du vote                                    Les jeunes des quartiers populaires sceptiques
Les vingt jours de campagne électorale n'ont pas changé l'avis du citoyen quant à l'élection d'aujourd'hui. Les résidents d'Alger rencontrés, hier, à Bordj El-Kiffan, Bordj El-Bahri, Belouizdad et Ben Aknoun, sont catégoriques : 'Nous n'allons pas voter", préviennent-ils. Omar, père de famille, résidant à Bordj El-Bahri, ne cache pas sa crainte de voir la municipalité 'perturbée" aujourd'hui. 'De graves dérapages ont été enregistrés durant la campagne", informe-t-il, avant de préciser que 'la concurrence entre les candidats en lice a dérapé de son contexte politique". 'Régionalisme, attaques personnelles, insultes et manipulation ont entaché la campagne", a ajouté Omar, qui a souligné que les habitants de cette commune 'veulent tous le départ du FLN".
D'ailleurs, poursuit-il, 'les quelques jeunes qui ont décidé de voter le feront juste pour sanctionner ce parti".
Au centre-ville de cette commune côtière, dans un café situé sur la grande rue, point de chute des candidats, dit-on, toutes les tables sont occupées. À gauche, un groupe de candidats du FLN et du MSP s'échangent des salamalecs, de l'autre côté, ceux du FFS et d'El-Islah feuillettent la presse. Quelques instants après, un candidat du RND fait irruption dans la salle du café et murmure à l'oreille d'un jeune proche du FFS. Soudain, le jeune quitte sa table, laissant son paquet de cigarettes et part à la poursuite d'un groupe de militants du FLN, surpris en train de distribuer des tracts du vieux parti. Questionné à son retour au café, il nous informe que 'le FLN est toujours en campagne". 'Ils n'ont pas le droit, la campagne est terminée depuis dimanche", s'est-il écrié, avant qu'un autre jeune, 'sans obédience partisane précise", n'enchaîne en accusant ceux qu'il appelle 'les partis du pouvoir" de faire dans la corruption et la manipulation. 'Ils sont rompus aux techniques de manipulation, de corruption et de fraude, ces partis du pouvoir."
À quelques pas du café, le groupe de militants du FLN continue 'sa besogne". Apostrophé sur la régularité de cette activité, Kaddour, militant du vieux parti, évoque plutôt 'l'arouchia" (le tribalisme), qui contrôle les élections en Algérie.
'Chacun vote pour son proche", a-t-il répondu, en ajoutant : 'L'arouchia domine notre vie quotidienne et nos positions politiques."
Les indécis
Djamel, marchand de légumes 'à la sauvette", n'a pas encore pris de décision. 'Je nage entre deux eaux", a-t-il répondu à notre question. 'Sincèrement, je ne suis pas sûr de me lever demain pour aller voter." Djamel préfère plutôt 'rendre visite à des amis à Dellys et rentrer le soir avec un chargement de pomme de terre". Même réaction chez Lamine, receveur de bus assurant la ligne Bordj El-Bahri-Dergana : 'Je ne me suis pas encore fixé sur la chose, mais je ferai comme tous mes amis." Que feront ses amis ' Lamine explique que 'les élections n'apporteront rien. Ils sont tous les mêmes (les élus, ndlr)". Quant à ses amis, Lamine a préféré garder secret 'ce loisir".
À Belouizdad, les jeunes rencontrés tiennent un discours direct. 'Je ne vais pas voter", répond avec un sourire Mohamed, rencontré à la rue Belouizdad. Adossé à un mur d'une veille bâtisse, 'Moh" explique que le maire n'a aucun poids. 'Que peut donner un maire pour des milliers de citoyens en situation de besoin '" s'est-il interrogé. 'Personne ne vient s'enquérir de notre situation, sauf à l'approche des élections", a-t-il ajouté.
Niveler par le bas
De fil en aiguille, les jeunes abordent l'éradication des marchés informels, lancée par les autorités les mois écoulés. 'Ils nous ont interdit d'installer nos étals dans le quartier, mais ils ne nous donnent pas de travail en contrepartie", poursuit Mohamed, avant que son camarade, qui sirotait tranquillement son café, n'abonde dans le même sens en regrettant que depuis quelques mois, 'Belouizdad est devenue comme une prison à ciel ouvert". Plus précis, il fait allusion aux multiples camions de CNS stationnés dans le quartier. 'On nous surveille comme des prisonniers et là on nous fait appel pour légitimer leurs élus", s'emporte-t-il, avant d'ajouter que lui 'est contre had al doula" (je suis contre cet Etat).
Farouk, qui fait exception parmi ce groupe de jeunes, est décidé, selon ses dires, à apporter son soutien à une candidate. 'Elle est ma voisine, et si j'ai besoin d'elle, il me suffirait de frapper directement à sa porte."
À Ben Aknoun, un groupe de militants du RND occupe une table dans un café à la cité Malki et tente d'engager le débat avec deux citoyens venus de la cité Ahcène-Mahyouz. 'Nous vous promettons juste une gestion transparente", indique à leur adresse Mounir. 'Ici, les regards se tournent vers le candidat du FLN à qui les citoyens de la commune lui contestent jusqu'au fait qu'il soit fils de moudjahid", informe Azzedine, étudiant. 'Ils n'ont rien fait depuis leur installation à la tête de la commune. Tous les projets réalisés entrent dans le cadre des projets de la capitale",
insist-t-il. 'Demain sera une journée ordinaire pour moi et pour la plupart de mes amis", a encore souligné Azzedine.
M M


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