La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre dans la paisible
ville de Bordj Bou Arreridj. Des carcasses décharnées de deux têtes d'ânes ont
été découvertes durant la matinée d'hier par des passants dans une ruelle
coincée entre les quartiers populeux de Lagraph et d'El Koucha, non loin du marché
de Bordj Bou Arreridj. Les deux crânes découverts sont reconnaissables et il
n'y a aucun doute quant à leur appartenance à des équidés. Des centaines de
citoyens ont afflué vers les lieux de cette découverte déplaisante qui laisse
planer le doute sur une éventuelle commercialisation de viandes de baudets par
des commerçants véreux dans les marchés de cette ville. Les éléments de la
sûreté de wilaya de Bordj Bou Arreridj, alertés, sont intervenus sur les lieux
de la découverte pour disperser les citoyens qui commençaient à s'agglutiner
dans cette ruelle. L'association locale de défense des consommateurs a lancé
hier un appel à la vigilance. Son président, Abdelhamid Zaïdi, a déclaré à
l'APS que l'association «déposera plainte» et continuera de travailler avec les
services concernés pour intensifier les contrôles de la qualité auprès des
bouchers. Il a aussi «conseillé vivement» aux consommateurs «d'acheter leur
viande auprès de leurs bouchers habituels, d'éviter la consommation de merguez
et d'exiger que leur viande soit hachée devant leurs yeux».
Le directeur du commerce de la wilaya de Bordj Bou Arreridj, Seboui
Djilani, a affirmé, de son côté, à l'APS que les services de contrôle relevant
de sa direction doivent «acheminer rapidement les deux crânes vers un
laboratoire pour analyse». Il a annoncé l'ouverture d'une enquête dans toutes
les boucheries de la ville pour contrôler la qualité de la viande mise en
vente. Des brigades volantes sillonnent les boucheries pour relever la moindre
infraction aux normes d'hygiène et de sécurité alimentaire. Cette opération de
contrôle sera élargie aujourd'hui, par précaution, à d'autres agglomérations de
la wilaya. La découverte de ces carcasses décharnées de deux têtes d'ânes à
Bordj Bou Arreridj n'est pas un précédent en Algérie. Dans les années 90, un
important réseau de commercialisation de la viande d'âne a été démantelé à Oran
suite à la découverte par des citoyens de plusieurs carcasses de baudets
abandonnées dans la Sebkha. Les investigations des services de sécurité ont
permis de neutraliser ce réseau qui avait des ramifications dans toute la
ville. La viande du baudet était hachée pour dissimuler sa couleur noirâtre
avant d'être écoulée dans les boucheries de M'dina J'dida.
Quelques années plus tard, en novembre 2003, un autre réseau d'abattage
et de distribution de viande d'âne exerçant cette fois-ci dans la capitale
avait été démantelé par les services de gendarmerie à El Harrach. Le réseau a
réussi à écouler quelque 55 tonnes de viandes d'âne dans les marchés de la
capitale. Le réseau de trafiquants était composé d'une dizaine de personnes,
qui bénéficiaient de plusieurs complicités au niveau d'un abattoir où furent
abattues les bêtes, notamment des vétérinaires, ainsi que des boucheries, qui
réceptionnaient la viande de baudet. L'essentiel de la viande était écoulé dans
les quartiers importants de la capitale que sont El Harrach, Bab El Oued, Sidi
M'hamed et Réghaïa. Pas moins de 1.514 bêtes, ramenées de l'ouest du pays
(Mostaganem et Sidi Bel-Abbès), avaient été abattues à El Harrach. Le produit
était écoulé sous forme de viande hachée, au même prix que celui de la viande
ovine. La brigade de la gendarmerie a saisi 1.867 kg de viande de baudet, lors
de la perquisition effectuée sur les lieux. Une dizaine de personnes ont été
arrêtées pour escroquerie et trafic de viande d'âne.
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Posté Le : 24/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Sofiane M
Source : www.lequotidien-oran.com