Algérie

Boom de Grillo et remontée de Berlusconi: vers une Italie ingouvernable Italie



L'Italie s'est enfoncée dans une impasse lundi, avec une Chambre des députés à gauche et un Sénat sans majorité, à l'issue d'élections marquées par le boom de l'ex-comique Beppe Grillo et scrutées par des partenaires inquiets pour la troisième économie de la zone euro.
"Le pays affronte une situation très délicate", a commenté dans la soirée Pier Luigi Bersani, leader de la gauche. Sa coalition a remporté le plus de voix dans les deux chambres du Parlement, mais elle n'obtient une majorité de sièges qu'à la Chambre des députés.
Au Sénat, en revanche, en vertu de règles électorales différentes, c'est la droite qui empocherait le plus de sièges. Surtout, aucune majorité claire ne se dégage, même en cas d'une hypothétique alliance entre la gauche et le centre du chef du gouvernement sortant Mario Monti.
"Un vote choc qui nous donne un Parlement bloqué", titrait sur son site le Corriere della Sera. Seul véritable vainqueur du scrutin, Beppe Grillo et son Mouvement 5 Etoiles (M5S) a su séduire en surfant sur le rejet de la classe politique, la colère contre l'austérité, la défiance à l'égard de l'Europe.
Catalyseur du malaise social dans un pays en pleine récession économique (-2,2% en 2012), il a pris des voix aussi bien à la droite qu'à la gauche avec un programme jugé "populiste" par ses adversaires : fin du financement public des partis politiques, revenu minimum de 1.000 euros et référendum sur l'euro.
Selon les résultats officiels, il obtient aux alentours de 25% dans chacune des deux chambres, devenant la troisième force politique du pays. De son côté, le chef du gouvernement sortant Mario Monti a perdu son pari de former une grande force au centre puisque sa coalition ne remporte qu'environ 10% des voix dans chaque Chambre.
"Nous sommes très satisfaits" du résultat, a-t-il toutefois déclaré, rappelant que sa coalition a vu le jour il y a seulement deux mois. Le Professore a exprimé le v'u d'un "gouvernement qui fera mieux" que le sien "sans balayer les sacrifices consentis par les Italiens" pour permettre l'assainissement du pays.
Quant à Silvio Berlusconi, parti sous les huées en novembre 2011 et malgré des procès à répétition dont un pour prostitution de mineure, il a opéré une remontée spectaculaire en promettant d'abaisser les impôts et même rembourser une taxe foncière impopulaire rétablie par Monti. "C'est un résultat extraordinaire" qui montre que "ceux qui croyaient Berlusconi était fini devront y repenser", s'est félicité Angelino Alfano, secrétaire général du parti du Cavaliere, le PDL.
La coalition de gauche de Pier Luigi Bersani, qui remporte 29,5% des voix, s'adjuge la majorité des sièges à la Chambre (340 des 630 sièges), grâce à un système qui accorde 54% des fauteuils à la formation arrivant en tête.
Mais au Sénat, où la prime de majorité est accordée par région, les résultats donnent le centre gauche très loin de la majorité absolue des 158 sièges.
En termes de voix, la gauche remporte 31,63% des voix et la droite 30,71%. "C'est sûr que s'il y a une majorité à la Chambre et une autre au Sénat, il n'y a pas de gouvernement", a constaté avec dépit Stefano Fassina, l'économiste du Parti démocrate.
Et les modestes 17/20 sénateurs prévus pour le camp Monti ne suffisent pas pour former une alliance majoritaire.
"Un pays ingouvernable, politiquement mais aussi techniquement avec peu d'issues fondées sur des alliances presque impraticables et numériquement insuffisantes", a commenté Massimo Razzi dans la Repubblica.
Pour lui, la seule solution sera de retourner voter, soit pour tout le Parlement soit seulement au Sénat. Dans la journée, la perspective de majorités opposées à la Chambre et au Sénat a fait tomber dans le rouge (-0,1%) la Bourse et remonter l'écart des taux obligataires avec l'Allemagne. Les marchés redoutent plus que tout une instabilité gouvernementale en Italie, pays en récession avec une dette colossale (plus de 120% du PIB).
Les regards se tournaient massivement lundi soir vers le comique Beppe Grillo qui pourrait avoir une cinquantaine de sénateurs, mais n'est pas disposé à collaborer avec les autres formations. "Ils ont fait faillite aussi bien à gauche qu'à droite. Ils peuvent durer sept/huit mois mais nous serons un véritable obstacle pour eux", a lancé Beppe Grillo en direct sur son blog en parlant de "nouvelle d'importance mondiale".
"Nous serons une force extraordinaire. Nous serons 110 au Parlement, mais dehors nous serons des millions".
Certains de ses partisans se sont retrouvés dans un restaurant de Rome pour fêter la victoire. '"Nous nous sentons à nouveau orgueilleux d'être italiens", confiait l'un d'entre eux. La crise et 15 mois de rigueur budgétaire imposés par le gouvernement technique de Mario Monti ont énormément influé sur ces élections.
Le "Professeur", qui jouissait d'une solide popularité pour avoir rétabli la crédibilité de l'Italie, a fortement pâti des effets de sa politique d'austérité. Ses partisans espèrent encore qu'il puisse être "le pivot" d'une large coalition unissant droite et gauche. Le taux de participation était d'environ 75% pour chacune des deux chambres.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)