La mise à mort de l'école en chiffres. C'est la phrase qui résume la situation de l'éducation nationale. Le premier trimestre de l'année scolaire 2013-2014 vient d'être bouclé et les résultats sont là pour confirmer la descente amorcée depuis qu'on a fait de l'école un champ d'expérimentation de politiques de l'éducation importées et appliquées sans réelle étude d'adaptabilité. Quand on en arrive aux cours de rattrapage pour des enfants de 2e ou 3e année du primaire, c'est qu'il n'y a plus rien à attendre ni espérer de l'école. Quand on vous annonce que des élèves du cycle moyen ne font pas la différence entre le cerveau et les intestins ou ne savent pas dans quel continent est située l'Algérie, on peut aisément imaginer le niveau des lycéens, des futurs étudiants et des futurs cadres du pays. On est arrivé au fond et on creuse. Et que fait le ministère de l'Education nationale pendant ce temps-là ' Il se focalise sur les chiffres, à qui il essaye coûte que coûte de faire dire que la baisse n'en est pas une et qu'au contraire il y a des améliorations. Dernier tour de passe-passe, la décision ministérielle d'introduire une nouvelle méthode d'évaluation des élèves en incluant une «note bonus» (évaluation sur 20) sur les bulletins. Ainsi, la moyenne de chaque matière qui était calculée avec la note de la composition comptant deux tiers et celle des devoirs, des évaluations permanentes et de la tenue en classe pour le dernier tiers, devra désormais inclure une note supplémentaire «représentant les travaux de recherche pour les matières scientifiques et de documentation pour les matières littéraires» qui sera additionnée au devoir. Quand on sait que pour ces prétendus travaux de recherches et de documentation, les enseignants demandent aux élèves de faire du copier-coller de textes trouvés sur Internet, comment peut-on penser gratifier l'élève ' Quel pédagogue encouragerait cela ' On comprend que cette note bonus est en fait un bonus tout court destiné à gonfler les moyennes pour faire dire aux chiffres ce qu'on veut qu'ils disent, que tout va bien. Mais la réalité ne peut être cachée ou travestie indéfiniment et on ne gagnera rien à vouloir le faire. Car, plus on tardera à corriger la trajectoire plus l'écart entre les Algériens et le savoir grandira. Les maillons faibles, tant au niveau de l'élaboration des programmes que de la formation des enseignants, sont identifiés et les correctifs existent. Tout ce qui manque c'est une réelle volonté politique d'appliquer les remèdes là où se situe le mal. Au lieu d'organiser des rencontres et des assises qui n'apportent rien à l'école algérienne, il serait plus indiqué de tout remettre à plat et de confier à une équipe pluridisciplinaire de spécialistes en pédagogie et en sciences de l'enfance l'élaboration d'une politique de l'éducation, des programmes scolaires et d'une organisation du temps scolaire dignes d'une école moderne du 21e siècle. Il est évident que les moyens matériels et financiers devront suivre.H. G.
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Posté Le : 21/12/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hassan Gherab
Source : www.latribune-online.com