Algérie

Bonnes et mauvaises habitudes



Bonnes et mauvaises habitudes

L'Aïd El Kébir a su garder ses valeurs dans les villes d'Algérie, notamment à Sétif où les traditions refont surface chaque année. Le romancier Rabah Belamri, né à Bougaa, dans un récit autobiographique « Le Soleil sous le tamis », paru en 1982, décrit avec minutie et émotion les rites et l'atmosphère de cette journée mémorable. Peu de choses ont changé. Des jours bien avant la fête, on entend des moutons bêler un peu partout. Depuis les balcons de différents immeubles, sur des terrains vagues à proximité des cités, les ovidés prennent possession des lieux. Pour les Sétifiens, riches ou pauvres, le sacrifice du mouton est sacré. Même ceux qui n'ont pas de moyens se font un point d'honneur de l'acquérir quitte à recourir à un emprunt d'argent. « Chez nous, le sacrifice est très important. Ceux qui n'ont pas assez d'argent sont prêts à dépenser ce qu'il leur reste pour acheter le mouton. Et ceux qui sont démunis, n'hésitent pas à emprunter. La majorité fait ainsi », nous a déclaré une femme au foyer. « La veille, on prépare ?'Khoubz Eddar''. Nous avons aussi l'habitude de préparer le croquet et le « Makrout » et de plus en plus de femmes passent faire la commandes chez le pâtissier », nous a-t-elle confié. Une autre tradition perdure. La veille du sacrifice, on met le henné sur le front du mouton, sur les mains des enfants. Dès le lever du soleil, les hommes, avant de sacrifier la bête, se rendent à la mosquée pour la prière. La ville résonne alors d'implorations. Certains prennent aussitôt le chemin des abattoirs pour une question d'hygiène. D'autres, sur le balcon, ou en bas de leurs immeubles accomplissent leur devoir. Des voisins s'entendent souvent pour ramener un seul égorgeur. Le second jour est souvent réservé aux visites des proches, très attendues par beaucoup de familles. Les femmes se lèvent à 5 ou 6 h du matin pour préparer le couscous à la viande. Son odeur imprégnera toutes les maisons. Les visiteurs ont droit à leur part dans la chaleur des retrouvailles. Les cimetières aussi sont le lieu de ralliement de nombreuses personnes qui ont une pensée pour les défunts. Chaque année, après avoir égorgé le mouton, beaucoup laissent toutefois derrière eux des mares de sang sur les lieux d'abattage. Une mauvaise habitude, hélas bien ancrée.




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