Algérie

Bonne « ânée » !



Comme Alger est une ville multiculturelle, les Algérois se sont souhaités « une bonne année », le 1er janvier peu après minuit. Neuf jours après, ils ont fêté Awal Mouharam et prononcé un « âam saïd ». Le 13 du mois en cours, coïncidant avec le 1er jour de l?année berbère, les habitants de la Médina ont échangé entre eux le fameux « Assougas Amegaz », une manière propre à eux de se souhaiter encore une année sereine et prospère. On tourne la page pour tenter d?oublier les affres de tant d?humiliations subies en dépit du potentiel immense de richesses dont regorge leur pays. Malédiction ! Les v?ux formulés n?ont rien pu apporter, et pendant que le vent d?ouest fait rage sur les côtes algéroises, un néo-libéralisme sauvage s?installe dans la durée et s?acharne sur des couches déjà démunies pour pulvériser leur pouvoir d?achat. Bien que diplômés, des jeunes, happés par le chômage, s?adonnent à la débrouillardise. Des familles adoptent une stratégie de survie et orientent leurs enfants vers des occupations lucratives. Après avoir clôturé les festivités budgétivores d?« Alger, capitale de la culture arabe », on annonce 40 000 bidonvilles. Entre-temps, la saleté et les eaux usées qui se déversent à ciel ouvert apparaissent comme de véritables plaies purulentes qui défigurent la ville. Les constructions illicites continuent à porter atteinte au tissu urbain, au point que le problème de la circulation devient de plus en plus lancinant. Parallèlement, on annonce 1,5 million de véhicules circulant dans la capitale alors que le réseau routier ne peut en supporter que 100 000. A tous ces problèmes, s?ajoute l?insécurité qui inquiète les citoyens. Par ailleurs, on informe que certains tarifs seront revus à la hausse. Le ras-le-bol se généralise. Les citadins affichent leur mécontentement. Au lieu de la « bonne année », on leur réserve une « bonne ânée ». Le fardeau devient pesant. Alors que faire ? Un étrange quidam a su répondre : « Habat ennivou yetlaâ el moral. » Il voulait dire : faire baisser le niveau, permet de remonter le moral. Ce qui arrange bien certains qui traduisent le mécontentement en tentative de récupération s?il s?agit d?adulte, ou en chahut de gamins, au cas où les contestataires seraient jeunes.
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