Les deux
principales banques françaises ont affiché des résultats très convaincants... en
Algérie. La décote annoncée des créances souveraines en Europe les a rendu
fragiles depuis l'été 2011.
Les agences de
notation viennent de baisser leurs notes et les besoins de financement se font
de plus en plus grands. L'Algérie pourrait faire partie des «re-capitaliseurs» de ces deux banques leaders du privé dans le
pays. Mais n'y songe pas. Ou pas encore.
La dégradation de
la notation des banques françaises, qui précède le très probable déclassement
de celle des créances souveraines françaises, n'est assurément pas une bonne
nouvelle pour les établissements concernés. Après Standard & Poors, l'agence Moody's BNP et Crédit Agricole voient leur
note de dette à long terme abaissée d'un cran à "Aa3" et SocGen d'un cran à "A1", dans le cadre d'un
processus de révision enclenché en juin dernier. En principe, une notation
amoindrie induit d'une part le renchérissement mécanique des taux d'intérêts
auxquels empruntent les banques françaises et, d'autre part, la réduction des
capacités d'emprunt auprès de leurs homologues internationaux. Ainsi, les
montants des lignes de crédit des banques françaises auprès des banques
américaines, déjà fortement réduits depuis la crise des subprimes,
pourraient être ramenés à des niveaux pénalisants pour l'activité des banques
françaises sur les marchés internationaux. Les portefeuilles de crédit des
banques françaises comprennent des parts jugées excessivement importantes de
dettes souveraines de pays européens en difficulté. L'exposition de ces banques
à la Grèce
était déjà jugée trop élevée, à cette aune, celle vis-à-vis de l'Italie – qui
entre dans une zone de très fortes turbulences – pourrait être considérée comme
exorbitante. Etant donné les peu enthousiasmantes prévisions de croissance des
pays de l'Union Européenne, beaucoup d'experts tablent au minimum sur une
stagnation durable, sinon sur une récession en bonne et due forme. Le recours à
l'Etat pour le renforcement des fonds propres des banques françaises n'est pas
une pure hypothèse d'école. Il est fort probable que les avances en trésorerie
de la BCE ne
suffisent pas à colmater des brèches qui pourraient prendre le tour de
difficultés structurelles. De fait, les banques françaises placées sous
surveillance, négative, auraient besoin d'une consolidation de 7,3 milliards d'euros
pour respecter un ratio de fonds propres durs, «Core Tier 1», de 9 % d'ici à fin juin 2012.
Ces besoins de capitaux propres sont de 1,5
milliard d'euros pour BNP Paribas, de 3,7 milliards d'euros pour BPCE et de 2,1
milliards d'euros pour Société Générale. La situation de ces banques, si elle
est loin d'être fondamentalement compromise, implique une réduction
significative de leurs activités consommatrices de liquidités, donc du niveau
global de leurs portefeuilles. En cas de contraction significative de
l'activité et d'élargissement de la crise de la dette souveraine en Europe, ces
banques devraient faire face à une très nette détérioration d'équilibres déjà
tendus. Si elles ne représentent pas un risque imminent, ces banques restent
vulnérables à des évolutions adverses dans un contexte très incertain.
DES PRISES DE
PARTICIPATION MINORITAIRES SE DESSINENT
Hors des Etats, aux
marges de manÅ“uvres limitées par les déficits et les niveaux d'endettement, les
seules entités susceptibles de participer à la recapitalisation de ces banques
sont les fonds souverains de pays (non-européens pour
l'essentiel) à fort excédents financiers. Pour
l'instant, les conditions globales n'imposent pas ce qui ressemble à une
opération de dernier recours. Les autorités de régulation nationales en Europe
sont très vigilantes quant à la composition des conseils d'administration de
leurs grandes banques et feront tout pour limiter l'influence d'intérêts
«exotiques» considérés avec suspicion. Si les fonds publics chinois ou arabes
sont très bien accueillis pour renforcer le Fonds de Stabilité Financière
Européen (FSFE), ils sont nettement moins bienvenus au niveau des grandes
banques et entreprises. On voit mal les régulateurs de n'importe quel pays de
l'UE entériner une entrée significative de capitaux algériens dans une banque
de premier rang, aussi fragile serait-elle. Des prises de participations
minoritaires sont tout à fait envisageables mais il n'est pas question pour
l'heure d'accepter des représentants de pays hors UE, à l'exception peut-être
du Qatar ou des EAU, des alliés inconditionnels et minuscules, à la table des
conseils d'administration. Ainsi, en théorie, une entrée au capital d'une ou
plusieurs de ces banques de l'Algérie ne devrait pas poser de problème à
condition que ce pays renonce à briguer des positions de supervision ou de
contrôle de l'activité des établissements qu'elle viendrait renforcer. L'Algérie
ne permettant pas l'entrée au capital de ses banques publiques dans un marché
qui reste fortement encadré, les autorités européennes n'auraient pas de mal à
faire prévaloir leur point de vue. D'autant que les activités des filiales des
banques françaises, pour rémunératrices qu'elles soient, ne pèsent pas lourd
dans les chiffres d'affaires globaux de ces banques. Certes, le produit net
bancaire (PNB) des banques françaises en Algérie est l'un des plus élevés au
monde sur des opérations sans grands risques, mais cela ne peut en rien
constituer un argument lors d'une éventuelle négociation pour entrer au capital
d'une de ces banques.
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Posté Le : 13/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Saïd Mekki
Source : www.lequotidien-oran.com