Des milliers de personnes se sont donné rendez-vous hier au siège du complexe agroalimentaire de Cevital pour marcher contre le blocage des projets de l'homme d'affaires algérien, Issad Rebrab, à l'appel de la coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital. Cette manifestation, qui a démarré à 10h en direction du siège de la wilaya, a vu la présence des dirigeants des trois clubs phares de la Kabylie, à savoir le chairman kabyle, le président de la JS Kabylie, Cherif Mellal, accompagné de Mouloud Iboud, ainsi que les présidents des clubs du MOB et de la JSMB.La présence de Cherif Mellal a visiblement galvanisé les marcheurs qui ont entonné des chants à sa gloire. Il a été accueilli en héros après l'épisode du conflit qui l'a opposé au président de la Ligue algérienne de football. Il a déclaré auparavant que «nous sommes venus par conviction pour soutenir cet homme qui veut investir dans son pays et créer de la richesse et des emplois. Je dis aux autorités qu'il faut l'encourager et donner plus de chance aux enfants de ce pays !» Les manifestants, qui ont arpenté la rampe du port, criaient haut et fort leur colère contre les autorités centrales qui entravent les investissements privés et publics dans la wilaya et à travers tout le pays, qualifiant ce blocage de «crime économique et de sabotage». «Libérez Cevital, libérez les projets, nous voulons travailler. Nous ne voulons pas partir en harraga dans les embarcations de la mort», répétait en ch?ur la foule. Le long de l'itinéraire, les marcheurs ont scandé des slogans hostiles au pouvoir : «Pouvoir assassin»,«Ulac smah, ulac».
L'un des manifestants dit «n'avoir jamais vu autant de monde depuis la marche du 14 juin 2001, lors des événements du Printemps noir».
La foule a désigné par la suite la source du sous-développement de la Kabylie et du blocage des investissements
d'Issad Rebrab et des projets structurants publics : «Saïd Bouteflika, Ali Haddad, l'Algérie ne vous appartient pas !» Les animateurs et les participants qui ont pris la parole devant le siège de la wilaya ont dénoncé à l'unanimité le blocage «intentionné» des investissements de Cevital.
Pour eux, le Conseil national de l'investissement «a prouvé cette discrimination lors d'une réunion qui s'est tenue le 30 octobre dernier, en validant, contre toute attente, une liste de 25 wilayas où l'activité de trituration de graines oléagineuses est éligible aux avantages accordés à l'investissement et en excluant notre wilaya.» Mourad Bouzidi, le coordinateur des comités de soutien aux travailleurs de Cevital, a interpellé, lors de sa prise de parole l'APW de Béjaïa, à sa tête M'henna Hadadou, en réitérant sa demande «d'établissement d'une résolution dans le but de libérer les équipements de Cevital bloqués par les pouvoirs publics injustement».
L'ampleur de l'acharnement du pouvoir sur l'investisseur donne lieu à la fermeture des deux usines d'électroménager, Samha et Brandt Algérie de Sétif, où 3500 travailleurs sont menacés de perdre leur emploi. La réalisation du mégaprojet du hub portuaire de Cap Djinet, qui devait créer un million d'emplois directs et indirects, est également entravée. Une unité d'Oxxo à Tizi Ouzou et le projet d'EvCon, prévu à Blida pour la production de l'eau ultra pure, subissent le même sort.
Ainsi, ce sont des milliers d'emplois qui sont compromis. Bouzidi a promis de maintenir la mobilisation jusqu'à l'aboutissement de tous les projets. Les parlementaires qui se sont succédé au micro ont une nouvelle fois interpellé Ahmed Ouyahia en l'invitant à répondre à cette population qui s'est mobilisée. L'un d'eux a rapporté que «le Premier ministre avait pourtant promis d'encourager les investisseurs après la chute des prix du pétrole et face l'incapacité de l'Etat à financer des projets industriels, mais rien n'a été fait».
Pour un autre député, «cette main invisible dont on parle aujourd'hui a un visage et un nom : c'est le pouvoir ! L'investissement est un droit constitutionnel et nul n'a le droit de saboter les porteurs de projets qui sont prêts à autofinancer leur investissement, contrairement à ce que font les privilégiés du régime qui ont construit leur empire avec des prêts bancaires qu'ils n'ont même pas remboursés». Des partis politiques, des parlementaires de la région, de Tizi Ouzou, d'Alger, en plus des élus locaux venus essentiellement du centre du pays, la Confédération syndicale des forces productives de Mellal Raouf et quelques industriels de la wilaya ont également exprimé leur soutien aux travailleurs de Cevital et à son patron,.
Organisés en comité de soutien, les étudiants de l'université Abderrahmane Mira sont venus en force pour donner de la voix à la manifestation. La marche, qualifiée «d'historique», a connu la mobilisation des syndicalistes, des défenseurs des droits de l'homme (LADDH) ainsi que le mouvement associatif aux côtés des travailleurs.
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Posté Le : 12/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nouredine Douici
Source : www.elwatan.com