Algérie

Blida Villas ou usines ?



Quartier X, dans une ville V, quelque partdans la wilaya de Blida (et ailleurs aussi). Le quartier est constitué devillas à deux ou trois étages, les routes sont défoncées dans la plupart descas et les arbres, encore rabougris, sont recouverts d'une épaisse couche depoussière. Le passant pense se trouver dans unquartier résidentiel, tranquille et quelque peu aisé. Soudain, vous entendez unbruit qui vous fait sursauter. Vous tendez l'oreille et vous vous rendez compteque le bruit vient d'une machine qu'on vient de mettre en marche dans le garagede la villa qui vous fait face. Le portail est à demi ouvert et vous apercevezun atelier complet de menuiserie, des meubles en phase de finition stockés çàet là, de la sciure qui jonche le sol et trois ou quatre employés s'affairantautour de machines qui ont fait leur temps. Vous vous étonnez que cet atelierse trouve là mais vous poursuivez votre chemin. Quelques mètres plus loin,c'est le même bruit que vous entendez et, plus loin encore, vous êtes agresséspar une odeur qui vous prend à la gorge et vous pique les yeux. Vous vousrendez enfin compte que c'est l'odeur du vernis et vous entendez le sifflementcaractéristique d'un pistolet à peinture et le bruit d'un compresseur d'air enmarche. Vous vous demandez, en regardant les demeures voisines dont quelquesenfants jouent aux alentours, comment arrivent-ils à supporter tout ce bruit etces odeurs ? Avant d'avoir fait le tour de quelques pâtés de maisons, vousaurez trouvé, dans ce qui est censé être des garages, plusieurs ateliers : cinqou six menuiseries, deux ou trois ateliers de mécanique, un ou deux usines delimonade, quelques ateliers de montage de je-ne-sais-quoi et même unferrailleur et un vendeur de matériaux de construction.Ainsi, et où que nous allions à travers nosvilles et villages du territoire national, dans tous les quartiers avec debelles villas qui donnent un air résidentiel aux lieux, c'est le même spectacleet la même constatation qui s'offrent à nous : la majorité des garages de cesvillas n'abritent pas des voitures mais qui une menuiserie, qui une usine decosmétiques, qui une fabrique de pâtes alimentaires, qui un atelier de coutureet même des serruriers avec tous les désagréments qui accompagnent cesactivités, le bruit infernal atteignant plusieurs dizaines de décibels, lesodeurs prenant à la gorge, faisant piquer les yeux, certaines potentiellementdangereuses pour la santé humaine, les rebuts et restes entassés sur lestrottoirs, les gros camions circulant difficilement dans les ruelles,... etc.Pourtant des lois existent qui interdisent ce genre d'activité en milieuurbain, mais qui applique la loi ?  Nous nous sommes rapprochés des premiers concernés, les riverainset les voisins immédiats de ces ateliers, mais leurs réponses sont presqueidentiques : «Vous savez, c'est mon voisin, j'ai honte d'aller déposer uneplainte contre lui», ou «ces ateliers nous causent des désagréments certains,nous ne pouvons pas dormir et les odeurs, je ne vous dis pas. Mais je n'ai pasdéposé de plainte car les autres voisins ne font rien, je ne veux pas être leseul à me dresser contre mon voisin, et puis il a le bras long et beaucoupd'argent». Pour les propriétaires de ces usines etateliers, ils affirment que l'APC ne leur a pas réservé de lots de terrain dansune zone d'activité, ou déclarent cyniquement : «Je suis chez moi et je fais ceque je veux». En attendant, toutes les lois sont fouléesaux pieds, les citoyens souffrent en silence ou en complices passifs et lespropriétaires de ces usines se remplissent les poches. Jusqu'à quand celava-t-il durer ? Peut-être quelque catastrophe dont nous ne pouvons prévoir lesconséquences, ou peut-être une prise de conscience des autorités publiques etde ces propriétaires eux-mêmes qui estimeront qu'ils sont hors-la-loi ?


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