Algérie

Blida Université : l'autosuffisance alimentaire en toile de fond



L'Algérie, longtemps considérée comme le grenier de l'Europe, se débat depuis plusieurs décennies dans des problèmes immenses du point de vue alimentaire.

Sa dépendance vis-à-vis de pays européens ou autre ne fait qu'augmenter, rétrécissant par là son champ d'action aussi bien politique qu'économique. Bien sûr les causes de cette récession dans la production agricole sont multiples, mais les difficultés ne sont pas insurmontables pour peu que la volonté de sortir de ce marasme soit réelle. La science, et en particulier les biotechnologies peuvent apporter des solutions radicales pour la productivité agricole et réduire sinon éradiquer, la dépendance alimentaire par rapport aux pays développés. Et c'est pour pouvoir discuter et profiter de toutes les découvertes faites en la atière, aussi bien en Algérie qu'à l'étranger, que l'université Sad Dahlab de Blida a organisé, durant deux jours, les 17 et 18 juin 2008, un séminaire internationale sous le thème «la Biotechnologie au service du secteur agroalimentaire» (SIBA 2008) et ce, à l'hôtel Grand Bleu de Tipaza.

Ce séminaire, auquel ont assisté des spécialistes français, tunisiens, marocains aux côtés de leurs confrères de nombreuses universités algériennes, a apporté moult palliatifs et solutions aux problèmes rencontrés par les agriculteurs et les industriels du secteur agroalimentaire qui, curieusement, étaient les grands absents durant les deux jours. Après le discours de bienvenue présenté par le Dr Lynda Boutekrabt, présidente du Comité d'organisation et au cours duquel elle a rappelé les grandes questions du monde agricole et agroalimentaire algérien auxquelles les scientifiques sont tenus de répondre par leurs recherches et leurs découvertes dans le domaine, le recteur de l'université de Blida a incité les participants au séminaire à oeuvrer pour relever le défi d'autosuffisance alimentaire que l'Algérie doit relever, dans un contexte mondial défavorable surtout que la manne pétrolière lui permettant de s'approvisionner actuellement sera tarie dans une ou deux décennies, peut-être avant si les pays développés arrivent à produire du biocarburant en quantité suffisante et rapidement.

D'ailleurs, la question essentielle qui se pose actuellement pour toute l'humanité est de savoir si l'agriculture continuera à être uniquement tournée vers l'alimentation humaine ou devra-t-elle se tourner vers la production d'énergie, auquel cas plus de deux tiers des habitants de la terre seront confrontés à une famine sans précédent. Et il faut reconnaître que l'Algérie, peut-être plus que beaucoup d'autres pays du tiers-monde, possède les atouts nécessaires pour relever les défis si tous les facteurs étaient réunis pour une relance de l'agriculture et de l'industrie agro-alimentaire. Mais il y a aussi lieu de relever l'absence aussi bien des agriculteurs que des industriels, pourtant les premiers concernés par les résultats auxquels pourrait parvenir ce séminaire. Ainsi, et après quelques interventions fort remarquées de spécialistes étrangers durant la matinée, les après-midi des deux journées ont été consacrés aux ateliers, au nombre de quatre, et au cours desquels les spécialistes ont présenté des études fort intéressantes et ont apporté parfois des solutions très pertinentes.

Divers végétaux, poussant souvent à l'état sauvage en Algérie, ont fait l'objet d'études très poussées qui ont prouvé leurs richesses énergétiques, nutritives, commerciales ou autres, si on s'y intéressait d'une manière efficiente. D'un autre côté, plusieurs dérivés agricoles, considérés par les industriels et les agriculteurs comme des déchets dont il faut se débarrasser, ont pu être récupérés par des chercheurs et ont généré une valeur ajoutée non négligeable, tant du point de vue financier que nutritif, soit pour l'homme soit pour l'alimentation du bétail, lui-même devenant aliment humain. La fabrication d'une margarine à partir de dattes communes considérées comme déchet devant servir d'aliment pour le bétail, la valorisation des sous-produits cellulosique (paille de blé), les déchets agroalimentaires servant à la production de biothénal, utiliser le grignon (reste) d'olives pour lutter contre certaines maladies de la pomme de terre, ou encore la valorisation des déchets d'oranges, de dattes, ou d'autres fruits pour la production de produits dérivés utilisés soit en agroalimentaire, soit en agriculture, n'ont été que quelques-une des très nombreuses recherches scientifiques présentées au cours des ateliers qui démontrent, si besoin est, toutes les utilisations possibles des déchets ou des produits que la plupart des industriels rejettent dans la nature, causant des dégâts incommensurables à l'environnement immédiat des usines, et même au-delà.

D'autres recherches ont, en outre, été présentées par les scientifiques et qui ont trait aux plantes médicinales connues en Algérie et leur utilisation scientifique, aux différentes manières de procéder au séchage et à la conservation des aliments et des produits agricoles, aux différents risques de contaminations et/ou d'intoxication contenus dans les différents produits agricoles ainsi que leur traçabilité pour remonter la filière et éradiquer le mal à la source. Ainsi, nous pouvons nous rendre compte facilement que les biotechnologies peuvent apporter un plus au secteur agroalimentaire en Algérie et contribuer grandement à l'autosuffisance alimentaire du pays, mais des facteurs essentiels restent encore à mettre en oeuvre et un travail de fond doit être entrepris en direction des pouvoirs publics, des industriels, des agriculteurs et de tous ceux qui ont en charge de promouvoir ce secteur vital qui déterminera non seulement le niveau d'indépendance alimentaire de l'Algérie par rapport aux autres pays, mais aussi lui évitera une famine qui pointe du nez, surtout si nous nous obstinons à ignorer les mises en garde des spécialistes.






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