Blida Une journée historique

A chaque fois que la date anniversaire du1er Novembre approche, la mémoire aussi bien collective que particulière setrouve particulièrement exaspérée, pour chaque Algérien, homme ou femme, qui aconnu un tant soit peu les temps déjà assez lointains de la guerre deLibération nationale. Cette sensation de revenir aux moments exaltants de cetteguerre que chacun de nous ressent encore dans sa chair, par la perte d'unproche parent, d'un voisin, ou ne serait-ce que d'une vague connaissance,revient à la surface chaque année, en pareille période, et un sentiment defierté mêlé à une pointe d'amertume envahit les Algériens, même les plus jeunesqui n'ont connu la guerre d'Algérie que par les récits souvent incomplets,parfois dénaturés, des mille et une histoires qui ont jalonné les sept annéeset demie qu'a duré la lutte pour la libération de l'Algérie. Malgré tout ce quisemble partager les Algériens maintenant, ces dates-retour aux sources les fontse redécouvrir et se rapprocher. Chacun se remémore le passé, quand les voisinsse serraient les coudes et le ventre, partageaient tout, de la plus petitepomme de terre à la grosse pastèque, la galette succulente encore chaude et lajarre de l'ben. En ces temps bénis où la livre de sardine était partagée entreles six ou sept voisins d'un même haouch, car il était impensable de mangerseul quelque chose qu'on pouvait sentir du dehors, et celui qui achetait de laviande en faisait goûter ses voisins, sans chercher à savoir s'ils étaientriches ou pauvres. Pendant ces années-là, la seule chose qui différenciait lesAlgériens les uns des autres, était leur soutien aux moudjahidine, ou, leurallégeance au colonisateur. Il n'y a qu'à s'asseoir avec de vénérablesvieillards pour qu'ils commencent à raconter comment tout le peuple algérien, àpart les félons, avaient pris part à la grande bataille pour le recouvrement del'Indépendance nationale. Autant les hommes que les femmes ont participé, dequelque manière que ce fut à cette insurrection qui a été couronnée par ledépart en masse des colonisateurs, dans un grand éclat de joie de tout unpeuple; qui les a accompagnés comme un glas au-dessus de leur tête, signant lafin d'une longue nuit faite de privation, de déni de justice, de hogra, debravades, de tortures, de mensonges et de vols et viols de tous les honneurs del'Algérie ! Chaque année, à l'approche de Novembre, nous oublions nos rancunes,nous faisons fi de la mal-vie, des nids-de-poule, de la pluie qui ne tombe pasou qui tombe trop, des malfaçons dans les constructions de nos cités dortoirs,nous pardonnons toutes les erreurs commises par nous-mêmes contre nous autres,pour nous rappeler uniquement le doux moment du départ des colons, nous faisantredevenir Algériens, même avec nos défauts, n'étant plus français sans patrieet sans droits, goûtant le plaisir sans fin d'être enfin libres, libres de nousporter candidats aux élections législatives, locales ou même présidentielle.Tous les Algériens, même s'ils ne veulent pas en convenir, se sentent fier del'être, de pouvoir demander un passeport, de se rendre dans leur ambassade, devoir le drapeau vert et blanc flotter ailleurs qu'en Algérie. Regardez donc lesjoueurs, les sportifs, les dirigeants, les supporters, les téléspectateurs chezeux, et tous les Algériens, où qu'ils soient, quand l'un des nôtres grimpe surle podium dans les arènes sportives internationales et que retentit Kassamenaux quatre coins du monde, les larmes de tous tombent drues, témoignagepoignant d'une fierté mal contenue, d'être Algérien devant tout le monde, avectout ce que ce terme veut dire. Nous nous devons donc de toujours glorifier nosaînés, nos pères, nos frères, nos mères et nos soeurs, dont certains sontencore parmi nous, pour nous avoir permis de goûter ces instants inoubliablesde nous sentir libres, de dire haut et fort : «nous sommes des Algériens,citoyens libres, d'un pays libre appelé : l'Algérie!». Anoter que plusieurs manifestations sont prévues dans la wilaya de Blida pourcommémorer cette journée historique.