Bouinan, petite commune de la Mitidja est
sortie de l'anonymat après la décision des hautes autorités du pays d'y
construire une nouvelle ville, avec toutes les commodités de la modernité.
Cependant, tous semblent oublier que la
région, hautement agricole, recèle de grandes potentialités touristiques et
autres qu'il conviendrait de rentabiliser. Ainsi, et alors que le simple
passant ne voit de la bourgade que la route principale qui la traverse d'est en
ouest, surtout par les bus qui se dirigent vers Blida, quelques constructions
datant de l'époque coloniale, la grande mosquée, la daïra et l'APC, une
pharmacie et quelques cafés maures semblent les seules marques de vie dans ce
gros village. Mais quand nous nous sommes dirigés vers les hauteurs en
compagnie de M. Zahra, P/APC et ancien avocat, nous nous sommes rendus compte
que la ville est en fait assez grande, s'étendant en largeur, avec de larges
rues, un boulevard et des villas neuves qui donnent un autre cachet à Bouinan.
Nous nous engageons sur une route bordée d'arbres qui nous mène vers la
montagne toute proche. Soudain, nous nous retrouvons sur une piste qui monte en
serpentant le flanc de la montagne.
La
pente est assez abrupte, et nous ressentons très vite la fraîcheur des
hauteurs. La piste est assez bien entretenue, nous roulons assez vite. Après 5
km de trajet nous nous arrêtons. Nous sommes, alors, époustouflés par le
paysage qui s'offre à nos yeux. Nous sommes déjà à près de 800 m d'altitude et
la Mitidja s'offre à nous dans toute sa splendeur, de Blida jusqu'à l'extrême
est de la wilaya. La baie d'Alger est couverte d'un halo qui nous empêche de
bien voir la mer mais les bâtiments blancs de la capitale sont bien visibles.
M. Zahra nous montre alors un val assez profond, pris entre deux collines et
nous informe que l'endroit est dénommé «Oued El Had». La couverture végétale
luxuriante laisse deviner la présence d'eau et la richesse de la terre. Le
P/APC affirme qu'une étude a été faite pour la réalisation d'une retenue
collinaire à ce niveau, ce qui permettra de répondre dans une grande mesure à
l'alimentation en eau potable de la ville de Bouinan, à l'irrigation de grandes
surfaces agricoles et même à l'alimentation de la nappe aquifère souterraine.
D'ailleurs
il existe même un tunnel creusé durant la colonisation pour ramener l'eau de
Oued El Aâch vers Oued El Had, en plus des captages de plusieurs sources pour
son alimentation. En outre, des cascades artificielles pourront être créées en
amont de la retenue, ce qui attirera les citoyens pour la promotion d'un
tourisme rural très prometteur. En effet, l'APC compte investir dans ce créneau
par la création d'un parc de loisirs à El Ayoun ainsi que d'un camp de toile
pour les scouts. L'endroit que nous avons pu visiter est extraordinaire. Des
clairières entourées d'arbres très hauts bercés par une bise rafraîchissante
malgré la canicule qui sévit en ville. Nous continuons notre chemin et la pente
devient de plus en plus forte, nous débouchons alors sur une surface plane de
quelque 70 ha, qui tranche avec les terrains en pente alentours. Nous sommes à
«Taferente» à près de 1.200 m d'altitude, un site enchanteur avec une vue
imprenable sur la Mitidja et toutes les villes qui y sont implantées. Nous
avons l'impression d'être dans un avion et les bâtiments nous paraissent des
jouets, très loin en dessous. C'est l'endroit idéal pour la préparation des
sportifs en hauteur et le P/APC nous indique qu'une étude a été faite et qu'une
proposition a été formulée aux autorités concernées, mais restée sans réponse
jusqu'à maintenant. Pourtant au lieu d'aller en Tunisie ou au Maroc, les
sportifs d'élite algériens peuvent trouver tout ce dont ils ont besoin chez
eux, à moins d'une heure d'Alger-Centre. Il suffit d'un investissement qui
n'égale peut être même pas le prix d'un séjour d'un mois dans les complexes
étrangers. En plus, la région est située à quelques encablures de Chréa et il y
a même un chemin de wilaya goudronné qui y mène.
Nous reprenons la route sur quelques kilomètres puis nous nous
arrêtons à un détour, près d'une fontaine d'eau fraîche qui provient d'une
source située un peu plus haut à flanc de montagne et dont les eaux dévalent la
pente au milieu d'une végétation luxuriante. La source a un débit qui peut
atteindre 30 litres par seconde en hiver, ce qui est suffisant pour
l'alimentation en eau potable de toute la population de Bouinan.
Là aussi, l'APC a fait des propositions
pour le captage des eaux de cette source et attend toujours un signe des hautes
autorités. Au retour, nous empruntons un autre chemin et nous remarquons alors
que plusieurs routes de montagne ont été réalisées.
Celles-ci, reliées entre elles, permettent
l'accès à tous les endroits souhaités, ce qui ne manquera pas de faciliter le
retour des citoyens qui ont fui la région durant les années 90. Ce sont donc
ces potentialités hydriques, touristiques, agricoles qui font la fierté des
habitants de la région et qui ne demandent qu'à être rentabilisées que M.
Zahra, P/APC de Bouinan, a voulu nous faire visiter; ceci pour dire que notre
pays mérite quand même que nous nous y intéressons et que chacun participe à sa
manière, à son émancipation.
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Posté Le : 29/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Tahar Mansour
Source : www.lequotidien-oran.com