Depuis un peu plus d'une année, les
pouvoirs publics ont entamé des réfections tout azimut, des dizaines de
chantiers de rénovation des trottoirs, des rues et ruelles, des conduites
d'AEP, d'assainissement ou de gaz naturel. Les villes ont pour la plupart
changé de look, avec les nouveaux lampadaires, les rues goudronnées et les
avaloirs pour les eaux de pluie qui causaient de nombreux problèmes à tout le
monde.
Bien sûr, les imperfections et les
mauvaises finitions sont légion, les entrepreneurs essaient par tous les moyens
de bâcler leur travail, mais il faut dire que nombreux sont les quartiers qui
ne sont plus boueux et la plupart des rues n'ont plus de nids-de-poule. Mais,
dès que nous sortons de la ville, tout est encore comme avant.
Dans les douars, dans les ex-domaines
autogérés, dans les quartiers limitrophes des villes, les citoyens sont encore
à patauger dans la boue, l'eau est ramenée sur plusieurs centaines de mètres
des habitations, les élèves dans les écoles n'ont pas de chauffage et le
transport laisse à désirer. Pourtant les habitants, petit à petit, ont
construit de véritables petites villas, créant ainsi des agglomérations au beau
milieu des vergers poussiéreux, mais personne n'a cherché à aménager devant sa
porte.
Dans toute la Mitidja, nous trouvons des
douars pareils, soit à l'emplacement des anciennes fermes des colons, soit au
bord de la route. Les rez-de-chaussée des villas sont constitués de grands
magasins que les propriétaires louent à des commerçants au lieu de quartiers
résidentiels, les gros camions viennent de plus en plus nombreux, défonçant les
ruelles et les trottoirs, levant des tonnes de poussière qui se déposera sur
les terrasses. Voyant les premiers arrivés ainsi, et les croyant enrichis parce
qu'ils ont loué des magasins entre 15.000 et 30.000 DA par mois, d'autres
personnes arrivent, s'approprient des lots de terrains pour tous les moyens et
d'autres villas poussent comme des champignons, des «rues» sont créées par la
force des choses et les APC se voient sommées d'y réaliser des voiries
diverses, des réseaux d'AEP et d'assainissement, l'éclairage public et tutti
quanti.
Dans d'autres endroits, ce sont les
bénéficiaires des EAC qui construisent leurs maisons, et c'est la loi qui le
leur permet, mais, très vite, ils en viennent à réclamer des actes de
propriété, l'eau courante, le bitumage des chemins, l'assainissement et tout ce
qui se trouve dans la ville, oubliant totalement qu'ils sont sur une terre
agricole qui sera totalement perdue si nous y introduisons le goudron, les
trottoirs et les autres réseaux. Pourtant, et parce que les autorités ont
laissé faire pendant de longues années pour cause d'insécurité et de
terrorisme, il faut quand même que ces nouveaux douars constitués de villas
carrées, sans aucun cachet particulier, soient rattachés à ce qu'ils considèrent
comme les signes de la modernité et du bien-être, c'est-à-dire l'électricité,
le gaz de ville, l'eau courante, l'assainissement, le goudron. Ils réclameront
par la suite une salle de soins, une antenne de l'APC, des commerces divers et
le cachet particulier sera à jamais perdu, au lieu d'agriculture ce sera des
commerces, nous consommerons ce que les autres voudront bien nous vendre alors
que notre pays est un véritable paradis terrestre et il nous suffit de
travailler la terre pour arriver à une autosuffisance alimentaire. Mais il
parait que ces douars auront quand même gain de cause et qu'ils seront dotés de
toutes ces commodités, surtout quand on voit les multiples visites faites par
les autorités locales et les enveloppes budgétaires qui ont été dégagées pour
ce faire.
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Posté Le : 28/04/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Tahar Mansour
Source : www.lequotidien-oran.com