C'est Ramadhan de l'année 2007, mais depuisplus de quinze jours déjà, les ménagères le préparent.Bien sûr, ce ne sont plus les préparatifsde nos mères et grands-mères qui se faisaient un honneur de ne manger que cequ'elles faisaient avec leurs mains, comme le vermicelle ou le concentré detomate, mais toujours est-il que, malgré tout, nous sentons qu'un évènementd'importance se dessine à l'horizon. Dans toutes les discussions entre femmes,il n'est plus question de robes et de noces, mais plutôt de grand nettoyage dela maison, d'ustensiles de cuisine et de rénovation : «il faut bien accueillirsidna Ramdane !» affirment-elles. Dans les marchés, dans les échoppes et lesmagasins, il n'y a que le mois de jeûne qui importe. Beaucoup de jeunes fontdes affaires en vendant des assiettes, des bols à soupe, des soupières etautres ustensiles que les femmes tiennent à remplacer chaque année. Surtoutque, depuis quelque temps, la Chine nous envoie toutes sortes de marchandises à des prixrelativement bas, même si la qualité fait défaut.Vous entendrez ces marchands crier partoutdans les rues et les marchés : «7 assiettes pour 200 dinars, la soupière à 400,remplissez votre maison, madame». Les vendeurs d'épices ont fait le plein detoutes sortes de condiments et, du matin au soir, sans interruption, ils sontsollicités par des hommes et des femmes qui font le plein pour... plusieursmois. Dans toutes les villes, dans les rues et ruelles, sur les boulevards etau niveau des places publiques, les cafés sont déjà fermés pour le grandnettoyage alors que les pizzerias font leur mue et nous voyons les fourneaux àgaz et les grandes bassines sortir sur les trottoirs, alors que l'odeurparticulière de la Zalabiaalourdit l'atmosphère encore chaude de ce début septembre. Les boulangers aussichangent de look et multiplient les trouvailles pour attirer le client. Durantle mois de Ramadhan, nous avons droit à du pain succulent, aux formes diverseset à profusion.Le Kalbalouz a aussi fait son apparition,mais un peu plus cher d'année en année. Toujours pour le manger, plusieurs échoppesont changé comme par miracle de fonction et proposent toutes sortes de jus, delimonades et autres eaux minérales.Tout ceci est fort normal et ce sont descomportements sociaux typiques du mois de Ramadhan, même si la finalité dujeûne n'est pas justement dans «beaucoup manger». Mais, malheureusement, il y ad'autres comportements qui ne sont pas normaux et qui discréditent leursauteurs et font perdre à leur dévotion toute son essence. Dans lesadministrations, chez les artisans, chez les gens de métiers, il faut reveniraprès le mois de carême pour pouvoir faire valoir un droit ou se faire réparerquelque chose. Ceci d'un côté, alors que de l'autre, ce sont les dépensesinconsidérées qui font du mal à tout le monde. Tous les prix prennent l'ascenseurà cause de ceux qui achètent à tort et à travers, faisant basculer la loi del'offre et de la demande du mauvais côté. D'ailleurs, il n'y a qu'à jeter uncoup d'oeil à la BDLpour voir des files d'hommes et de femmes attendre leur tour pour mettre leuror «au clou» contre quelque somme d'argent qu'ils dépenseront en nourritured'apparat dont ils jetteront la plus grande partie. Les rues sont aussibeaucoup plus animées et nous remarquons une sorte de frénésie qui s'estemparée des gens, surtout la gent féminine, qui achètent tout, sansdiscernement et sans aucun bon sens. Ceci a entraîné l'apparition d'uncomportement très négatif de la part de nombreux commerçants qui pratiquent larétention et augmentent les prix des produits de large consommation à leur gré.Un passage dans les marchés ou dans les magasins nous renseigne de la meilleuremanière sur cette pratique. La viande, ovine ou bovine, a pris entre 80 et 150dinars de plus, le poulet est monté crescendo, passant de 150 dinars lekilogramme il y a un mois, à 180 puis 200 et passera certainement à plus. Latomate, la salade, les carottes, l'oignon ont tous vu leurs prix augmentersensiblement tandis que Dame courgette, méprisée durant 11 mois, prend sarevanche et nargue les autres légumes du haut de ses 120 dinars le kilogramme,et encore dans les marchés populaires. Avec l'augmentation du prix du sucre, cesont les gâteaux du Ramadhan qui seront... à la fête, avec entre 5 et 30 dinarsde plus selon la qualité et le lieu. Enfin, cette année, beaucoup de nosconcitoyens ont peur d'avoir à jeûner en pleine canicule, surtout que, cesderniers jours, le mercure est monté et affiche une moyenne de 30 °C. Et pourtant il y aaussi de bonnes choses, comme la communion entre les musulmans, l'entraide etles soirées qui s'allongent jusqu'après minuit. Les mosquées aussi, font leplein et, même pour la prière du Sobh, il est difficile de trouver une placedans la mosquée, surtout celles des quartiers populaires.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 12/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Tahar Mansour
Source : www.lequotidien-oran.com