Le temps des roses révolu Je n?ose plus emprunter les rues du souk, endroit où je suis née, à cause de l?état des rues », criera presque une vieille femme haletante et s?appuyant sur sa canne. Agée de 79 ans, elle attendait sa fille, elle-même âgée de 60 ans, qui faisait ses courses de fruits et légumes. Celle-ci aura la cheville tordue juste en sortant de la rue du 17 Juin. Cause de la blessure : des trous pleins la rue et qui transforment la marche en un parcours du combattant. Haussant la voix, elle criera sa haine d?être restée en Algérie : « J?avais moi-même demandé à mon défunt mari de rester au pays en 1966. J?aurais dû l?écouter et ne pas subir ainsi aujourd?hui tout ce qui illustre le non-respect aux vieilles générations. » Les rues Bersali, Chouïet et 17 Juin deviennent impossibles, surtout par les temps de pluie et nul véhicule ne peut circuler durant toute la journée. Une femme habitant un des immeubles proches de la mosquée Stambouli, devant être emmenée d?urgence dans une ambulance, était restée chez elle, faute de passage libre. « Que se passerait-il au cas où de graves incidents surviendraient », dira un voisin. L?entrée au centre-ville par la rue des Martyrs est impossible sauf au cas où des autorités viendraient en visite. Le quotidien des habitants est fait de saleté, d?injures et de quolibets lancés à tue-tête. Un espace de non-droit semble établi et accepté par tous. Un groupe de jeunes, en marge des normes de la vie commune, installa des piquets avec renforcement enbéton sur une large partie du trottoir. Un premier avertissement leur fera cesser l?installation puis ils reviendront à la charge le lendemain sans être nullement inquiétés. Ils disposent d?un espace de 4 m de long sur 2 m de large exonérés de tout impôt et imposant aux passants un détour par la route où même les voitures ne peuvent plus circuler. Le nombre de commerces ainsi établis se compterait par centaines dans la ville de Blida, faisant sans doute la joie des visiteurs d?un jour, venus de plusieurs localités proches de Blida mais faisant subir aux autres les affres de la vie non réglementaire. La joie offerte par la vue des plantes et des fleurs sur le principal boulevard Laïchi Abdellah, qui dispose d?une large allée, ne peut occulter tout le reste fait d?ordures ménagères, de stationnement payant à des bandes organisées qui menacent tout récalcitrant avec leurs propres lois, des espaces à l?intérieur de la ville monopolisés au seul profit des personnels de la défense nationale, des crachats et des insultes indignes d?une localité se voulant et se croyant « civilisée ». Plus grave encore, l?environnement des établissements scolaires est squatté par des bandes d?énergumènes qui font peur aux jeunes filles et imposent certains comportements au détriment des libertés individuelles. Aucune ronde de police aux abords des lycées et collèges afin d?interdire, justement, tout rassemblement qui pourrait nuire à la quiétude des parents. « Je n?ose plus attendre ma fille à la maison. Je vais à sa recherche devant le collège quand elle doit sortir à 17h », lâche une mère éplorée : « Ma file a reçu des menaces d?une bande qui la suit sur plusieurs centaines de mètres afin qu?elle change de tenue vestimentaire. A qui se plaindre ? », continue-t-elle. Période d?examens où les élèves sortent à la fin de leurs devoirs, la rue les accapare avec tous les dangers guettant leur innocence. Qui est responsable des actes pouvant nuire à leur santé ou à leur vie tout simplement ?
Posté Le : 06/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : A. Mekfouldji
Source : www.elwatan.com