Depuis maintenant un mois, et chaque soir que Dieu fait, une équipe du Croissant-Rouge algérien de Blida sillonne la ville à la recherche de ceux qui n?ont pas trouvé où aller durant les nuits glaciales de janvier et février, et leur apporte une aide, même modeste, mais ô combien précieuse.En effet, les SDF reçoivent un repas chaud confectionné par des volontaires du CRA grâce à des dons de personnes charitables qui remettent de la viande, du pain, des légumes et des fruits. De temps en temps, ce sont des couvertures, des habits ou des souliers qui leur sont remis pour alléger un tant soit peu leur souffrance. Ils sont donc entre 60 et 70 hommes, femmes et enfants à dormir un peu partout à travers la ville, ayant pour seul literie un carton ou, à la rigueur, un matelas crasseux qui a vu des jours meilleurs. Les volontaires du CRA savent où les trouver, sous les porches des magasins, à quelques mètres d?un poste de police, surtout pour les femmes, à la recherche d?un peu de chaleur et de sécurité. Les hommes sont en général plus nombreux que les femmes et aussi plus âgés. Ainsi, les hommes ont généralement plus de 50 ans alors que l?âge des femmes se situe entre 40 et 50 ans, mais les enfants sont peu nombreux. La misère se lit sur leurs visages burinés par les vicissitudes du temps et des années de galère que la plupart ont derrière eux. Ce qui est curieux, c?est qu?il y a très peu de malades mentaux parmi ceux qui passent la nuit dehors, alors que durant la journée, nous en rencontrons à tous les coins de rues.Concernant les SDF, il faut dire que presque personne ne sait d?où ils viennent. Ils taisent soigneusement leurs véritables noms ainsi que leurs villes de résidence. Certains sont relativement propres, même si leurs vêtements sont éculés, et il n?y a peut-être qu?un ou deux qui ont quelques rudiments d?instruction.D?après M. Gourma Mohamed, le président du Comité de wilaya du CRA, certains de ces SDF sont des pensionnaires de centres de vieillesse d?où ils se sauvent et qui viennent d?assez loin pour ne pas être reconnus et reconduits dans ces centres; d?autres, surtout les femmes, sont tout simplement des mendiants qui passent leurs journées à tendre la main et demander l?aumône devant les mosquées et dans les marchés puis, le soir venu, pour des raisons diverses, elles ne rentrent pas chez elles, passant quelques nuits dehors, recroquevillées sur des cartons et recouvertes de couvertures crasseuses. Bien entendu, elles vont le plus près possible des commissariats et ne sont pas tendres avec ceux qui essaient de profiter de leur situation. Parfois elles se mettent à trois ou quatre pour se défendre et n?admettent pas qu?on les approche. Voulant leur poser quelques questions, elles refusèrent catégoriquement malgré l?intervention de personnes qu?elles ont pris l?habitude de voir quotidiennement. Pour les enfants, nous n?avons vu que cinq ou six, âgés entre 4 et 10 ans, en guenilles et les joues creusées. Selon des indiscrétions non vérifiables, ce seraient des orphelins recueillis par ces femmes et leurs familles pour les utiliser lorsqu?elles mendient.Ainsi, la solidarité entre Algériens est donc toujours de mise et des pauvres parmi les pauvres trouvent toujours quelques âmes charitables qui les aident, quels que soient le temps, le lieu et les circonstances.
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Posté Le : 03/02/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Tahar Mansour
Source : www.lequotidien-oran.com