Algérie

Blida: Que devient la médecine du travail ?



L'été et les grandes chaleurs propices à toutes sortes d'intoxications pointant du nez, l'association médicale Ibn Sina a programmé un séminaire national de deux jours, les 3 et 4 juin courant, ayant pour thème «les intoxications», et ce, au sein de l'annexe universitaire de l'université Saad Dahlab de Blida. Plusieurs éminents spécialistes des hôpitaux de Blida, Boufarik et Bab El-Oued ont développé plusieurs sujets concernant les intoxications, les moyens à mettre en oeuvre pour les prévenir et aussi les actions curatives d'urgence. Il y a lieu de noter que les intoxications diffèrent selon les produits qui les ont causées, celles alimentaires étant les plus nombreuses. Ainsi, outre les intoxications alimentaires qui ont d'ailleurs eu la part du lion lors de ce séminaire, il y a les intoxications médicamenteuses, aux produits chimiques, aux psychotropes, au gaz carbonique, par les produits toxiques sur les lieux de travail, et même les intoxications aux insecticides. Ce séminaire national se veut donc un moyen de rencontre entre les différents intervenants dans les cas d'intoxication, aussi bien en amont qu'en aval. En effet, et comme pour tout ce qui touche à la santé en général, la prévention et les précautions à prendre constituent la manière exemplaire de lutte contre les différentes maladies. Les travailleurs en contact avec des produits toxiques doivent être suivis régulièrement par les spécialistes de la médecine du travail. Mais les responsables de cette structure au sein de la DSP affirment que peu d'entreprises déclarent leur personnel, ce qui rend caduque toute tentative de prévention des risques, surtout s'ils sont latents. En effet, les lois stipulent que tous les travailleurs doivent être suivis médicalement de manière régulière pour prévenir toute maladie professionnelle ou autre. Le docteur Titeri, de la DSP de Blida, affirme que sur les 95.000 travailleurs au niveau de la wilaya, seuls 25.000 sont déclarés au sein de la médecine du travail et sont suivis régulièrement. Même les contrôles des inspecteurs du travail et les PV dressés n'ont pu décider les responsables des différentes entreprises de faire les déclarations nécessaires. Les spécialistes préconisent, dans leurs interventions, une sensibilisation non-stop sur les risques que courent les travailleurs non suivis médicalement aussi pour eux-mêmes que pour leurs familles ou la société en général. L'autre grande cause d'intoxication, et qui est plutôt spectaculaire, est celle alimentaire. Il faut signaler que les intoxications alimentaires sont dues, selon des statistiques officielles, aux pâtisseries pour environ 50% des cas, aux viandes rouges, aux poissons, aux viandes blanches et aux produits de consommation rapide pour les autres. Les intoxications alimentaires dans les cantines scolaires et dans les fêtes demeurent relativement rares, même si le nombre d'intoxiqués est plus grand pour chaque cas. Pour éviter toutes ces intoxications, c'est le contrôle de tous les produits destinés à la consommation humaine qui doit être institué de manière systématique, mais dans la situation actuelle, il reste encore à l'état embryonnaire. Si nous savons que les Algériens consomment 3 milliards de litres de lait et 400.000 tonnes de poissons par an, et que le nombre de laboratoires au niveau national n'est que de 19, il y a lieu de se demander comment le contrôle pourra-t-il être fait de manière sérieuse pour les 1,2 million de commerçants qui exercent en Algérie. En outre, et toujours d'après les spécialistes, la viande d'importation constitue un risque majeur d'intoxication car la chaîne de froid n'est pas respectée «et nous trouvons de la viande congelée exposée au soleil puis remise dans le congélateur à des températures non conformes, ce qui l'altérera et en fera un poison potentiel». Les crèmes glacées, les fromages, les merguez dont la durée de vie n'est que de huit heures, et beaucoup d'autres produits alimentaires sensibles et très consommés par les Algériens, sont pointés du doigt et accusés d'être la cause de milliers de cas que nous ne pouvons malheureusement pas recenser car il n'y a aucune statistique sérieuse à ce sujet, à part quelques recoupements qui ne traduisent qu'une infime partie de la réalité. Une autre source d'intoxication demeure dans l'automédication et, là aussi, la sonnette d'alarme est tirée par tous les intervenants qui préconisent une sensibilisation ininterrompue des citoyens ainsi que l'obligation aux pharmaciens de ne vendre les médicaments que sur ordonnance médicale. D'ailleurs certains spécialistes affirment que l'automédication est responsable de près de 50% des intoxications. Toujours dans le cadre des intoxications médicamenteuses, certaines sources déclarent que 80% d'entre elles sont volontaires et ceci dans un but suicidaire. En outre, le manque de personnel médical et paramédical spécialisé en toxicologie concourt à augmenter la mortalité et les complications lors d'intoxication. D'autres causes d'intoxication sont observées, surtout à l'approche de la saison chaude, et ont trait aux intoxications aux pesticides et aux produits chimiques. Ces produits, qui causent souvent une intoxication aiguë, sont largement utilisés dans les milieux domestiques pour lutter contre les moustiques et les blattes, notamment. Le manque de conformité de ces produits et leur mauvaise utilisation font que ce sont bien sûr les femmes et les enfants qui sont les plus touchés. Là aussi, la sensibilisation et la prévention devraient jouer un rôle essentiel afin d'en diminuer le nombre, qui est en constante augmentation, surtout avec l'ouverture du marché algérien aux produits étrangers, qui sont dans la plupart des cas contrefaits et carrément dangereux. Enfin, et au terme de la deuxième journée de ce séminaire, les participants ont présenté diverses recommandations qui seront transmises aux autorités sanitaires et politiques pour une prise en charge adéquate de ces risques qui peuvent être évités dans une large mesure par des mesures de sensibilisation, de contrôle, de suivi et de respect des normes de fabrication.


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