Algérie

Blida Où est passé le sachet de lait ?



Le phénomène des chaînes interminables, des disputes et des passe-droits reprend depuis quelques jours pour l'acquisition du fameux sachet de lait. En effet, les laiteries privées étant en grande partie à l'arrêt pour cause de grève, les commerçants ne reçoivent que le lait provenant des laiteries étatiques. Dans plusieurs villes, nous avons remarqué des files de citoyens de tous âges, qui attendaient impatiemment l'arrivée du camion de lait. C'est un spectacle désolant que les Algériens croyaient révolu à jamais mais que nous retrouvons encore, avec tous les inconvénients. C'est un remake de la situation vécue au début de l'année quand les laiteries privées réclamaient une augmentation du prix du sachet de lait en prétextant l'augmentation de celui de la poudre de lait sur le marché mondial. La situation a été débloquée par la décision prise par l'Etat de prendre en charge la différence et soutenir ainsi le prix du lait à la consommation et a, pour ce faire, dégagé une subvention exceptionnelle de 111 millions d'Euros, ceci pour l'année 2007, qui tire à sa fin. Le cours mondial de la poudre de lait étant encore sujet à des augmentations importantes, les producteurs privés réclament une augmentation du soutien de l'Etat, qu'ils voudraient voir passer de 15 à 20 DA par litre. Pourtant, l'Algérie, qui produit environ 2 milliards de litres de lait frais par an pour des besoins estimés à un peu plus de 3 milliards de litres si la consommation par habitant se situe à environ 100 litres/an, peut facilement atteindre une autosuffisance pour peu que la filière lait soit prise en main de manière efficiente. Il ne faut pas oublier que cette situation de dépendance grandissante du marché mondial pour l'approvisionnement en poudre de lait est due surtout à l'absence d'une politique laitière au cours des différents plans de développement, ce qui a fait que la croissance de la production de lait n'a pas suivi celle de la consommation qui a connu une forte augmentation sous l'effet de la croissance démographique et du soutien par l'Etat des prix à la consommation. Quant à l'élevage des vaches laitières, il est demeuré très extensif et peu productif, ce qui explique la grande absence de la production locale. En outre, et selon certains sources, la collecte industrielle de lait cru avoisine 30 % de la production du pays, le reste étant vendu dans le secteur informel en l'état ou tout au plus transformé en petit-lait (l'ben) et en petites quantités de beurre. En outre, des quelques mesures incitatives introduites par l'Etat, comme l'importation de vaches laitières ou le soutien des prix à la production, il ne reste plus rien car, les bénéficiaires ont, dans la majorité des cas, perverti ces mesures en vendant les vaches laitières pour les abattre. Enfin, et si nous revenons à ces journées de pénurie, nous remarquerons que la production du secteur étatique pourrait pallier dans une certaine mesure celle du privé si les citoyens «jouaient le jeu» en évitant de stocker du lait à outrance de peur d'en manquer. Nous avons été témoins de plusieurs scènes où le civisme était oublié pour ne laisser place qu'à un égoïsme sans fard. En effet, un homme est entré dans une épicerie où il est client et demande à l'épicier de lui donner 6 sachets de lait. Bien entendu, il se voit refuser cette demande et proposer deux sachets pour aujourd'hui et demain. Mais le client pique une colère très vive et insulte l'épicier et la situation allait empirer n'était-ce la présence d'autres clients qui ont fait difficilement entendre raison à l'homme coléreux. Ailleurs, toujours dans une épicerie de quartier, c'est l'épicier qui nous rapporte ces faits qui renseignent on ne peut mieux sur le civisme de certains de nos concitoyens : «Hier, j'ai reçu la visite d'un homme d'une cinquantaine d'années qui pénétra dans mon magasin juste après le passage du camion de distribution de lait et me demanda de lui vendre tous les sachets que j'avais (environ 150) à 30 DA l'un. Bien entendu, j'ai refusé mais il m'a insulté avant de monter dans sa camionnette et partir». Quoiqu'il en soit, pour la wilaya de Blida, les services de la DCP ont pris contact avec les deux producteurs privés exerçant sur le territoire de la wilaya et les ont exhortés à reprendre leur activité afin d'assurer un approvisionnement régulier de la population. En outre, la laiterie d'Arib dans la wilaya d'Aïn Defla ayant une disponibilité suffisante en lait, la DCP de Blida a pris attache avec les distributeurs locaux pour les diriger vers cette laiterie afin de s'y approvisionner. Ainsi, la pénurie que connaît la région sera jugulée, en attendant les prises de décision au niveau gouvernemental pour régler une bonne fois pour toute ce problème.


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