Algérie

Blida : Logements sociaux le casse-tête des listes



Depuis l'indépendance, l'Algérie n'a eu de cesse d'oeuvrer au bien-être de ses citoyens, surtout en matière de logements, construisant à tout-va, afin de permettre à chaque Algérien d'avoir un toit et de recouvrer sa dignité. Mais la politique sociale n'avait pas marché.

La crise économique et politique de la fin des années quatre vingts allait tout chambouler, puis vinrent les années de feu où tout était à l'arrêt: ni construction, ni logements à distribuer. Puis vinrent la paix, la réconciliation nationale, Bouteflika président et son million de logements.

Dans chaque APC, à partir de 1996, des milliers de demandes de logements sont déposées. Les premiers quotas de logements sociaux post-décennie noire furent livrés, et c'est la curée! Les listes sont élaborées, corrigées, recorrigées, dans le plus grand des secrets. Les protestations commencèrent alors à fuser, dans quelques endroits les jeunes brûlent quelques pneus, les services de sécurité déblaient le terrain, la liste passe quand même et, quelques jours après, tout se tasse. Les décisions et les clefs sont remises, les cités nouvellement construites prennent vie. Les nouveaux habitants arborent des sourires satisfaits.

Des bénéficiaires qui n'ont pas rejoint les nouveaux logements qui leur ont été affectés ont tout simplement vendu, très très cher, le droit de jouissance. Dans le jargon populaire, c'est carrément «vendu la maison» qui est utilisé, et c'est la vérité! Ce droit s'élevait de 150 à 300 millions de centimes, parfois plus, pour un F3 ou un F4. C'est donc une véritable mafia des logements qui s'est installée au détriment de pauvres citoyens qui, par principe ou par incapacité, n'ont jamais bénéficié d'un logement social malgré la précarité de leur situation, tant financière que concernant l'habitation.

Les contestataires se multiplient, les routes sont coupées, les pneus brûlés, les édifices saccagés, la police anti-émeutes intervient: tout cela fit son apparition à la première page des journaux et étaient sur toutes les bouches.

Le pouvoir central, conscient des graves dérives qui pouvaient résulter de ces actes, prit la sage décision de charger les chefs de daïra de ce dossier très délicat. Les commission furent installées et ont assaini, à partir de 2005, tous les dossiers. Le P/APC n'est plus qu'un membre au sein de la commission mais comme la plupart des chefs de daïra ne sont pas natifs du lieu où ils exercent, ils demandent son aide. Les chefs de daïra ont su gérer la situation.

Les premières listes ont été affichées et les citoyens n'en croyaient pas leurs yeux. La plupart des noms qu'elles portaient étaient ceux de personnes véritablement nécessiteuses, à part quelques rares cas vite dénoncés. Mais malgré cela, la contestation est restée, pas aussi forte qu'avant mais elle est restée quand même. De véritables guerres psychologiques sont menées contre les membres de la commission. Les nerfs sont à bout mais la liste sort tout de même. Et là commence une autre manière de faire. Nous avons vu des personnes dénoncer et contester leurs propres frères, soeurs et même une fille qui affirmait qu'on aurait du porter son nom plutôt que celui de son propre père chez qui elle habitait. Des rumeurs sont colportées contre certaines femmes qui ont été bénéficiaires ainsi que sur la plupart des hommes. Et les jeunes, poussés par ceux qui ont été déçus de ne pas voir leurs noms portés sur les listes, commencent à tout casser, à barrer les routes et à brûler des pneus usagés. Ces contestations sont aussi faites par des personnes qui sont dans le besoin et qui n'ont pas bénéficié, pour la simple raison que le nombre des nécessiteux dépassait de loin celui des logements à octroyer. Ils se sentent quand même lésés et manifestent leur mécontentement de manière bruyante, parfois en s'en prenant même à ceux qui ont bénéficié avant eux. C'est donc une véritable gageure que de vouloir établir une liste de bénéficiaires de logements sociaux sans qu'il n'y ait de contestations. Mais il reste que les pouvoirs publics sont appelés à rétablir une véritable confiance entre le citoyen et l'administration.






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