Algérie

Blida : Les gardes communaux ne décolèrent pas



Au deuxième jour du Ramadhan, les gardes communaux campent toujours, non loin de Boufarik, même s'ils se font maintenant plus discrets. En effet, se trouvant dans les prés, de part et d'autre de la voie rapide Blida/Alger, beaucoup d'automobilistes empruntant cette route, ne les voient même pas et affirment qu'il n'y a plus rien, mais les hommes que nous avons l'habitude de voir, dans leurs tenues aux deux tons de bleu, sont toujours là, vivant une situation dramatique, loin des leurs, sans aucun support ni vision claire du futur proche. Avec la chaleur qui continue de sévir, la soif et la faim qui les dévorent, tout devient de plus en plus difficile pour les gardes communaux qui, malgré tout, sont décidés à aller toujours à la capitale.
Nous avons contacté leur représentant national, M. Aliouat Lahlou, dont la voix dénotait la lassitude, la faiblesse physique et non morale. Il a affirmé que les gardes communaux continuent d'affluer vers Boufarik de toutes les régions du territoire national, de Béjaïa, Tizi-Ouzou, Constantine, Jijel, Ain Defla, Oran et d'autres contrées encore plus lointaines. « Nous sommes, de plus en plus, nombreux, l'impatience gagne la plupart d'entre nous, nous souffrons mais nous tiendrons bon, nous irons jusqu'à Alger, quoiqu'ils fassent pour nous en empêcher » a-t-il dit d'une traite, sans s'arrêter, comme s'il voulait se débarrasser d'un poids trop lourd qu'il portait sur les épaules. Puis, sans transition, il déclara que : «aujourd'hui et demain, nous allons continuer à nous rassembler ici puis nous marcherons lundi matin, toujours plus nombreux, sur Alger, et que le gouvernement prenne ses responsabilités pour tout ce qui pourrait arriver ». M. Lahlou rappela que les esprits commencent à chauffer, que l'explosion pourrait être beaucoup plus proche qu'elle ne paraît et que les autorités doivent prendre leurs responsabilités devant tout ce qui pourrait advenir. Questionné sur la façon dont ils font carême dans pareille situation, le représentant national des gardes communaux précise : « nous achetons le strict nécessaire pour manger une fois le Maghreb annoncé, c'est difficile mais notre volonté d'aller de l'avant est beaucoup plus forte, surtout que nous ne demandons pas autre chose que nos droits les plus élémentaires ». Il a aussi tenu à lancer un appel aux institutions humanitaires et à tous ceux qui pourraient faire quelque chose afin qu'ils interviennent afin de prévenir la véritable catastrophe humanitaire qui se dessine à l'horizon. Il déclara aussi que les citoyens les ont beaucoup soutenus, tout comme les anciens moudjahidine et des ONG étrangères. A la fin, M. Aliouat Lahlou a voulu lancer un appel pressant au président de la République afin qu'il intervienne en leur faveur et qu'il les fasse rentrer dans leurs droits.
Sur place, des dizaines de gardes communaux continuaient d'affluer, de nouvelles huttes sont érigées çà et là et la détermination de ne point reculer se lisait clairement sur les visages brunis par le soleil.
Le deuxième jour de Ramadhan égrenait ses heures tout doucement, alors que les gardes communaux s'apprêtent à rompre le jeûne loin des leurs, dans des circonstances très difficiles. Rendez-vous est donc donné pour ce lundi : les gardes communaux pourront-ils continuer leur route vers Alger '


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