Blida : les constructions anarchiques près des installations énergétiques, une bombe à retardement

Le phénomène des constructions anarchiques près ou sur des installations énergétiques (gazoducs et /ou pylônes électriques), s'est propagé d'une manière inquiétante, ces dernières années à Blida, a-t-on relevé auprès de la société de distribution de l'électricité et du gaz du Centre (SDC) de Blida.
En construisant leurs bâtisses près ou sur ces installations, les citoyens semblent ignorer ou négliger les dangers auxquels ils s'exposent, pouvant conduire jusqu'à la mort, déplore-t-on, à cet égard.
Quelque 215 cas de constructions érigées à l'intérieur du périmètre réglementaire de sécurité du réseau de distribution de l'électricité, ont été recensés à travers les différentes communes de cette wilaya, a indiqué, à ce sujet, à l'APS, le chargé de la communication de la SDC, Merouane Kassentini.
Cette société a reçu, à ce jour, plusieurs demandes de citoyens pour le transfert d'un total de 45 km de lignes de raccordement au réseau électrique, pour un coût estimé à 70 millions de DA, selon lui en précisant qu'il s'agit de constructions situées près du réseau de moyenne tension, dans les communes de Mouzaia, Boufarik, Beni Tamou et autres.
S'agissant des constructions réalisées près ou sur des gazoducs, la SDC fait état de l'enregistrement de 61 cas, dont 24 dans des communes situées à l'est de la wilaya, telles que Bouguerra, Larbaa et Meftah, et 18 autres dans des communes situées au centre telles Boufarik, Soumaa et Chebli , alors que le reste est réparti dans la région ouest de la wilaya , notamment à Mouzaia et El Affroun.
Le quartier de Sidi Khelifa à Beni Mouimene ( El-Affroun) : une bombe à retardement
Le quartier de Sidi Khelifa, dans la commune d'El Affroun, est considéré comme étant le plus exposé aux risques d'explosion ou d'électrocution. Quelque 300 familles y ont érigé, en toute insouciance ou par ignorance des dangers qu'elles encourent, des constructions sur des conduites de gaz ou sous des lignes d'électricité à basse tension.
Cette situation entrave énormément, par ailleurs, le travail des équipes d'intervention pour la prise en charge des pannes d'électricité ou de gaz, a-t-on souligné.
Par mesure préventive, la SDC a procédé, depuis une semaine, à la coupure de la conduite d'alimentation en gaz naturel au niveau du quartier en question, pour parer à d'éventuels dangers pouvant émaner de fuites de gaz.
Cette mesure préventive, bien que prise dans l'intérêt des habitants, n'a pas été appréciée par certains, "puisque un individu, qui n'a sûrement pas pesé le degré de gravité de son geste, s'est même permis de rouvrir la vanne de distribution du gaz, exposant ainsi ses concitoyens à un danger d'explosion, pouvant survenir à tout moment", a-t-on déploré.
Plus de 156 plaintes introduites auprès de la justice
Selon Hamani Bachir, un spécialiste de ce dossier, maître-assistant de son état à l'Ecole technique de l'Entreprise Sonelgaz de Blida, "ce phénomène a pris des proportions alarmantes, à telle enseigne que l'Entreprise a du introduire pas moins de 156 plaintes en justice, suite à l'échec essuyé par les multiples notifications adressées aux concernés, au même titre que les innombrables correspondances destinées aux autorités en relation avec la question".
Des pertes en vies humaines
Les préjudices occasionnés par la faute de ces familles, qui sont en infraction totale avec la loi, ne s'arrêtent pas là, puisque des pertes en vies humaines ont été déjà déplorées l'année dernière, a-t-on indiqué à la Sonelgaz.
Ses services signalent, à cet égard, que 4 personnes sont décédées par électrocution alors que 7 autres ont été blessées à des degrés divers au niveau de ces sites, sachant que ces chiffres, en dépit de leur gravité, ne reflètent nullement le "péril" représenté par ce phénomène à haut risque, car il existe plusieurs cas non déclarés aux autorités compétentes, a-t-on précisé.
Le dernier en date de ces cas, dont on ne mesure la gravite qu'une fois trop tard, est celui d'un enfant de 10 ans, mort électrocuté, le mois dernier, à Bougara, à cause d'un poteau électrique installé tous près du domicile parental.
Aussi, afin de sensibiliser les citoyens sur la gravité des risques encourus par l'édification de constructions aux abords immédiats des installations énergétiques, qui pourraient leur coûter la vie, la Société de distribution du gaz et d'électricité du centre (SDC) a initié, en coordination avec les services concernés, de nombreuses campagnes, caravanes et rencontres d'information sur le phénomène.