Les images auraient pu être plus parlantes et le propos plus inspiré. Hier, c'était le début de la vaccination retransmis sur la télévision «publique» à partir de Blida. Nous parlerons d'abord de la vaccination, de Blida et enfin de ce qu'on pouvait attendre comme instant télé en la circonstance. Du vaccin et de la vaccination, il faudra certainement rappeler ce qu'était le monde et ce que disait tout le monde - ou presque - à l'évocation du sujet. Il y avait d'abord la folie complotiste, droite dans ses certitudes : le vaccin est déjà prêt, on lui a donc créé la... maladie. Ils sont moins nombreux aujourd'hui mais ils existent encore, grand bien leur fasse. Il y a eu d'autres plus lucides mais un peu trop... réalistes qui n'imaginaient pas de vaccin avant de longues années et suggéraient que d'ici là, il faudra résister avec d'autres moyens. Il y a enfin, les fous optimistes. Ils étaient rares mais il y en avait. Ils n'étaient pas les plus écoutés mais ils ont résisté, parfois dans un environnement insupportable. Aujourd'hui, ils ont raison. Ils ont le triomphe modeste et chevillé à l'essentiel mais ils ont triomphé. Le monde est avec eux. L'Algérie aussi. L'Algérie a eu les appréhensions, les inquiétudes et les doutes du reste de la planète. S'y sont greffées ses peurs propres, ses «angoisses spécifiques» qui sont rarement injustifiées. Son système de santé calamiteux, ce n'est tout de même pas une vue de l'esprit. Ses retards managériaux qui ne peuvent pas faire face à un malheur d'une telle dimension, ce n'est pas une invention du diable. Et puis une situation insurrectionnelle qui n'offre pas les meilleures conditions pour combattre un mal d'une telle dimension. Pour cela, il fallait un maximum de confiance entre gouvernés et gouvernants pour agir ensemble. C'était loin d'être le cas et c'est le moins qu'on puisse dire. Pour rester dans le vaccin, on disait que l'Algérie allait être le dernier pays à en acquérir. On savait que l'argent n'était pas un problème mais on savait aussi que le reste, tout le reste ne pouvait naturellement, spontanément et... immédiatement suivre. Nous ne pouvions compter ni sur une logistique performante, ni sur un personnel préparé à l'opération, ni sur un pouvoir politique débarrassé de ses vieux démons. Hier, la vaccination a donc démarré à Blida, ville et région symboles des douleurs les plus cruelles et des perspectives les plus inquiétantes. La télé aurait pu «travailler» son sujet mais c'est peut-être trop lui demander. On pouvait quand même l'attendre, parce que ça aurait été utile. Or, ceux qui ont parlé ne savaient pas parler, ceux qui interrogeaient ne posaient pas les bonnes questions et ceux qui ont filmé ne savaient pas filmer. Heureux que ceux qui vaccinaient sachent vacciner. On va s'en tenir au plus important, parce qu'à partir de Blida d'où le ministre de la Santé et le président du Comité scientifique avaient parlé, on n'a même pas pu - ou voulu - nous dire quelle sera la prochaine étape. Et toutes les autres.S. L.
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Posté Le : 31/01/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com