Algérie

Blida: La CNAS sensibilise les médecins



Dans le but de sensibiliser les médecins prescripteurs et renforcer le partenariat avec les professionnels de la santé afin de réguler les dépenses, la CNAS (Caisse Nationale des Assurances Sociales des Travailleurs Salariés) a organisé avant-hier lundi une rencontre à Blida avec les médecins souscripteurs des secteurs publics et privés, la dixième du genre, qui a réuni les médecins et les agences CNAS des wilayas de Blida, Tipaza, Médéa et Djelfa. Une réunion nationale devrait être organisée le 4 juillet prochain afin de compiler toutes les recommandations des rencontres régionales et les présenter aux responsables concernés afin d'arriver au but recherché, qui est la prise en charge optimale de l'assuré social aux moindres coûts et assurer par là la pérennité du système de sécurité sociale algérien. En effet, et selon le représentant du directeur général de la CNAS, cette dernière a remboursé pour l'année 2018 la somme de 212 milliards de dinars en médicaments et prestations médicales, dont plus de la moitié pour les malades chroniques atteints de diabète et d'hypertension artérielle, ce qui pourrait déséquilibrer la balance financière de la Caisse dans trois à quatre ans si les dépenses continuent à augmenter.Lors de son intervention, Dr Djamal Matari, directeur du contrôle médical à la CNAS, estime que les médecins prescripteurs, qui sont en réalité les ordonnateurs des dépenses de la CNAS, sont appelés à renforcer le partenariat avec la caisse pour éviter les prescriptions de médicaments inutiles ou trop nombreux, ce qui n'arrange ni l'assuré social (malade) ni la caisse et en évitant les arrêts de travail dits de complaisance qui sont devenus presque une pratique courante. L'orateur présente plusieurs exemples d'ordonnances comportant jusqu'à 25 lignes alors que, pour l'année 2018, il y a eu 115 257 ordonnances comportant plus de 10 lignes (10 médicaments) et 7 416 comportant des médicaments qui ne peuvent être associés.
Les dépassements dans les prescriptions touchent principalement les personnes âgées de plus de 75 ans qui ne sont pas soumis à un contrôle médical préalable à la fourniture de médicaments, ce qui a obligé les responsables de la CNAS à prendre des mesures afin de réduire ces pratiques.
L'autre front auquel s'est d'ailleurs attaquée la CNAS depuis plusieurs années et qui demeure une source de dépense pouvant être réduite, concerne les arrêts de travail, surtout ceux dits de complaisance. Dans ce cadre, une ordonnance prescrivant un arrêt de travail de 365 jours délivrée à un assuré qui serait à l'étranger, ce qui constitue une infraction grave.
D'ailleurs Pr Keltoum Missahli, chef du service médecine légale au CHU Frantz Fanon a rappelé, lors de son intervention, que le médecin qui délivre un certificat d'arrêt de travail risque des poursuites judiciaires qui pourraient le conduire en prison pour une période allant jusqu'à trois années. Concernant l'opération de contractualisation avec les hôpitaux et le conventionnement des cliniques et établissements de santé privés, qui s'est heurtée jusque-là et depuis près d'une vingtaine d'années à des divergences entre le ministère de la Santé et la CNAS, sera finalement lancée à partir de janvier 2020. Pour un premier temps, ce sont les maladies cardiovasculaires qui bénéficieront de cette contractualisation en attendant de la généraliser au fur et à mesure à toutes les prestations médicales en milieu hospitalier.
A une question relative à l'actualisation de la nomenclature des actes médicaux qui lèse jusqu'à maintenant tous les assurés sociaux, Dr Matari rappelle qu'un travail conséquent a été établi par le ministère du Travail et des Affaires sociales et des propositions ont été transmises par le comité ad-hoc, mais aucune décision n'a été prise à ce jour. Pour rappel, la nomenclature actuelle date de 1987 avec des actes médicaux estimés à 80 DA pour le médecin généraliste et 100 DA pour le spécialiste alors que les prestations (imagerie médicale, soins, etc...) sont pris en charge pour des montants dérisoires, ce qui lèse l'assuré social de manière insupportable.


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