Algérie - Revue de Presse

Blida : Hammam Mélouane fait recette



Depuis le début de la saison estivale, chaque jour et deux à trois fois plus durant les week-ends, la petite ville de Hammam Mélouane accueille des milliers de visiteurs venant aussi bien des communes limitrophes que d'Alger, Blida, Tipaza, Médéa ou encore de Aïn Defla et Boumerdès. Ils viennent pour profiter des eaux limpides de l'oued qui prend sa source quelques kilomètres plus loin, à Megtaa Lazreg, et qui s'en vient sinuant à travers les hautes montagnes, traverse la ville et continue jusqu'à devenir l'oued El-Harrach, mais encore très propre. Déjà au col des Pigeons, un passage si étroit qu'il n'y a qu'une seule voiture qui peut passer, nous pouvons nous rendre compte du nombre très important de visiteurs. Il faut parfois attendre près d'une heure avant de parcourir les quelque trois kilomètres qui nous séparent de Hammam Mélouane.

A l'entrée, nous trouvons le barrage de la gendarmerie qui nous tranquillise et nous avons avançons vers l'hôtel qui a vu plusieurs aménagements lui être apportés depuis qu'il a été concédé à un investisseur privé. A partir de dix heures du matin, c'est une véritable marée humaine qui déambule à travers l'unique rue de la ville, sous un soleil de plomb et une chaleur torride, des serviettes à la main, sans paraître se soucier de ce qui les entoure. Ils se dirigent vers les petits vendeurs de pain fait maison, une spécialité de la région que les visiteurs trouvent succulente, ou encore vers les échoppes érigées à même le trottoir qui proposent de la poterie modelée par les femmes de la ville et de ses alentours.

En effet, tout à Hammam Mélouane rappelle l'Algérie profonde, le mode de vie ancestral, des traditions toujours vivantes qui nous arrivent du fin fond de l'histoire par les mains expertes de femmes qui n'ont même pas eu la chance d'aller à l'école. Nous pouvons trouver des derboukas, des pots de différents modèles, des tadjines pour cuire le pain, et même des ustensiles de cuisine que beaucoup de femmes s'empressent d'acheter pour y cuire la chorba et le «lham el-hlou» du Ramadhan déjà tout proche.

Juste à côté de l'hôtel, nous trouvons le vrai visage de Hammam Mélouane, celui qui a fait qu'un village a été créé là, qui a drainé un nombre incalculable de malades qui sont repartis guéris, ce qui a fait sa réputation. Il s'agit du Hammam proprement dit, où nous avons le choix entre un bassin collectif, l'un pour les hommes et l'autre pour les femmes, et des petits bassins particuliers où coule une eau chaude et soufrée réputée pour ses bienfaits sur diverses maladies de la peau. Là aussi, comme à l'extérieur, le nombre de femmes est beaucoup plus important que celui des hommes et certaines sont obligées d'attendre des heures durant avant de pouvoir entrer dans une chambre particulière.

Il y a quelque deux à trois décennies, les familles venaient à Hammam Mélouane, louaient des petits appartements composés d'une ou deux chambres et d'une cuisine, et passaient une semaine ou plus à se baigner dans cette eau chaude. D'ailleurs, à longueur d'année, ces maisonnettes, qui sont occupées actuellement par les familles de patriotes et de gardes communaux ayant fui les hauteurs, ne désemplissaient pas.

Dehors, les femmes, accompagnées de leurs enfants courant dans tous les sens, se dirigent vers les bords de la rivière où des cabanes en rotin, recouvertes de bâches, ont été érigées. Elles sont souvent vêtues de djebbas multicolores, avec des sandales aux pieds et marchant lourdement en soufflant à cause de la chaleur. Arrivées à l'intérieur des baraques avec leur progéniture, elles paient les propriétaires et pénètrent à l'intérieur, juste pour être à l'ombre et à l'abri des regards indiscrets. Elles restent avec leurs robes et pénètrent dans l'eau rafraîchissante en poussant un soupir d'aise, sous les éclaboussures et les cris poussés par les enfants. C'est un spectacle haut en couleur qu'on ne se lasse par de regarder et qui nous réconcilie un peu avec nous-mêmes.

En continuant un peu plus loin, nous arrivons jusqu'à un endroit paradisiaque, situé à près de cinq kilomètres de là et où nous sommes surpris de voir des constructions modernes au milieu d'un décor unique, fait de lagunes profondes, de rivières limpides, de sommets très hauts recouverts d'une végétation assez pauvre tranchant avec la couleur ocre de la roche. C'est le hameau de Magraa Lazreg (littéralement: le gué bleu), où nous trouvons une piscine, une salle de sport, un bureau de poste et même un CEM et une mosquée au milieu d'un îlot d'habitations éparses. Ceux qui arrivent jusque-là ont du mal à quitter cet endroit si calme, surtout si nous avons les pieds dans l'eau fraîche et limpide des innombrables ruisseaux et cours d'eau qui serpentent parallèlement à la route.

Mais à partir de 16 heures, à un moment où il fait encore chaud et qu'on a encore envie de s'étendre dans le lit de l'oued, il faut déjà songer à partir car, une heure après, il faudra attendre la nuit pour pouvoir s'en aller. Avec l'espoir de revenir très vite dans cet endroit envoûtant.






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