Algérie

Blida Eau potable : la sonnette d'alarme



L'eau dans son environnement, tel a été le thème du séminaire national organisé par la Faculté des sciences de l'université Saad Dahlab de Blida, les 8 et 9 juin. L'eau, source de vie, l'eau qui est la vie, l'eau par quoi tout peut être ou ne pas être est en train de se raréfier à une vitesse qui fait tirer la sonnette d'alarme à tous les chercheurs et les spécialistes. Le réchauffement climatique, les déperditions de toutes sortes, la distribution inégale et la mauvaise gestion de l'eau feront que, d'ici 25 ans, tous les habitants de la terre souffriront du manque d'eau. Bien sûr, à des degrés différents, si nous nous trouvons dans l'hémisphère nord ou sud, mais le manque se fera sentir partout. La population de la terre atteindra, dans 25 ans, 8 milliards d'habitants alors que les ressources en eau suivront une courbe contraire. Et l'Algérie risque d'être touchée de plein fouet si nous ne prenons pas nos dispositions à temps, et il est grand temps de les prendre, selon les spécialistes de la question. D'ailleurs, d'après l'un des intervenants, des climatologues et des spécialistes de la question hydrique avaient prédit il y a quelque temps que les vignes cultivées sur le plateau de Mascara seraient cultivées et récoltées en Bretagne dans 25 ans, ce qui veut dire que nous aurons le climat de l'extrême-sud à Alger, avec tout ce que cela entraîne comme diminution de la pluviométrie et des réserves en eau potable. Actuellement et devant une conjoncture économique favorable, l'Algérie mobilise d'importantes ressources en eau, ce qui a fait dire au ministre des Ressources en eau, lors du forum de l'ENTV en février dernier, que «l'Algérien s'apprête à entrer dans une phase de sécurité hydrique». Cette affirmation est motivée par les grands projets qui ont été lancés ces derniers mois et qui ont fait la réalisation de 13 nouveaux barrages d'une capacité de 1,8 milliard de m3, ceci à moyen terme avec la perspective de la réalisation de 38 barrages au total. Outre ces barrages qui réduiront la déperdition de l'eau de ruissellement dont 6,5 milliards de mètres cubes par an se déversent dans la mer, l'Algérie s'est lancée dans la réalisation de 13 méga stations de dessalement d'eau de mer, dont la première, d'une capacité de 200 m3/jour, a été inaugurée il y a deux mois par le président de la République. Ces stations seront terminées à l'horizon 2011 et permettront de produire plus de deux millions de mètres cubes d'eau potable par jour, ce qui donnera une certaine aisance hydrique au pays. En plus et pour pouvoir doter d'une manière adéquate tous les citoyens, le ministère des Ressources en eau préconise la rénovation des réseaux d'AEP pour plus d'une vingtaine de villes dans un premier temps, et qui seront suivies de 32 autres à l'horizon 2013. Les réseaux d'assainissement et les stations d'épuration des eaux usées sont aussi considérés par les pouvoirs publics comme une priorité à laquelle il faut faire face dans l'immédiat, ce qui va permettre d'accroître les réserves d'eau potable en utilisant les eaux recyclées pour l'irrigation. D'ailleurs, la surface irriguée qui n'est que de 420 000 hectares sur un total de 8 666 715 ha de surface agricole utile devra être augmentée par l'utilisation d'eaux usées recyclées grâce à la réalisation de 40 nouvelles stations d'épuration et la réhabilitation de 20 autres qui sont à l'arrêt depuis plusieurs années. Mais les différents intervenants ont tous rappelé que pour une utilisation optimale de toute cette eau, qu'elle soit celle des pluies, celle des barrages ou provenant du dessalement d'eau de mer ou encore du recyclage des eaux usées, il faudrait une gestion saine et responsable de ces ressources afin d'éviter le gaspillage, les fuites multiples, la contamination. En outre, les barrages construits à travers le territoire national se trouvent confrontés au phénomène d'envasement qui est passé de 30 millions de m3 en 1990 à 40 millions actuellement. Cet envasement fait baisser les capacités de stockage de près de la moitié et passer la durée de vie des barrages de deux siècles environ à seulement une cinquantaine d'années. Plusieurs solutions pour éviter l'envasement ont été proposées par les spécialistes comme l'utilisation de plantes et d'arbres pour stopper l'érosion et le déplacement des terres par les eaux de ruissellement, ou encore le gabion, les sacs de plastique remplis de pierre ou même des pneus usagés. En outre, des intervenants ont rappelé la formidable nappe aquifère que recèle le sous-sol du Sahara algérien et qui est estimée à 60 000 milliards de mètres cubes et que notre pays pourrait utiliser. D'ailleurs, ils ont été unanimes à préconiser la réhabilitation des foggaras et leurs réinsertion parmi les moeurs des gens du sud algérien. En effet, les foggaras qui étaient au nombre de 1.400 il y a deux décennies ne sont plus que 867 actuellement. Pourtant les foggaras sont considérées en tant que patrimoine mondial et font l'objet d'études très poussées un peu partout à travers le monde, dont 40 pays seulement utilisent cette méthode ancestrale basée sur des calculs précis pour en même temps capter les eaux des sources souterraines et les répartir de manière égale pour tous les utilisateurs. Ainsi, et comme l'a si bien exprimé le Pr Aouabed, doyen de la Faculté des sciences de l'ingénieur à l'université Saad Dahleb de Blida : «nous devons préserver nos foggaras en utilisant des méthodes modernes pour les rendre plus efficientes, comme par exemple les pompes qui ramèneraient les eaux souterraines dont le niveau a baissé, à celui des foggaras». Enfin, et au terme du deuxième jour, les participants à ce séminaire ont présenté plusieurs recommandations, comme la réhabilitation des foggaras pour éviter le dépérissement des palmeraies du sud qui constituent un revenu stable et important pour les habitants, l'utilisation de toutes les techniques permettant d'éviter l'envasement des barrages, persuader les fellahs à utiliser les eaux usées recyclées pour l'irrigation, promouvoir une gestion scientifique et sensée des ressources existantes et, enfin, rechercher d'autres moyens d'augmenter la production de l'eau potable en Algérie.


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