Dès la matinée de samedi, les citoyens qui voulaient se rendre à Bab Errahba furent surpris de ne voir aucun des 14 bus desservant la ligne habituelle. Désemparés, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont cherché un hypothétique moyen de transport, alors qu’habituellement c’était les bus qui faisaient la chaîne, attendant le client.
Très vite, les usagers surent qu’une grève des transporteurs était entamée. Les plus pressés prirent des taxis ou s’en allèrent à pied, alors que les vieilles femmes se rendant au marché rebroussèrent chemin. Les différents arrêts et stations de Soumâa à Bab Dzaïr, en passant par Ouled Yaïch, le marché Guessab et 19 Juin étaient noirs de monde. Beaucoup d’usagers étaient indignés car, selon eux, s’ils avaient été avertis de la grève, ils auraient pris leurs dispositions. D’autres ne comprenaient pas les raisons de ce débrayage. L’un d’eux déclare: «Avec tout ce qu’ils gagnent, ils doivent s’estimer heureux, mais maintenant qu’ils sont rassasiés, ils ne pensent plus à nous». Ces propos, nous les avons entendus partout où nous nous sommes rendus afin d’évaluer l’impact de cette grève sur les usagers.
Questionnés sur les raisons de la grève, les transporteurs rejettent la responsabilité sur la direction des transports qui leur impose un ultimatum pour changer de véhicule et ne plus utiliser de Karsan ou de Toyota. La plupart d’entre eux affirment ne pas avoir terminé le remboursement de leurs dettes auprès des banques ou de l’ANSEJ, et de ce fait ils ne peuvent se permettre de changer de véhicule. D’autres transporteurs affirment que les raisons de la grève sont imputables à la restructuration des lignes car, disent-ils, on nous interdit de passer par le marché Guessab alors que cet endroit est la destination de la plupart de nos clients. Si on nous enlève le marché, on est «morts» affirment-ils.
Pour plus de précisions, le nouveau directeur des transports de la wilaya, qui compte assainir ce secteur vital, a bien voulu répondre à nos questions. La première information donnée par M. Bensalem est déconcertante: «Pour la ligne Bab Errahba-Ouled Yaïch, le nombre officiel de transporteurs est de 4, dont 2 n’exercent plus. Le nombre impressionnant de transporteurs qui exercent sur la ligne concernée le font illégalement et ne disposent d’aucune autorisation. Ils exploitent des lignes qui ne leur sont pas destinées et délaissent les autres trajets. Cette grève est provoquée par un nombre restreint de transporteurs à qui on a attribué un autre itinéraire qui ne passera plus par le marché Guessab. Cette ligne, tant convoitée, est desservie par 14 bus, auxquels on a adjoint 10 autres bus, ce qui sera largement suffisant. Plusieurs dessertes ont été renforcées avec l’obligation pour les transporteurs d’emprunter un itinéraire précis et le port d’une pancarte portant le numéro de la ligne, afin de faciliter les opérations de contrôle. Toutes ces dispositions, permettant une meilleure gestion du transport public, n’ont pas plu aux transporteurs qui ont déclenché la grève». M. Bensalem continue ses argumentations en expliquant que les transporteurs qui ont été sommés de changer de véhicule disposent de bus ne répondant pas aux normes de sécurité et ne peuvent être autorisés à transporter des passagers.
A titre d’exemple, tout moyen de transport en commun doit posséder au moins deux issues, ce qui n’est pas le cas pour les Karsan, Toyota et bien d’autres. Les autres lignes sont desservies normalement et nous apprenons que certains transporteurs, voulant assurer la ligne concernée par la grève, ont eu leurs vitres cassées à coups de jets de pierres et de gourdins et sommés de quitter les lieux. La grève a entamé sa deuxième journée et les usagers ne savent toujours pas comment régler leur problème de transport. Des mesures strictes sont préconisées par le directeur des transports pour mettre fin à l’anarchie et au chaos.
Nous apprenons finalement que l’ETUSA va procéder à la mise en service de 30 bus dans un premier temps, qui seront suivis prochainement par 20 autres, afin de permettre une meilleure prise en charge du transport urbain à Blida.
Posté Le : 01/08/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Tahar Mansour
Source : www.quotidien-oran.com