Algérie

Blida Des écoles à l'abandon



Alors que les adultes, en ces temps de campagne électorale, ne parlent que de partis politiques, têtes de listes, de programmes partisans, de partage des chaises, de coups bas multiples et de beaucoup d'autres calculs faits dans l'opacité, les écoliers, nos enfants et leurs enfants, souffrent en silence, presque sans le savoir. Nous savons tous que l'entretien des écoles primaires est, depuis toujours, l'apanage des APC qui lui allouent une enveloppe dérisoire. En effet, il n'y a qu'à visiter ces établissements du savoir dans lesquels se rendent quotidiennement des milliers d'enfants pour se rendre compte de leur état. Mais, heureusement pas tous. Les écoles situées dans les centres urbains sont plus choyées que les autres, situées dans les zones rurales. Ces dernières, à commencer par leur cour qui n'ont de cour que le nom, sont dans un état de délaissement total. Les préaux sont inexistants et les élèves jouent dans la boue, à travers des ornières dans lesquelles ils tombent souvent. Dans certaines écoles, il y a des chantiers de construction, parfois d'une cantine scolaire, parfois pour la réfection d'un mur ou autre, pendant l'année scolaire, occasionnant des désagréments certains pour les enseignants et pour leurs élèves, sans parler des dangers inhérents à ce genre d'endroits. Les bruits de la bétonnière, des marteaux, des pelles, les cris des ouvriers qui s'oublient parfois et lancent des obscénités, constituent un fond sonore qui empêchent toute concentration de la part des petits élèves et énervent les maîtres. Dans les classes, la lumière fait souvent défaut et quand on allume les lampes, on se rend compte que leur lumière jaune est pâle et n'arrive même pas à éclairer le plafond, noir de poussière. En effet, il n'y a, le plus souvent, que des lampes normales, d'environ 100 watts, couvertes d'une épaisse couche de poussière, et les vitres, quand elles ne sont pas brisées, sont soit peintes avec des couleurs rebutantes et obscurcissent encore plus les salles de cours, soit recouvertes avec du papier qui a été dans l'antiquité des couvertures pour les livres avec de beaux dessins mais qui, délavés et déteints, rendent l'atmosphère lourde. Les tableaux, dont certains ont été repeints avec de la vulgaire peinture à l'huile verte, ne permettent pas aux enseignants d'écrire d'une manière lisible. Non seulement la peinture à l'huile reflète la lumière et empêche de voir l'écriture, mais fait glisser la craie dessus et déforme l'écriture, ceci quand le tableau ne comporte pas des brisures, des trous et des déformations multiples. Pour les estrades, la plupart ont perdu quelques planches et font tomber plus d'une fois les pauvres enseignants devant leurs élèves, emportés qu'ils sont par leur leçon et oubliant le danger. Pour le mobilier, il ne faut surtout pas chercher le luxe d'une armoire bien faite ou de tables comme celle d'antan. La qualité du mobilier scolaire que les APC achètent laisse souvent à désirer. D'ailleurs, dans plusieurs écoles que nous avons visitées, les tables d'écoliers neuves sont déjà dans un état lamentable avant la fin de l'année scolaire et il n'y a qu'à aller visiter les parcs et magasins des APC pour se rendre compte du désastre. Pourtant, il aurait suffi d'un simple poste à souder et d'un ouvrier pour que des dizaines de tables, de chaises et de bureaux soient récupérés, économisant ainsi de grandes sommes d'argent qui pourraient être utilisées pour autre chose, surtout que nos maires sortent toujours le manque de finances pour justifier l'état des écoles. Et ceci sans parler du chauffage qui est, malgré la dotation par la wilaya de toutes les écoles en appareils depuis l'année dernière, inexistant dans un grand nombre d'établissements, surtout ruraux. La raison invoquée par les APC a trait au fait que ces écoles n'ont pas le gaz de ville et que, par conséquent, les appareils de chauffage sont gardés au niveau des magasins jusqu'à ce que le gaz de ville arrive. Une aberration qui ne dit pas son nom car il aurait suffi d'échanger ces appareils de chauffage contre d'autres, électriques par exemple, pour rendre le sourire à nos enfants. Même le gardiennage fait défaut : il n'y a en général qu'un seul gardien par école pendant la journée, et jamais de nuit. Certaines APC ont recours à des gardiens payés par le filet social mais cette solution ne peut donner satisfaction. Pourtant, nous voyons que les collèges et les lycées ne souffrent pas de tous ces manques que nous venons d'évoquer et qui sont un vécu vérifiable dans nombre d'établissements. Et la raison de cette différence saute aux yeux : les écoles primaires sont gérées par les APC (du moins en ce qui concerne l'entretien et le matériel) alors que les collèges et lycées le sont par les directions de l'Education qui mettent un point d'honneur à présenter un visage honorable de ces établissements. L'idéal serait donc de remettre les écoles primaires dans leur cadre naturel en remettant toute leur gestion à la direction de l'Education pour les faire sortir du marasme dans lequel elles se cantonnent.


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