Algérie

Blida Des billets de banque «jetables»



« Donnez-moi un autre billet, celui-cin'est pas valable.- Mais, monsieur, on vient de me leremettre à la poste!- Ou vous me donnez un autre billet ou jene vous vends rien!».C'est un dialogue que nous entendonssouvent dans les commerces, dans les bus, ou ailleurs. Il a trait aux billetsde banque de 100 et 200 DA surtout. Ces billets sont dans un état dedélabrement très avancé, que ce soit les grands billets sortis en 1983 ou lespetits datant de 1992. Nous pouvons avancer, sans risque de nous tromper, que95 % de cette catégorie ne sont plus bons à circuler.Une partie sont déchirés, recollés,écornés, une autre partie ont perdu un coin, juste à côté du numéro, à croirepresque que c'est fait exprès, une troisième partie enfin sont devenustellement minces que la moindre manipulation risque de les détériorer. Et là oùla totalité des billets de banque algériens se retrouvent, c'est la saleté etl'odeur! En effet, quand ce n'est pas celle du mazout, c'est celle de la sueur,de la cigarette, ou encore l'odeur prenante du persil, de l'oignon ou nondéfinie. Mais c'est toujours une mauvaise odeur.Nous avons essayé, pendant près d'unesemaine, d'acheter des produits chez plusieurs marchands de cosmétiques, mêmedans des quartiers huppés, mais aucun billet de ceux qui ont été rendus enmonnaie n'avait une odeur de parfum ou d'un quelconque produit cosmétique. Pource qui est des billets de 100 DA, la crasse apparaît encore plus sur le bleuciel constituant le fond de ces billets. Pour ces derniers mis en circulationen 1992, le problème est moindre car ils sont un peu plus solides, peut-êtreparce que la qualité du papier est meilleure. En ce qui concerne les billets de500 et 1000 DA, émis eux aussi en 1992 et 1998, ils peuvent tenir encorequelque temps même si ceux de 500 DA connaissent un début de délabrement trèsvisible.Ils faut pourtant dire que l'état auquelsont parvenus nos billets de banque n'incombe pas seulement à la mauvaisequalité du papier ou à leur âge avancé, mais aussi et surtout à la mauvaisemanipulation et au manque de considération des utilisateurs pour ce quiconstitue une des constantes de notre identité. Ceux qui causent le plus dedégâts aux billets, ce sont avant tout les commerçants en fruits et légumesopérant dans les marchés parallèles qui, avec leurs mains salies par la terredes légumes, le jus des fruits mêlé à leur sueur, mettent l'argent dans leurspoches sans aucun soin et l'en retirent de la même façon. L'autre corporationresponsable de cet état est représentée par les pompistes qui manipulent lesbillets de banque avec leurs mains gluantes d'huile et de mazout. Les marchandsde poissons, les gargotiers et bien d'autres encore contribuent à cedélabrement prononcé de nos dinars qui, après une dévaluation de sa cotationpar rapport aux autres monnaies, subit actuellement une dévaluation physique,faisant dire à certains que «le dinar ne vaut plus rien, même en Algérie».En plus de tous ces commerçants, la plupartd'entre nous sont responsables de cet état. En effet, au lieu d'utiliser unportefeuille comme les autres citoyens du monde entier, l'Algérien, en général,met les billets dans sa poche, avec d'autres objets, un mouchoir mouillé, uncoupe ongles, ou bien, il marche sous la pluie, est mouillé et l'argent aveclui.Une autre mauvaise habitude des Algériensest la non utilisation du chèque, qui n'est pas encore entrée dans les moeurset qui oblige certains à se déplacer avec de grosse sommes d'argent, surtoutavec l'inflation galopante qu'a connue l'Algérie depuis plusieurs années. Ceci,et pour les billets de 500 et 1000 DA spécialement, c'est surtout lacontrefaçon qui cause du tort à notre monnaie nationale. Une importantequantité de billets de 500 et 1000 DA contrefaits circulent et sont échangésdans le commerce, le plus souvent sans que les utilisateurs les détectent. Uncommerçant, interrogé sur le fait qu'il ait eu entre les mains de faux billets,affirma : «j'en ai eu à plusieurs reprises et quand j'en détecte un, je lerends parmi les autres billets aux clients ou je le remets aux grossistes».Quant à avertir les services concernés, la majorité des commerçants ou dessimples citoyens préfèrent ne pas avoir affaire à eux car, disent-ils : «nousperdrons le ou les billets contrefaits en plus de toutes les tracasseries quine manqueront pas de survenir».La méconnaissance des lois et le manqued'informations sont causes de cette méfiance du citoyen par rapport auxservices de sécurité et beaucoup de trafiquants réussissent à écouler degrandes sommes avant d'être arrêtés justement parce que les citoyens, àquelques rares exceptions, n'avertissement pas la police. Quoiqu'il en soit,les billets de banque algériens ont besoin de grand lifting dans les plus brefsdélais car, il ne faut pas l'oublier, c'est aussi une des vitrines de notrepays, que les plus hautes autorités essaient de redorer contre vent et marée.


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