Alors que le froid se faisait sentir à
partir de la matinée du vendredi faisant ressortir les vêtements chauds des
armoires et rallumer les appareils de chauffage, ce n'est que vers neuf heures
que la pluie se mit à tomber.
En ville, ceux qui avaient omis d'emporter
avec eux un parapluie, et ils étaient fort nombreux, couraient dans tous les
sens pour se mettre à l'abri, aussi bien de la pluie fine et très froide que du
vent glacial qui s'était levé et qui soufflait par intermittence.
Comme toujours et malgré les quelques travaux qui ont été
entrepris çà et là, dès que la pluie a commencé à augmenter de puissance les
caniveaux se sont remplis d'eau et les avaloirs, quand ils existent, se sont bouchés
et refoulaient l'eau qui a formé de grandes flaques empêchant les passants de
marcher normalement. Certains automobilistes, roulant trop vite, aspergent les
piétons qui rouspètent en les insultant, entraînant de temps en temps des
bagarres. A l'intérieur des cafés, l'atmosphère, quoique chaude, devient
rapidement irrespirable et les gens s'y pressent, debout à défaut de chaises,
le principal pour eux étant de fuir la pluie et le froid sibérien du dehors.
Au
niveau des quartiers, c'est le branle-bas de combat et nombreux sont ceux qui
font provision de gaz butane tout en recommandant à leurs épouses de préparer
des haricots blancs ou des lentilles pour le déjeuner. Puis, et alors que les
habitants n'étaient occupés que par la pluie qui tombait toujours assez drue,
un coup de vent déchira les nuages bas qui recouvraient les montagnes
environnantes et un manteau blanc apparut alors aux regards réjouis. C'était
comme un coup de baguette magique qui changea la morosité du climat ambiant en
un blanc étincelant qui réjouissait les yeux et ramenait le sourire sur les
visages.
En effet, toutes les montagnes
environnantes étaient recouvertes de neige et Chréa accueillait déjà ses
premiers visiteurs. Certains ressortaient même les dernières photos prises dans
la neige au mois de décembre dernier. Puis, juste après la prière du vendredi,
des processions de voitures venant de Blida, de Tipaza ou d'Alger prenaient la
direction des hauteurs, pleines d'enfants, de femmes et d'hommes de tous âges.
Ils ont fait vite, comme s'ils craignaient que la neige éphémère ne parte avant
qu'ils puissent profiter de sa blancheur éclatante qui leur fait oublier un
instant la boue, les flaques sales et nauséabondes, les détritus qui jonchent
la chaussée jusqu'à la porte de leur maison.
Les hommes retrouvent des gestes oubliés
depuis longtemps et la gaité se lit sur tous les visages, remisant pour un
moment les vicissitudes de la vie à l'arrière-plan, profitant de la vie dans
cette blancheur qui représente la pureté, l'amour, le bonheur, en un mot une
vie normale. Puis quand le soleil réapparut, certains montraient des visages
contrits, voyant déjà la neige fondre et leur bonheur avec. Mais dès la matinée
d'hier samedi, les nuages bas, le froid intense et les annonces de la météo
leur faisaient espérer encore de la neige, et ils se promettent déjà, avant
leur retour chez eux, de revenir et profiter encore plus de la neige dont la
couleur immaculée représente beaucoup pour eux.
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Posté Le : 23/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Tahar Mansour
Source : www.lequotidien-oran.com