C’est comme un témoin que des coureurs se transmettent. Sauf que la course est l’histoire d’un pays et les coureurs, des générations qui semblent se méconnaître. Dans son dernier roman coédité par l’Aube et Barzakh, Bleu blanc vert, Maïssa Bey revisite l’histoire de l’indépendance algérienne en 1962 à l’ouragan de « l’ombre de la grande désillusion » du début des années 1990.
Récit alterné des deux héros, Lilas et Ali, « mais aussi du troisième personnage : l’immeuble où ils vivent depuis trente ans et que certains lecteurs l’interprètent comme métaphore de l’Algérie, mais l’immeuble existe réellement », dit l’auteur rencontré hier au stand des éditions Barzakh au Salon international du livre d’Alger aux Pins maritimes. Prix Marguerite Audoux pour son roman Cette fille-là en 2001 Grand Prix de la société des gens de lettres pour son livre Nouvelles d’Algérie (éd. Grasset 1999). Elle a également obtenu en 2005 le Prix des libraires algériens pour l’ensemble de son œuvre... « Ce texte est différent des précédents : je fais parler un homme alors que j’ai beaucoup fait parler des femmes et, en plus, j’ai écrit avec une telle fluidité — une dizaine de pages par jour — au point d’en être étonnée », raconte Maïssa Bey. Pourquoi un tel déferlement lors du processus d’écriture ? « Je savais que j’allais écrire deux textes du moment où j’ai su que j’étais écrivain : Entendez-vous dans les montagnes ? (en 2002) où je parle de la mort de mon père durant la guerre de libération et ce dernier texte », dit-elle. Et d’ajouter qu’elle veut toujours renouer avec ce « besoin de retour vers une mémoire vive », faite d’anecdotes, de malheurs, de bonheurs... Les petites histoires qui font ou défont les grandes. L’occasion de parler de la bibliothèque associative créée il y a une année à Sidi Bel Abbès, projet auquel Maïssa Bey a beaucoup donné. La bibliothèque compte 400 adhérents, dont une majorité d’enfants. Le projet devenu réalité marche bien. Et les yeux de l’auteur s’illuminent en l’évoquant. Ce qu’elle retient du Salon du livre ? « Ces parents qui font découvrir à leurs enfants les livres, on sent un renouveau...Vous ne croyez pas ? »
Posté Le : 09/11/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Adlène Meddi
Source : www.elwatan.com