Algérie

Blé détourné vers l'informel: Des minotiers pointés du doigt



Pour enrayer le spectre de toute pénurie de farine sur le marché, les transformateurs de blé tendre ont vu leur quota de livraison passer, depuis le 9 janvier dernier, de 50 à 60 %. C'est ce qu'a décidé le gouvernement.

« Aujourd'hui, tous les transformateurs reçoivent leurs quotas à la faveur des nouvelles mesures. Les stocks de l'OAIC sont suffisants pour maintenir la disponibilité du produit jusqu'à la fin du deuxième trimestre 2011», a assuré, hier, Noureddine Kahel, directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales. Ce responsable, qui s'exprimait sur les ondes de la radio chaîne 3, a admis que notre pays est à présent fortement dépendant de l'importation du blé tendre.

«A très court terme, nous comptons procéder à des appoints d'importation pour maintenir un stock minimum de sécurité de cinq à six mois. De la sorte, nous renouvelons ce qui est consommé chaque mois par des importations en attendant la nouvelle récolte prévue en juin 2011 pour faire la jonction entre deux campagnes de récolte des céréales», a-t-il expliqué.

 Pour M. Kahel, les transformateurs doivent renoncer à leur statut de client et se placer plutôt en partenaires des producteurs de céréales en s'impliquant davantage. «Il faut dépasser cet système de quota. Les transformateurs peuvent être fournis à la hauteur des efforts engagés au niveau de la production nationale, quitte à faire sauter le verrou des 60% du quota», a-t-il soutenu. Et de relever que la part de production nationale des blés est en progression dans l'approvisionnement du marché local. Sur un autre plan, M. Kahel a déclaré que «certains transformateurs tentés par le gain facile ont détourné des quantités du blé tendre vers le marché informel, encouragés par le renchérissement de la demande en orge émanant des éleveurs d'ovins». «Cette hausse de la demande, explique-t-il, étant induite par la sécheresse relative qui a réduit les pâturages. D'où la tension qui a affecté le marché générant un risque d'une pénurie de farine».

 «En 2010, précise M. Kahel, l'OAIC a mis sur le marché 40 millions de quintaux, soit trois millions de quintaux (8 à 10%) de plus par rapport à 2009. «En 2009, il n'y a eu à aucun moment une quelconque tension sur le produit. Il y a un point d'interrogation», s'est-il exclamé. A l'avenir, des conventions seront signées avec les transformateurs pour assurer une traçabilité des quotas qui leurs sont alloués. Des conventions seront également établies avec les boulangers. «De la sorte, nous saurons les canaux empruntés, les types d'emballage utilisés et les quantités de farine produites et fournies», a-t-il dit.

 Et d'ajouter: «Nous avons mis en place, dès la fin 2010, des commissions locales composées de représentants des chambres d'agriculture, de l'UNPA des DSA et des CCLS pour vérifier les listes des bénéficiaires pour lutter contre le détournement du produit vers le marché informel». Et d'observer que les transformateurs ou les boulangers qui ne respectent pas les règles ne seront pas approvisionnés en blé. «Il y aura également des sanctions pénales», menace-t-il.

 L'invité de la radio a révélé que l'Etat a mis la main à la poche pour financer la construction d'infrastructures pour renforcer les capacités de stockage et les porter à 8,2 millions de quintaux d'ici à la fin 2011. Il est à signaler que la nouvelle taxe sur l'importation du blé et la situation du marché international marquée par une instabilité (le blé étant passé de 190 dollars à 350 dollars la tonne) a fait grimper la demande des céréales. En matière d'approvisionnement, le Dg de l'OAIC avait récemment affirmé que «le niveau d'enlèvement du blé dur est passé de 600 000 quintaux en février-mars à 1,2 million en décembre». Ce qui dénote, selon lui, une reprise de l'approvisionnement des meuniers. L'Algérie a produit 61 millions de quintaux de céréales en 2010, soit autant qu'en 2009.

 Le ministère de l'Agriculture ambitionne d'atteindre une production excédentaire en orge et en blé dur. C'est ce qui a été réalisé depuis deux ans où l'Algérie n'a pas importé ces deux produits. Pour le blé tendre, le département de Rachid Benaïssa veut élargir la superficie, passer de 500 000 ha à 700 000 ha. La facture des importations de l'OAIC au 12 décembre dernier n'a pas dépassé les 700 millions de dollars. C'est le quart de la valeur des importions d'il y a trois ans. L'Algérie a importé pour une valeur de 3,3 milliards de dollars de céréales en 2008. La même facture a atteint 1,2 milliard en 2009 et s'était établie sous la barre du milliard de dollars, en 2010.




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