Algérie

Blanchiment et mafia politico-financière



Blanchiment et mafia politico-financière
Selon plusieurs élus, cadres et notables locaux, la situation socio-économique dans la wilaya d'El Tarf est très aléatoire. Elle s'est aggravée depuis le début de l'année 2011 avec le rush de ressortissants tunisiens des régions frontalières en quête de produits alimentaires et énergétiques (essence, gaz-oil, gaz butane) qu'ils acquièrent cinq fois moins cher que dans leur pays.
Légalement pour les uns et clandestinement pour d'autres, ils sont des centaines à traverser quotidiennement les postes frontaliers algériens d'Oum Teboul et El Aoun pour vider les étals des magasins d'alimentation et les stations d'essence. Leurs cabas, sacs et réservoirs de leurs moyens de transport remplis à ras bord, ils ne rentrent chez eux que tard le soir. Surpris par la nuit, bon nombre préfèrent se faire une petite place à proximité des habitations pour y passer la nuit à la belle étoile. Pour les habitants des communes frontalières, comme Roum El Souk, El Frin, El Kala, EL Aoun, cette situation rappelle celle vécue par les voyageurs algériens en Tunisie à l'époque du parti unique. Elle n'est pas sans impact négatif sur le développement socio-économique de toute la région frontalière. Ainsi, faute de produits alimentaires sur les étalages des magasins locaux et de carburant dans les stations, beaucoup d'habitants des zones frontalières algériennes sont contraints d'effectuer le déplacement jusqu'au chef-lieu de wilaya, Dréan, Ben M'hidi ou Annaba pour s'approvisionner. Loin d'affaiblir la valeur du dinar tunisien par rapport à celui algérien (1 DAT contre 7 DA) ces acquisitions destinées à être exportées vers la Tunisie ont, au contraire, donné des ailes aux cambistes. Particulièrement à Annaba où le change parallèle de la devise se pratique à quelques dizaines de mètres des commissariats de police et des policiers. «Les trafiquants de monnaie tunisienne sont à chercher du côté de la mafia locale algérienne. Il ne se passe pas un jour sans que des valises pleines de monnaies tunisiennes ne passent la frontière dans le cadre d'opération de blanchiment d'argent. A Sousse, la majorité des 65 hôtels en activité dans cette ville touristique a pour propriétaires des algériens», a affirmé un fonctionnaire en poste à El Tarf. D'autres ont avancé des noms d'anciens et nouveaux élus des deux chambres hautes, dont l'enrichissement rapide ne semble pas intéresser, outre mesure, les services compétents. Il y a ceux qui, bien au fait de ce qui se passe dans les coulisses de l'administration locale, notamment en ce qui concerne les marchés publics, les sablières, les lots de terrain, les hôtels et les stations services, parlent d'opérations continues de mise à sac des richesses de la wilaya, de son patrimoine et des fonds engagés par l'Etat pour des investissements publics. «Toute la masse d'argent qu'ils arrivent à engranger d'une manière comme d'une autre atterrit dans des banques tunisiennes», a ajouté un d'entre eux. L'on cite pour l'exemple un ancien élu qui, enseignant du moyen de son état, se retrouve aujourd'hui à la tête de plusieurs milliards. L'on remet au devant, le scandale de l'ancien wali d'El Tarf et de plusieurs de ses proches collaborateurs pour préciser : «L'enquête sur ce dossier a aboutit à la mise sous mandat de dépôt de plusieurs cadres d'exécution. Le wali, quant à lui, a bénéficié de la mise sous contrôle judiciaire. Cela fait des années et l'enquête se poursuit toujours, alors que plusieurs proches des mis en cause se déplacent en Tunisie pour y faire des retraits de devises mal acquises. A El Tarf, on est arrivé à la conclusion que l'on attend la prescription décennale pour enterrer le dossier». Entre temps, avec ce que les spécialistes du tourisme considèrent comme étant l'une des plus belles côtes de la Méditerranée, ses sites archéologiques encore vierges de toute fouille, son parc national très riche, sa faune et sa flore, ses deux lacs, ses plages au sable d'or, de la Messida jusqu'à Echât, en passant par Cap Rosa, son maquis où le Cerf de Barbarie a élu domicile, la wilaya d'El Tarf se meurt. Cette région, véritablement féérique et à fort potentiel touristique, aurait dû être le pôle de développement du tourisme dans notre pays par excellence. Il n'en est rien. Malgré l'insécurité qui y sévit toujours et le nombre en hausse des agressions dont ont été victimes plusieurs de nos compatriotes sur les routes tunisiennes, le rush des Algériens à destination de la Tunisie se poursuit. Il faut dire que rien ne se fait du côté des responsables algériens, y compris dans le domaine de la communication. Ainsi, rien ne filtre sur les richesses naturelles de la wilaya d'El Tarf et l'hospitalité légendaire de ses habitants. Certes l'on dira que la commune chef-lieu de wilaya ne dispose toujours pas d'un hôtel pour accueillir ses hôtes, mais ce déficit est amorti par les établissements hôteliers implantés à Lac des Oiseaux, El Kala et Bouteldja. Il y a, cependant, un autre déficit. Il est plus grave et paraît être prémédité. Il s'agit du peu d'interessement qu'accorde la direction locale du tourisme et les associations culturelles au développement du tourisme. La toute récente découverte de gravures rupestres sur la route de Cheffia, à proximité des bains thermales de Sidi Djaballah, est passée sans qu'elle n'ait fait grand bruit, y compris dans le milieu des archéologiques. C'est à peine si la petite lucarne lui a accordé une petite minute, puis plus rien. Il faut dire que dans cette wilaya, à l'extrême Est du pays, l'on continue de vivoter au gré des scandales politico-financiers. «Notre wilaya à vocation agropastorale et touristique se meurt faute de réels investissements. Tout se fait dans le sens contraire à ce qu'il devrait être pour un réel développement socio-économique. Nos représentants dans les deux chambres hautes sont beaucoup plus occupés à améliorer à s'enrichir qu'à prendre en charge les aspirations des Tarfois. Nationaux ou locaux, plusieurs d'entre eux disposent de comptes bancaires en Tunisie. du côté des APC, les dépenses budgétaires sont presque nulles, hantise des poursuites judiciaires éventuelles oblige», révèle un cadre de la direction de la planification. Le même pessimisme caractérise le comportement des jeunes. Dans cette wilaya, les jeunes attendent depuis des semaines les suites données à la démarche auprès du wali quant à trouver une solution à leur problème de chômage.


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