Algérie

Blanchiment d'argent: L'immobilier sous haute surveillance


La cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) va, désormais, accorder une attention particulière aux transactions immobilières qui sont devenues, en Algérie, des valeurs refuges pour le blanchiment d'argent. Invité, hier, de la rédaction de la Chaîne III, de la radio nationale, Abdelmadjid Amghar président de la CTRF a affirmé que des enquêtes seront engagées dans le secteur de l'immobilier et que des obligations seront faites aux agences immobilières, dans le sens de la lutte contre le blanchiment d'argent, à travers l'achat de biens immobiliers. Dans cette veine, Abdelmadjid Amghar fera part de l'intention de la cellule qu'il préside de proposer d'intégrer un volet lié au blanchiment d'argent dans le projet de texte de loi relatif à l'habitat et l'urbanisme que le ministère chargé de ce secteur est en train d'élaborer. Cette attention particulière qui sera ainsi accordée aux transactions immobilières, trouve ses raisons dans la démesure prise par les prix des terrains à bâtir, villas et appartements dans les grandes villes du pays. En effet, il est curieux de voir des lots de terrain de 200 ou 300 m² se négocier à 2 et 3 milliards ou encore de villas datant de l'ère coloniale, achetées par des particuliers pour plusieurs milliards, pour être démolies et à la place ériger des bâtisses somptueuses, hors de prix. Et on peut deviner qu'officiellement le prix d'achat, par exemple, d'une villa vouée à la démolition est enregistré à peine à une centaine de millions de centimes. Le président de la Cellule de traitement du renseignement financier parlera, également, du fait que 40%, du marché informel relèvent du blanchiment d'argent. Il insistera sur l'absence de traçabilités des opérations commerciales en déclarant que les mécanismes mis en place ne fonctionnent pas. Et c'est, en ce sens, qu'il parlera de la mise en place de nouveaux mécanismes en évoquant le décret exécutif qui impose aux opérateurs de passer par les circuits bancaires dans leurs transactions commerciales. Ce décret devrait remplacer celui de 2005, abrogé en 2006, avant son application, qui stipulait que tout paiement excédant la somme de 50.000 DA doit être effectué par chèque, virement, carte de paiement, prélèvement, lettre de change, billet à ordre et tout autre moyen de paiement scriptural. M. Amghar, en évoquant le marché de l'informel trouve inacceptable de juguler le chômage de façon irrégulière autrement dit en tolérant l'informel. Le patron de la CTRF parlera du cash qui est, selon lui, une tradition dans notre pays. Ce qui l'amènera à parler du manque de confiance dans les banques. Aussi, devait-il dire, il faut sensibiliser les opérateurs économiques de sorte à les amener à adhérer aux nouveaux mécanismes qui sont mis en place à travers ce nouveau décret. Le texte en question, selon Amghar instaure une stratification des opérateurs. Par ailleurs, des seuils différents seront fixés pour le paiement par chèque. Ainsi selon le président de la CTRF, il y aura un seuil pour les personnes morales, un seuil pour les personnes physiques, un seuil pour les ménages. Dans ce contexte l'invité de la rédaction de la Chaîne III parlera de montants qui vont de 300.000 à 600.000 DA en indiquant que ces montants seront régressifs jusqu'à atteindre les normes universellement admises. Abordant la question des déclarations de soupçon adressées à la Cellule par des organismes soumis à l'obligation d'informer des cas suspects constatés, lors de l'exercice de leurs activités, Amghar dira qu'elles sont le fait principalement des banques. Et de souligner que certains assujettis ne jouent pas le jeu, en citant des notaires, des avocats et des bijoutiers. Enfin, le président de la CTRF évoquera le phénomène de passeurs de fonds à travers les frontières contre lequel il faut trouver des moyens de lutte.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)