Algérie - Biyouna

BIYOUNA L ’ALGÉRIEUSE



BIYOUNA L ’ALGÉRIEUSE
Biyouna au théâtreMarigny, mise en scène de Ramzy. | Photo MaxPPP


Star de cabaret en Algérie, Biyouna s’est imposée en France grâce à sa présence impressionnante dans les films de Nadir Moknèche (« Le ­harem de madame Osmane », « Viva Laldjérie » et « Délice Paloma »), ainsi que dans des comédies populaires comme « Il reste du jambon ? » d’Anne Depetrini ou « Holiday » de Guillaume Nicloux. Dernièrement, on a pu la voir dans « La source des femmes » de Radu Mihaileanu. Comédienne de théâtre, actrice de télévision et chanteuse atypique, elle se lance, mise en scène par Ramzy, dans son premier one-woman-show, bien décidée à ouvrir les vannes…
Paris Match. Qu’est-ce qui vous a donné envie de ce spectacle ?
Biyouna. Pour la ­première fois, j’ai eu envie de parler de moi, de mon enfance, de l’Algérie, de ma mère. Mais attention, hein, s’il y a de l’émotion, il y a surtout du rire !

Comment Ramzy a-t-il ­rejoint le projet ?
Je l’ai rencontré sur le tournage de “Il reste du jambon ?”. Quand il a su que je préparais un spectacle, il m’a proposé de me produire. Comme je voulais que ce soit un comique qui me drive, je lui ai dit que, si déjà il me produisait, il pouvait tout aussi bien me mettre en scène. Quand il me dirige, il me fait ­sortir de nouvelles vannes. Ramzy est fou et moi, j’adore les fous !

Est-ce facile pour une jeune ­Algérienne de devenir une artiste…
A 13 ans, je savais que je voulais faire ça. J’ai une sœur soprano et, le jour où j’ai essayé de chanter devant elle, elle m’a dit : “Fais de la danse, de la comédie, mais oublie la chanson !”

Il faut dire que vous êtes plus près de Tom Waits que de la Callas !
Justement, elle m’appelait “la grosse voix”. Alors, quand j’ai enregistré mes deux premiers albums, je lui ai dit : “Regarde la grosse voix, elle est à la Warner et chez Naïve ! Et toi, la diva, t’es où ?” Elle m’a répondu : “Les Français, ils sont fous !…” J’ai commencé par la danse. A l’époque, c’était scandaleux. Etre danseuse ou prostituée, c’était considéré de la même façon.

Comment êtes-vous passée de la danse à la comédie ?
Un régisseur m’a invitée sur un tournage alors qu’il y avait un casting. Je regardais les filles auditionner et, du haut de mes 16 ans, j’ai dit tout fort que ça me semblait facile. Mustapha Badie, le réalisateur, a entendu ma grosse voix. Je me souviendrai toujours de sa réaction. Il a enlevé sa casquette et l’a jetée par terre. “Toi, la grande gueule, montre-nous ce que tu sais faire ! C’est facile de dire que c’est facile…” Piquée au vif, je me suis dressée devant lui, les mains sur les hanches, et je lui ai jeté à la figure un “oui, c’est facile !”. Complètement saisi, il a dit : “C’est elle, le personnage.” Le pauvre Badie, je peux dire que je lui en ai fait voir de toutes les couleurs. Dès le premier jour, j’ai joué ma star en lui ­disant que s’il me criait dessus, j’arrêtais tout. Un jour, le malheureux, je lui ai ­demandé comment il avait fait pour me supporter. Il m’a répondu que, si je venais chez lui, il me montrerait dans quel état est son oreiller : “Tous les soirs, je le mords comme si c’était toi !…” Voilà comment a commencé ma carrière.

Quand êtes-vous arrivée en France ?
En 1998. Pendant la décennie noire, beaucoup sont partis à l’étranger, et je les comprends. Moi, je savais que si je partais je ne pourrais plus me regarder en face, alors je suis restée. On s’est battu jusqu’à ce que Bouteflika arrive et que la violence cesse. Quand Nadir Moknèche m’a appelée pour tourner “Le harem de madame Osmane”, je suis partie. Les tournages se sont succédé, et n’ont plus arrêté. Là, j’ai douze scénarios à lire pour 2012, douze rôles possibles. Alors, hamdoulah, ça va !


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