Estimant que la production des dattes a connu une augmentation notable ces dernières années mais que les exportations de cette baie des oasis ne sont pas encore à la hauteur des ambitions du pays, le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pèche, Abdeslem Chelghoum, a exhorté, samedi à l’occasion de l’ouverture du deuxième Salon de la datte de Biskra (Sidab), tous les intervenants dans la filière à poursuivre leurs efforts et à bénéficier des facilités accordées par l’Etat pour booster cette activité aux retombées économiques et sociales indéniables.
Jouissant d’une réputation mondiale de qualité irréprochable, les dattes algériennes — notamment la Deglet Nour de Biskra — sont prisées par les consommateurs mais sont hélas peu présentes sur les marchés internationaux.
Qu’est-ce qui freine l’exportation des dattes et autres produits agricoles algériens?
«En Algérie, il n’y a pas de terminaux frigorifiques et cela nous empêche de vendre nos produits à l’étranger. Les délais de livraison par bateau sont trop longs tandis que le recours à des avions-cargos, trop onéreux, obèrent notre compétitivité en augmentant les prix de revient.
En outre, nos représentations consulaires sur tous les continents ne font rien pour promouvoir les produits agricoles algériens», répond Mohamed Tahraoui, directeur du groupe Tahraoui activant dans le secteur de la production agricole à grande échelle.
Après avoir effectué quelques opérations d’exportation de légumes de Biskra vers l’Europe, cette entreprise — dont les produits répondent aux normes internationales en termes de production, de conditionnement et d’étiquetage — s’est focalisée sur le marché intérieur à cause de contraintes insurmontables pour le moment, a-t-on appris.
Selim Haddoud, patron du groupe Haddoud qui exporte vers 25 pays de 4.500 à 5.000 tonnes de dattes par an, ajoute: «Ce qui m’inquiète le plus, c’est le manque de main-d’œuvre pour traiter les palmiers-dattiers et conditionner les dattes. Nous peinons à recruter des ouvriers et des ouvrières qualifiés et permanents. Notre entreprise pourrait atteindre les 10 à 15.000 tonnes de dattes exportées par an. L’Etat est au chevet des producteurs et des exportateurs de dattes. La balle est dans notre camp.»
Des déclarations auxquelles Youcef Ghemri, président de l’Association des exportateurs de dattes adhère: «L’exportation des dattes est un créneau difficile et concurrentiel requérant l’implication de spécialistes en commerce international dotés d’un carnet d’adresses conséquent et de négociants au fait de tous ses rouages. Il ne peut être mis entre les mains de novices se croyant en terrain conquis», a-t-il expliqué.
Présent à cette édition du Salon de la datte de Biskra, comme de nombreuses autres personnalités, Mohamed Laïchoubi, ancien ministre et membre de l’Académie royale d’Espagne, a rappelé la nécessité de mettre au diapason tous les intervenants de la filière phœnicicole, d’adapter l’arsenal juridique et de permettre aux intervenants de bénéficier de soutiens financiers pour développer les exportations de dattes.
«La datte est un produit phare ayant un effet entraînant pour tous les autres produits du terroir algérien. Comme les figues, l’huile d’olive, le vin ou même les truffes, elles doivent répondre à des critères précis en termes de conservation, d’emballage et d’image auprès des consommateurs pour pénétrer durablement les marchés internationaux. Il est bon que les exportateurs algériens se frottent au commerce international et à ses exigences à travers ce Salon que je trouve d’une excellente facture», a déclaré ce chantre de l’économie territoriale, se basant pour le cas de Biskra sur la valorisation du potentiel et du savoir-faire ancestral des phœniciculteurs qu’il est temps de rentabiliser par l’adoption d’une stratégie globale intégrant toutes les parties impliquées.
Se disant satisfait des résultats de ce Salon de la datte de Biskra dont il est coorganisateur avec la CACI et la Safex, Abdelmadjid Khobzi, président de la CCI des Ziban, a annoncé la signature de plusieurs conventions et pré-contrats entre des exportateurs de dattes et des opérateurs étrangers intéressés par ce produit, mais aussi par ses dérivés, tels que le sucre, la farine, la pâte, le vinaigre et le suc de datte.
Hafedh Moussaoui
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Posté Le : 19/12/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: algerie-focus.com ; texte: Hafedh Moussaoui
Source : elwatan.com du lundi 19 décembre 2016