Algérie

Biskra, éviter le scénario à l'italienne



Le niveau de contagion dû au coronavirus dans la wilaya de Biskra a fortement augmenté depuis quelques jours. Face au nombre important de décès et de malades admis dans les services Covid-19, la population a lancé un appel de détresse aux pouvoirs publics.Tarik Hafid Alger (Le Soir) - Biskra pleure ses morts et ses malades atteints du coronavirus. Du 6 au 7 juillet, avec 45 nouveaux cas recensés officiellement par les autorités sanitaires, la wilaya s'est classée en haut du tableau national de la propagation de la pandémie. Mais ces statistiques sont rejetées par le personnel médical, la population et même par un groupe de cinq députés qui a adressé une lettre au ministre de la Santé. Ils affirment que le nombre «de décès dépasse la dizaine chaque jour», soit plus que le chiffre officiel des morts annoncé quotidiennement au niveau national. Ces parlementaires, qui ont appelé Abderrahmane Benbouzid à effectuer une visite d'inspection en urgence, dénoncent également «le retard dans le processus de confirmation des tests du Covid-19, ainsi que le manque de personnel soignant». Face à la multiplication des appels de détresse, le ministre a programmé, ce mercredi, une escale à Biskra, dans le cadre de la tournée qui l'a mené à Djelfa, Laghouat et Oued-Souf. Abderrahmane Benbouzid, qui est arrivé en milieu d'après-midi, a débuté sa visite par la ville de Zeribet-el-Oued (75 km à l'est de la ville de Biskra), où le nombre de cas de Covid-19 connaît également une nette augmentation depuis une semaine. Le ministre devra prendre des dispositions urgente afin d'éviter que la région de Biskra ne subisse un scénario similaire à celui de l'Italie ou de l'Espagne.
Défaillances
Hier, un médecin, qui a requis l'anonymat, s'est montré particulièrement critique envers les responsables de l'hôpital Hakim-Sâadane, centre de référence Covid-19 pour la ville de Biskra, qui ont «astiqué» l'établissement en prévision de la venue du ministre.
Pour ce médecin, l'augmentation du nombre de décès est due essentiellement à «l'incapacité des équipes médicales à faire face à l'afflux de malades en situation de détresse respiratoire et au manque d'oxygène médical dans certaines structures hospitalières de la wilaya. C'est le cas à l'hôpital Hakim-Sâadane, où le personnel a constaté de graves défaillances dans le système d'alimentation en oxygène. Le gaz, vital pour la prise en charge médicale des malades, ne parvient pas dans certaines chambres à cause de fuites dans le circuit d'alimentation. Ces derniers jours, pour tenter de faire face à la situation d'urgence, la direction de cet établissement a appelé en renfort les personnels paramédicaux retraités. Une trentaine d'entre eux ont répondu à l'appel et renforcé bénévolement des équipes au bord du burn-out. «Nous avons trouvé un établissement dans une situation dramatique. Le personnel est totalement dépassé à cause du nombre important de patients qui arrivent quotidiennement», témoigne une infirmière qui a repris son activité dans ces conditions exceptionnelles.
Colère
Quelques heures avant l'arrivée du ministre de la Santé, des citoyens ont organisé un sit-in devant le centre de référence Covid-19 afin de dénoncer les défaillances dans la prise en charge des malades. Le rassemblement a été dispersé par la police.
A Biskra, où la température frôle actuellement les 50°C, la colère des citoyens s'est cristallisée autour du cas de Fares Cherfeddine Choukri, un sociologue de la ville de Biskra, qui a été interpellé lundi par les services de sécurité pour avoir critiqué la prise en charge des malades atteints du Covid-19.
Présenté, hier mercredi, devant le procureur de la République, il est poursuivi pour «incitation à un attroupement non armé».
Remis en liberté, son procès est programmé pour le 12 juillet prochain.
T. H.


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