Invité à animer le 3e café littéraire organisé par l’association Mosaïque à la salle de conférences de la maison de la culture Rédha Houhou de Biskra, le romancier, nouvelliste, critique littéraire et enseignant à l’université Mohamed Khider, Selim Betka, a abordé, hier matin, le thème du roman rustique algérien et de l’image des campagnes et de la vie rurale algériennes dans les œuvres littéraires.
Revenant sur les travaux de Camus, Dib et bien d’autres écrivains ayant décrit dans leurs œuvres la misère, la pauvreté et l’exploitation dont les paysans algériens furent victimes durant la période coloniale, il a rappelé que les écrivains algériens d’expression française avaient permis au monde de connaître les difficultés et les affres de la vie des ruraux et leur profond désir de militer pour une amélioration de leurs conditions de vie.
«Les œuvres produites au début du XXe siècle dénotent d’une propension des écrivains à agir pour une assimilation des Algériens dans la communauté coloniale immigrée ou native. Les histoires mettent en scène des couples mixtes, qui n’arrivent, toutefois pas, à résoudre les apories générées par leur relation finissant souvent très mal. Entre les années cinquante et soixante, il n’en est plus question.
Les écrivains de graphie française laissent transparaître dans leurs productions littéraires les spécificités de leur peuple et surtout des travailleurs de la terre et la révolte de ceux-ci contre l’ordre colonial les maintenant dans l’ignorance, le dénuement et le désespoir. En 1962, on comptait 2% d’intellectuels.
Après l’indépendance, les écrivains comme Malek Haddad, qui se disait orphelin de lecteurs et qui a arrêté d’écrire en français, Boudjedra, qui s’est mis à écrire en arabe, Kateb Yacine, qui s’est investi dans le théâtre en dialecte algérien, avaient-ils un malaise avec la langue française? Sur quoi et pour qui doit-on écrire? se sont-ils interrogés. Seul Dib a continué à produire en français. Sa trilogie, dont L’incendie, est une pièce maîtresse dans la description du vécu et de la réalité des paysans algériens de l’époque demeure une source inépuisable pour cerner la vie rurale», a expliqué le conférencier avant que le débat sur toutes ces questions soit ouvert.
Né en 1963 à Biskra, Selim Betka, ayant à son actif plusieurs livres en arabe, dont des essais, des romans, des nouvelles et une pièce de théâtre, a traduit les articles de Camus consacrés à la condition de la paysannerie kabyle dans les années cinquante.
Humble, pédagogue et d’une grande culture littéraire, il s’est dit encore à la recherche de son propre style d’écriture.
Photo: La salle de conférences de la maison de la culture Rédha Houhou
Hafedh Moussaoui
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Posté Le : 14/12/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Hafedh Moussaoui
Source : elwatan.com du