Algérie

Biskra brûle sous le feu de "smayem"



De nombreuses familles ne disposent même pas d'un climatiseur dont le prix connaît une envolée sans précédent.En plein coronavirus, une chaleur accablante frappe Biskra, la capitale des Zibans ou la Nice saharienne. Des pics atteignant parfois les 50 degrés à l'ombre et dont les effets négatifs se manifestent visiblement aussi bien sur la population que sur l'activité économique. À ces fortes chaleurs annonçant une période de "smayem" encore plus chaudes, qui, selon le calendrier berbère, s'étend sur quarante jours, du 25 du mois en cours au 2 septembre, viennent aussi se rallier, comme c'est de coutume lors de chaque saison caniculaire, des perturbations dans l'alimentation en eau potable et des coupures intermittentes d'électricité dans certains quartiers du chef-lieu de la wilaya dont la population, qui ne peut que s'adapter à la réalité vécue, souffre le martyre.
À Biskra où l'activité agricole est florissante, "la forte chaleur est indispensable, surtout pour la culture des dattes. Sans cette chaleur, le rendement serait insuffisant tant sur le plan qualitatif que quantitatif", explique un agriculteur. Si pour ceux qui se la coulent douce, tout est climatisé, ce n'est nullement le cas pour les défavorisés qui, prenant leur mal en patience, se démènent pour gagner leur pain quotidien.
De nombreuses familles ne disposent même pas d'un climatiseur pour se protéger des pics de chaleur enregistrés cet été. Le prix de ce dispositif d'une extrême nécessité connaît, depuis les tout premiers souffles de sirocco sur Biskra, une envolée sans précédent et, de ce fait, est loin d'être à la portée des petites bourses qui sont contraintes de recourir, entre autres, à une vieille méthode pour réduire un tant soit peu la température très élevée. L'idée consiste à mettre une bouteille remplie d'eau gelée devant un ventilateur en marche pour se procurer un peu d'air frais. Le cas par exemple d'Amar, ce retraité de la Fonction publique, qui essaie tant bien que mal de s'adapter à la situation. "Faute de climatiseur, je me vois dans l'obligation de recourir à ce procédé", nous dira-t-il. Le calvaire quotidien de ce quinquagénaire est partagé par de nombreux chefs de famille. Par ailleurs, les fortes chaleurs ont aussi leur impact sur la productivité des entreprises économiques. Pour que l'activité se poursuive, la plupart des chefs d'entreprise ont procédé à l'aménagement d'horaires de travail à leur personnel.
Les employés commencent généralement leur travail tôt le matin, avant le lever du soleil, pour l'achever en début d'après-midi. Il en est de même pour le service public. Contacté à cet effet, un médecin nous explique les dangers de l'exposition prolongée au soleil en cette période où le thermomètre affiche des températures record. "Continuer de travailler dans ces conditions est très dangereux. Il faut se protéger contre la chaleur pour éviter le risque d'insolation. Nous savons tous que le soleil influe sur la boîte crânienne dont les principaux symptômes sont surtout les céphalées, les nausées... S'exposer longuement aux rayons du soleil entraîne ce que l'on appelle l'hyperthermie cérébrale qui ne disparaît pas sans laisser de séquelles. Pour s'en protéger, il faut que les chefs d'entreprise mettent à la disposition de leur personnel les moyens requis à cet effet, particulièrement pour ceux travaillant sur des chantiers, qui sont les plus exposés à l'insolation. Ces ouvriers doivent être équipés de casques, de casquettes ou autres. Ces moyens de protection s'avèrent une priorité, car il y va de leur vie", recommande notre interlocuteur. Les habitants de Biskra sont également exposés au quotidien à des insectes nuisibles qui, sous l'effet de la chaleur suffocante, sortent à la recherche d'humidité et d'endroits frais à proximité des habitations, et ce, pour faire encore d'autres victimes, notamment dans les régions les plus reculées, où le cadre de vie des citoyens laisse encore à désirer. Il y a, à peine une semaine, un enfant de 4 ans est décédé après avoir été piqué par un scorpion. Il convient de rappeler dans ce contexte que la wilaya de Biskra est considérée comme foyer endémique de prolifération de cet insecte. Des centaines de piqûres scorpioniques entraînant parfois des décès y sont annuellement enregistrées.
Une réalité amère face à laquelle la population locale appelle pour la énième fois les autorités locales à changer de cap quant aux campagnes de sensibilisation et de prévention contre l'envenimation par piqûre de scorpion.
Elle appelle essentiellement à la généralisation de l'éclairage public, au bitumage des rues et ruelles, et à l'intensification des opérations de ramassage des ordures et des déchets ménagers qui constituent un des facteurs fondamentaux favorisant la prolifération de ces arachnides.
H. BAHAMMA


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