Algérie

Birmanie : Le diktat de son généralissime



Le généralissime Than Shwe, au pouvoir depuis1992, a maintenu la Birmanie sous le régime de la peur, renforçant le poids de l'armée, accentuant le repli du pays sur lui-même et étouffant l'aspiration démocratique incarnée par sa pire ennemie, Aung San Suu Kyi. Than Shwe (76 ans) « prend toutes les décisions majeures » et a « ouvertement utilisé » l'affaire John Yettaw, ce mormon américain qui s'est invité chez Aung San Suu Kyi, pour « punir » encore l'opposante qui devait théoriquement être libérée fin mai, relève Win Min, analyste birman basé en Thaïlande. Début juillet, Than Shwe avait catégoriquement refusé de laisser Mme Suu Kyi rencontrer le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, venu spécialement en Birmanie. En septembre 2007, il n'avait pas hésité à réprimer brutalement d'imposantes manifestations contre la vie chère conduites par des moines bouddhistes (31 morts, 74 disparus, selon l'ONU) et à faire condamner plus de 300 personnes, la plupart à de lourdes peines de prison. En mai 2008, le chef de la junte avait bloqué pendant quinze jours l'accès de travailleurs humanitaires étrangers aux rescapés du cyclone Nargis (138.000 morts) et osé convoquer un référendum constitutionnel pour légitimer la prééminence des militaires au pouvoir depuis 1962.Les analystes s'accordent à dire que le « procès-spectacle » intenté à Aung San Suu Kyi pour avoir enfreint les règles de son assignation à résidence, visait à écarter la lauréate du prix Nobel de la paix du paysage politique avant les élections de 2010 censées aboutir, selon Than Shwe, à une « démocratie disciplinée ». Le généralissime qui, dit-on, fulmine à chaque fois qu'il entend le nom de Aung San Suu Kyi, est qualifié par ses détracteurs de « dictateur mégalo, xénophobe et paranoïaque », profondément influencé par l'astrologie. Il a des rêves de grandeur qu'il a réalisés avec Naypyidaw (« Demeure des Rois »), nouvelle capitale édifiée à 400 km au nord de Rangoun, au milieu de nulle part. « Than Shwe est un dirigeant malin, au sens paysan du terme. Il a fait ses classes dans la guerre psychologique et s'il a gouverné si longtemps, c'est qu'il a su jouer sur les divisions internes et internationales », explique un diplomate. Soumis à des sanctions américaines et européennes, le régime a oeuvré à des rapprochements avec la Chine, l'Inde et la Thaïlande, intéressées par les ressources naturelles birmanes, en particulier le gaz. Mais Than Shwe a accentué le repli de la Birmanie sur elle-même, alors que les voisins du Sud-Est asiatique faisaient profiter les populations du développement économique. En 2004, il limoge pour corruption son Premier ministre, le général Khin Nyunt qui avait eu des discussions soutenues avec elle.


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