C?est très conventionnel, l?UGTA, «syndicat de la stabilité» comme l?a qualifié, sans humour, son secrétaire général, rencontre le gouvernement pour une nouvelle «bipartite». Officiellement, il s?agit d?examiner le dossier de la grille des salaires dans la fonction publique. On sait que l?UGTA n?est plus seule dans la fonction publique, mais les habitudes politiques ayant la vie dure, elle restera «l?unique» représentant de ce monde-là. Le gouvernement aimant la «stabilité», il ne peut que continuer à octroyer le monopole au «syndicat de stabilité» qui lui n?aime guère les «déstabilisateurs inconscients du monde du travail». Le fait est que, même s?ils ne se sentent pas représentés par l?UGTA, tous les personnels de la fonction publique seront concernés par ce qui sortira de la rencontre. A titre d?exemple, le CNES qui dit ne pas disposer d?information sur la nouvelle grille des salaires et du nouveau système de rémunération, prévoit de discuter du résultat de la bipartite, en conseil national, le 4 septembre prochain.Même si l?on critiquera le résultat de la bipartite, l?UGTA est bien le représentant forcé de toute la fonction publique. Théoriquement, cela devrait la rendre plus attentive à ce que disent les syndicats autonomes pour ne pas être en trop flagrant décalage. Les autonomes sont donc à l?affût et on peut s?attendre à ce qu?ils ne laisseront pas passer l?occasion de démontrer que la «représentation» qu?on impose aux personnels de la fonction publique n?est pas à la hauteur. Et des arguments ne manquent pas. Quand un ministre de l?Agriculture fait valoir que le prix de la pomme de terre est moins cher en Algérie qu?en France, les braves universitaires algériens ont plus de légitimité à ne pas accepter qu?ils soient trois fois moins payés que leurs collègues du Maroc. Et, c?est une évidence, la comparaison avec le Maroc est infiniment plus raisonnable qu?avec la France. La seule chose juste dans cette mauvaise comparaison est que l?on achète les produits de consommation à l?équivalent euro mais que l?on est payé en dinar dévalorisé. D?ailleurs, une des pistes défendues pour stopper la dégradation du pouvoir, y compris au sein du patronat, serait une appréciation du dinar. Autre question: à quel niveau de revalorisation irait-on pour que les cadres de la fonction publique ne poursuivent pas leur fuite vers le secteur privé. La logique du «prix de la patate moins chère qu?en France» voudrait qu?ils soient aussi bien payés dans la fonction publique que chez le privé. Mais cette logique, appliquée par exemple aux enseignants universitaires, a du mal à passer. Les mesures d?autorité pour limiter la liberté de mouvement des cadres constituent un indicateur éloquent. Au-delà de la question des cadres, dont l?importance est cruciale, il y a une question plus large: quel serait un salaire décent dans l?Algérie de 2007 ? Personne ne croit que le salaire minimum «revalorisé» qui est à 12.000 dinars a quelque chose à voir avec la décence. Des calculs pondérés et guère excessifs établissent le salaire «décent» à 25.000 dinars. Ce n?est pas énorme. De quoi acheter, en 2007 du moins, des patates en Algérie sans avoir à faire de comparaison douteuse avec son prix en France.
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Posté Le : 03/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com