Algérie

Biographie Salim Halali



Biographie Salim Halali
Salim (Simon, pour l’état-civil) Halali (1920-2005) incarne à la perfection l’éclectisme d’une scène maghrébine arabophone des années 1940-70, fusionnant avec bonheur traditions du bled, clichés moyen-orientaux et variété internationale de l’époque. Juif de l’Est algérien, Salim est nourri de musique arabo-andalouse quand il se fait découvrir vers 1938 par le ténor du genre, l’Algérois Mahieddine Bachtarzi (1897-1986), premier muezzin de la Grande Mosquée de Paris, et est adoubé par un autre Algérois parisien, Mohamed el Kamel (Mohamed Hamel, 1919-1956), alors futur star du musical-hall algérien qui lui écrira ses premières chansons, toutes des succès.

L’art arabo-andalou et ses dérivés malouf, hawzi, aroubi, sont mis au diapason du flamenco, de la sévillane, du tango, des musiques tsiganes, du bebop, des rumba et autre tempos sensuels de Cuba, à coups de derbouka, violon, oud, ney, târ. Un style que vont développer d’autres crooners juifs comme l’Algérois Lili (Elie) Boniche (1921-2008) et Blond-Blond (Albert Rouimi, 1920-1999) et où Salim culmine avec Ma yiddishe mama. Mais, il s’imposera davantage avec le répertoire populaire marocain, en s’installant dès 1949 à Casablanca, d’où il reprend des standards comme Sidi h’bibi et Dour biha chibani. Ces deux rengaines ont sans doute gagné leur postérité autant par le chant rythmé, leur cadence hypnotique, que par la liesse audible de leur enregistrement en public.

Rétrospective contrastée, la présente archive de la collection Trésors de la chanson judéo-arabe révèle des morceaux moins connus, correspondant aux diverses périodes de l’artiste, à l’exemple des réminiscences arabo-andalouses telles les chansons Alach ya ghzali ou Nlaguik ellila qui prennent des airs de music-hall égyptien. Mahanni ezzine est une rengaine que n’aurait pas niée Cheb Khaled. Chanté en français, Méditerranéen correspond à la période variété hexagonale exotique (1960), que va bien exploiter un ancien instituteur de Constantine, Gaston Ghrenassia, futur Enrico Macias. Le final orchestral de Méditerranéen, aux accents de Maurice Ravel, ne renie pas ses origines ensoleillées.

Salim donne surtout sa mesure sur deux titres où on découvre qu’il a probablement maîtrisé un jour les avatars semi-savants de l’arabo-andalou, des parenthèses nostalgiques, surréalistes. On imagine aisément comment ces morceaux traditionnels échauffaient à l’heure des rappels la saudade de ses concitoyens exilés. L’euphorie et la liesse évidentes de Ya kalbi consacrent un véritable don pour l’interprétation du hawzi. Son chant évoque fugitivement Cheikh Raymond (1912-1961), maître juif du malouf, appellation du raffinement arabo-andalou dans le Constantinois. La voix de Salim y est galvanisée par la félicité exubérante que dégagent habituellement les refrains de ce style. Le public ne s’y trompe pas, et la magie opère à nouveau superbement sur Ahna jinak.


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